RAMALLAH: La police israélienne a arrêté 10 personnes mercredi en relation avec un carnage meurtrier perpétré par des colons dans une ville palestinienne de Cisjordanie occupée.
Les arrestations ont eu lieu après trois jours d'inaction à la suite de l'incident de lundi à Hawara, où un Palestinien est mort alors que des centaines de colons incendiaient des voitures et des maisons. Des évènements qui ont suscité des critiques sans précédent de la part du chef militaire israélien, le plus haut placé dans la région.
Le major général Yehuda Fuchs, chef du commandement central de l'armée israélienne, a déclaré que ses forces s'étaient préparées à l'éventualité d'une attaque de colons, mais qu'elles avaient été surprises par l'intensité de la violence.
Il a indiqué que le saccage était un incident «honteux» perpétré par des contrevenants à la loi qui «n'ont pas agi selon les valeurs avec lesquelles j'ai grandi, ni selon les valeurs de l'État d'Israël, ni selon les valeurs du judaïsme.»
«L’incident à Hawara était un pogrom perpétré par des hors-la-loi», a-t-il affirmé. «Nous n'étions pas préparés à un Pogrom de cette ampleur, avec plusieurs dizaines de personnes.»
Pogrom est un mot qui décrit un acte organisé de violence de masse visant un groupe ethnique ou religieux particulier. Ce terme a été utilisé pour désigner les attaques ethniques collectives contre les Juifs en Europe de l’Est au XIXe et au début du XXe siècle.
«Nous sommes actuellement dans une période sans coordination sécuritaire avec l'Autorité palestinienne. Nous verrons ce qui se passera dans les prochains jours», a ajouté Fuchs.
Les magasins de Hawara sont restés fermés mercredi, sur ordre de l'armée, au milieu d'une forte présence militaire israélienne.
En visite dans la ville, le Premier ministre palestinien, Mohammed Chtayyeh, a déclaré que les arrestations n'étaient pas suffisantes. «Nous assistons à un crime organisé perpétré par le gouvernement israélien et exécuté par les colons.»
Le maire de Hawara, Mueen al-Dumaidi, a déclaré à Arab News que Chtayyeh était venu faire le point sur la situation et évaluer les dégâts. Les personnes qui ont perdu leurs biens lors des attaques des colons demandent une compensation de l'Autorité palestinienne, notamment de nouvelles maisons. Chtayyeh a formé un comité pour évaluer les pertes et a promis que le gouvernement aiderait les gens dans la mesure de ses capacités.
«Il y a 52 familles dont les maisons ont été complètement brûlées, 40 voitures ont été incendiées, en plus de la destruction des biens de la municipalité, de deux camions et d'un bulldozer», a dévoilé Al-Dumaidi.
Il a mentionné que l'armée israélienne avait divisé la ville en cinq zones de sécurité et interdit aux habitants de se déplacer entre ces zones. Des troupes ont été déployées sur les toits le long de la rue principale pour empêcher les affrontements entre Palestiniens et colons.
Les gens étaient saisis par la peur et la panique, a révélé Al-Dumaidi, et les colons avaient tenté d'attaquer une maison mercredi. «Maintenant, après que le monde a condamné l'échec de l'armée israélienne à empêcher les colons d'attaquer les Palestiniens, les Israéliens admettent leur erreur», a-t-il noté.
Il a qualifié la situation à Hawara de «terrible», précisant que l'armée israélienne a divisé la ville en cinq zones de sécurité et interdit aux résidents de se déplacer entre elles. Des troupes sont déployées sur les toits le long de la rue principale de la ville afin de prévenir toute friction ou tout affrontement entre les résidents et les colons.
Les Palestiniens ont formé des comités de protection à Hawara qui restent éveillés toute la nuit pour protéger les maisons et les biens de la ville contre de nouvelles attaques. Al-Dumaidi a affirmé que le travail des membres du comité est de prévenir les résidents de toute attaque, et non de s'engager dans un combat.
Entre-temps, des sources palestiniennes et israéliennes ont exprimé leurs craintes de voir la violence éclater à nouveau en Cisjordanie avant le début du mois sacré du Ramadan, qui commence dans environ trois semaines.
Amer Hamdan, un militant des droits de l'homme de Naplouse, a déclaré à Arab News qu'il avait remarqué un changement apparent dans le comportement de l'armée israélienne envers les Palestiniens depuis l'arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement israélien de droite fin décembre. Les soldats tolèrent les attaques des colons contre les Palestiniens, a-t-il évoqué.
«Si l'armée avait l'intention d'agir, elle agirait rapidement et traiterait fermement les colons avant qu'ils ne puissent commettre leurs incendies criminels», a-t-il ajouté.
Hamdan a confié qu'il évitait de se rendre à Ramallah depuis les dernières attaques de colons, de peur d'être pris pour cible par des colons ou des soldats aux points de contrôle militaires qui jalonnent la route.
«Je ne veux pas être le prochain martyr», a-t-il poursuivi.
Par ailleurs, les forces israéliennes ont fait une descente dans la communauté bédouine de Humsa, dans le gouvernorat de Tubas, au nord de la vallée du Jourdain, et ont démoli des maisons, selon Moataz Bicharat, responsable de la zone.
Hussein al-Cheikh, chef du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine, a déclaré que le projet de loi sur la peine de mort pour les prisonniers palestiniens reconnus coupables de terrorisme, qui passe par la Knesset israélienne, reflète une approche imprégnée de «racisme et de pensée coloniale». Cette loi soutenue par le gouvernement a été adoptée en lecture préliminaire par le Parlement israélien mercredi.
Al-Cheikh a affirmé que la partie qui devrait être jugée pour ses crimes est l'occupation, et non le peuple qui souffre sous les occupants et leur oppression.
La faction ultranationaliste du Pouvoir juif du ministre de la Sécurité publique, Itamar Ben-Gvir, a fait la promotion du projet de loi sur la peine de mort comme moyen de dissuader les éventuels agresseurs palestiniens, après une flambée de violence de plus d'un an qui ne montre aucun signe d'apaisement.
Ses détracteurs assurent que la peine de mort est immorale, contraire aux principes juifs et qu'elle n'aura aucun effet dissuasif.
Le projet de loi autoriserait la peine de mort pour une personne ayant tué un Israélien «comme un acte motivé par le racisme ou l'hostilité envers le public» et «dans le but de nuire à l'État d'Israël et à la renaissance du peuple juif sur sa terre».
Limor Son Har-Melech, le législateur ultranationaliste des colons qui a proposé ce projet de loi, a déclaré à la radio publique Kan qu’«il est juste et très moral que quelqu'un qui assassine des Juifs, simplement parce qu'ils sont Juifs» soit condamné à mort.
Le projet de loi a été adopté par un vote de 55-9 en lecture préliminaire. La plupart des membres de l'opposition, ainsi que certains des alliés ultra-orthodoxes de Netanyahou, n'étaient pas présents lors du vote.
(Avec AP)
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com