PARIS: Le collectif opposé à la proposition de loi "Sécurité globale" a dénoncé jeudi l'interdiction par la préfecture d'une "marche des libertés" prévue samedi à Paris, les syndicats de journalistes boycottant en réponse une invitation du Premier ministre à les rencontrer.
Le défilé prévu samedi de République à Bastille a été interdit pour éviter notamment la propagation du coronavirus, selon l'arrêté préfectoral, qui autorise toutefois un rassemblement place de la République.
Le SNJ, premier syndicat de journalistes, évoque un procédé "inacceptable, alors que des marches sont autorisées dans d'autres villes en France".
La coordination "Stop loi Sécurité globale", dont il fait partie aux côtés d'autres syndicats de la profession, mais aussi d'ONG et d'associations comme la Ligue des droits de l'homme (LDH), a toutefois décidé de maintenir cette marche et l'a expliqué dans une lettre au préfet de police de Paris, Didier Lallement.
"Nous irons et nous marcherons pour défendre" la "liberté", parce que "le monde nous regarde", lui écrivent les signataires, conscients des "risques" encourus après les "coups" reçus lundi par des journalistes et des manifestants lors de l'évacuation musclée d'un camp de migrants, Place de la République.
Mais "nous ne nous rendrons pas" à "l'invitation de Monsieur le Premier Ministre", qui devait recevoir des représentants de la presse ce jeudi à 17h00, trois jours après l'échec de discussions avec le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
Contactée par l'AFP, la secrétaire générale du SNJ, Dominique Pradalié, a précisé que l'interdiction de la marche n'était pas la seule raison du boycott des syndicats.
Selon elle, Matignon refuse de recevoir les membres de la coordination représentant les citoyens tels que la LDH. Cela revient "à isoler les journalistes alors qu'on ne se bat pas pour les journalistes mais pour le droit d'informer et d'être informé", a-t-elle expliqué.
La proposition de loi "Sécurité globale" et son très controversé article 24, qui vise à pénaliser la diffusion malveillante de l'image des policiers, a été adoptée en première lecture à l'Assemblée nationale mardi, avant son examen au Sénat.
La mobilisation contre le texte ne cesse cependant de grossir: mercredi, le Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM) a à son tour réclamé le retrait de l'article 24, invoquant de "lourdes menaces sur la liberté d'informer".