WILMINGTON : Joe Biden a averti mercredi que les Américains n'accepteraient pas que sa victoire à la présidentielle américaine ne soit pas respectée tandis que Donald Trump continuait de crier, sans preuve, à la fraude, en appelant ses partisans à « inverser » le résultat du scrutin.
Un à un, les Etats-clés certifient leurs résultats. Un à un, les recours en justice de l'équipe Trump échouent, parfois rejetés avec impatience par les juges, faute de fondement.
Mais rien n'y fait.
Donald Trump continue de nier publiquement sa défaite annoncée le 7 novembre, un refus sans précédent dans l'histoire politique américaine. Alors même qu'il a donné lundi son feu vert au processus de transfert du pouvoir vers son successeur.
Dans une curieuse scène, le milliardaire républicain s'est adressé mercredi à travers un haut-parleur de téléphone à des sénateurs républicains de l'Assemblée locale de la Pennsylvanie.
« Nous devons inverser cette élection », a-t-il déclaré. Les démocrates « ont triché. Ça a été un scrutin frauduleux ».
Les résultats de cet Etat-clé ont été certifiés officiellement mardi en faveur de Joe Biden. Aucune fraude massive n'a été démontrée lors de la présidentielle du 3 novembre. Et aucun doute ne pèse sur le fait que le démocrate deviendra le 46e président des Etats-Unis le 20 janvier.
« En Amérique, nous avons des élections libres et justes, et nous en respectons les résultats. Les habitants et les lois de ce pays n'accepteront pas autre chose », a lancé Joe Biden presque en même temps, depuis sa ville de Wilmington, dans le Delaware.
Se posant en rassembleur, il a une nouvelle fois voulu marquer le contraste avec celui qui dirige encore le pays. Le président élu donnait une allocution avant la grande fête de Thanksgiving dans un cadre solennel et traditionnel. A l'image de sa future présidence dont il a promis qu'elle renouerait avec la "normale".
« Vous voulez des solutions, pas des cris. De la raison, pas de l'hypersectarisme. De la lumière, pas des flammes », a-t-il martelé.
Flynn gracié
Rien ne figurait en revanche à l'agenda officiel de Donald Trump mercredi mais dans la matinée, il avait été envisagé qu'il se rende en personne à Gettysburg, en Pennsylvanie, pour y retrouver son avocat haut en couleur Rudy Giuliani.
L'annulation à la dernière minute de ce déplacement a encore alimenté l'image d'une fin de mandat chaotique. Renforcée par son intervention à travers un téléphone tenu à bout de bras au micro de son avocat, lors d'une audition organisée par des républicains dans une salle de conférence d'hôtel mal éclairée.
« Trump, Trump, Trump », s'est écrié le public.
Mais Donald Trump apparaît de plus en plus isolé dans le camp républicain, y compris chez les grandes voix médiatiques conservatrices, dans son "combat" contre le résultat officiel.
Il a peu après annoncé, sur Twitter, gracier son ancien conseiller à la Sécurité nationale Michael Flynn, qui avait plaidé coupable en 2017 d'avoir menti au FBI au sujet de ses contacts avec un diplomate russe.
Equipe économique
Malgré son déni, Donald Trump a autorisé lundi soir l'ouverture du processus de transfert du pouvoir. Et bien que les deux hommes ne se soient toujours pas parlé, Joe Biden avance vers le Bureau ovale.
Concrètement, ce feu vert a permis à l'équipe Biden de commencer à recevoir des informations de première main de la part de l'administration Trump.
Un élément crucial pour permettre au démocrate d'organiser une arrivée sans trop d'accrocs à la Maison Blanche alors que le pays est aux prises avec plusieurs crises: la pandémie de Covid-19, qui a fait plus de 260.000 morts et terrassé l'économie, mais aussi un mouvement historique de protestation contre le racisme.
Les premières réunions concernant la pandémie ont eu lieu mercredi, selon l'équipe Biden. Et ce dernier devrait finalement avoir accès aux informations classées secret défense lundi.
Il est d'usage que le président élu reçoive ces briefings quotidiens peu après l'annonce de sa victoire.
« Nous n'allons pas être aussi en retard que nous le pensions », a tempéré Joe Biden sur NBC mardi, soulignant qu'il lui restait deux mois pour se préparer.
« L'Amérique est de retour » sur la scène mondiale après quatre années d' « Amérique d'abord » prônée par Donald Trump, avait-il martelé en présentant, mardi, les premiers grands noms de son futur gouvernement. Dont Antony Blinken, ancien de l'administration de Barack Obama qu'il a choisi comme prochain chef de la diplomatie.
De nouveaux grands noms du gouvernement Biden seront annoncés la semaine prochaine, dont son équipe économique.