PARIS: «Ce que la Palestine apporte au monde» est le titre de l’exposition programmée du 16 mai au 1er octobre 2023 à l’Institut du monde arabe (IMA). À l’initiative d’Elias Sanbar – écrivain, ancien ambassadeur de la Palestine à l’Unesco et président du conseil d’administration du Musée national d’art moderne et contemporain de la Palestine –, avec la collaboration de l’artiste Ernest Pignon-Ernest, quelque quatre cents œuvres seront exposées à l’IMA à l’occasion du 75e anniversaire de la Nakba. Cette collection est composée de dons d’artistes.
Selon les organisateurs, cet événement donnera «un aperçu de l’effervescence culturelle et artistique que la Palestine ne cesse de provoquer et d’entretenir». Le président de l’IMA, Jack Lang, évoque la vitalité du peuple et des artistes palestiniens. «Vivant en Palestine ou hors de la Palestine, les artistes palestiniens sont exceptionnels et nous souhaitons les mettre en valeur. Le peuple palestinien a en lui des talents, de l’énergie, de la créativité et de l’espérance», affirme-t-il.
Constitué de deux collections modernes et contemporaines, l’une du Musée national de la Palestine et l’autre du musée de l’IMA, l’événement proposera aussi le Musée des nuages, un projet virtuel porté par un collectif d’artistes composé de plasticiens et d’habitants de Gaza. «Ces expositions sont liées par un fil que je pense essentiel, celui de la vitalité de la culture et du peuple palestinien qu’on pense sorti de scène», nous explique Elias Sanbar, commissaire général de l’exposition. Selon lui, il s’agit de véhiculer «l’idée d’un pari sur l’avenir», car, précise-t-il, ces expositions sont axées sur la Palestine actuelle et sur celle qui va venir. «Celle qui vient est annoncée précisément par toutes ces créativités d’artistes et les manifestations que nous allons montrer. […] Cet événement important en termes de manifestation et d’exposition n’est pas consacré à l’histoire palestinienne proprement dite. Ce n’est pas la première fois que la Palestine est présente dans cette institution [l’IMA, NDLR], mais elle a pris une impulsion nouvelle depuis la présidence de Jack Lang», ajoute-t-il.
Palestine fantasmée et Palestine réelle
Les organisateurs expliquent qu’un autre chapitre sera consacré à l’exposition de photographies anciennes et contemporaines. «Nous allons mettre en vis-à-vis de magnifiques images colorisées du XIXe siècle, jamais exposées en France, qui sont la quintessence du regard orientaliste d’un pays fabriqué, inventé de toutes pièces – une vision bien sûr dominante tout au long de ce siècle – face à un ensemble d’images d’artistes palestiniens contemporains dont les œuvres créées évoquent la terre réelle avec beaucoup d’autodérision et d’humour», précise Elias Sanbar.
Marion Slitine est anthropologue de l’art, spécialiste de la sociologie urbaine, chercheuse à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et commissaire associée de l’exposition. Elle nous révèle que l’intérêt de ces photographies réside dans «la mise en regard entre des photographies représentant une terre complètement fantasmée, mythifiée et orientaliste qui reproduit des clichés de la Palestine avec des photographies d’artistes femmes et hommes de Gaza, de Cisjordanie, de Jérusalem et de la diaspora». Elle poursuit: «Ces derniers ont voulu créer à partir de la relation aux territoires et à la terre – une terre réelle où ils habitent et qui, grâce à leur créativité, offre une image assez nouvelle, alternative et très différente de ce que l’on peut voir de la Palestine.»
De juin à septembre 2023, l’exposition proposera un programme culturel très varié avec l’organisation de concerts, de colloques, d’ateliers, de projections cinématographiques et de rencontres littéraires.