Les nouveaux pouvoirs de colonisation de l'extrémiste israélien Smotrich provoquent l'indignation des Palestiniens

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avec Bezalel Smotrich (Reuters)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avec Bezalel Smotrich (Reuters)
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Publié le Samedi 25 février 2023

Les nouveaux pouvoirs de colonisation de l'extrémiste israélien Smotrich provoquent l'indignation des Palestiniens

  • Une déclaration en 14 points publiée par le politicien d'extrême droite comprenait une affirmation selon laquelle «la législation sur toutes les questions civiles (de colonisation) sera traitée en conformité avec la loi israélienne»
  • Mustafa Barghouti, de l'Initiative nationale palestinienne, a déclaré à Arab News qu'Israël «annexait la Cisjordanie et laissait les colons faire ce qu'ils voulaient aux Palestiniens»

RAMALLAH : Les Palestiniens ont exprimé leur inquiétude et leur indignation après que l’on ait confié à un ministre d’extrême droite la responsabilité politique des colonies juives en Cisjordanie occupée. Il a déclaré qu’il utiliserait cette dernière afin d’aligner leur statut juridique sur celui des communautés en Israël.

Le ministre des Finances Bezalel Smotrich s'est vu confier un rôle de supervision au sein du ministère de la Défense sur les questions relatives aux colons, dans le cadre de son accord de coalition avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Une déclaration en 14 points publiée par Smotrich, après avoir convenu d'une répartition des responsabilités avec le ministre de la Défense Yoav Gallant, comprenait une affirmation selon laquelle «la législation sur toutes les questions civiles (de colonisation) sera traitée en conformité avec la loi israélienne»

L'accord signifie que Smotrich a le pouvoir d'étendre les colonies, de légaliser les avant-postes et de démolir les maisons palestiniennes.

Nabil Abu Rudeineh, porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas, a déclaré : «Toute implantation est illégale et toute tentative d'Israël de légaliser ou d'annexer ces implantations est rejetée, constituant une violation des résolutions internationales.»

Mustafa Barghouti, secrétaire de l'Initiative nationale palestinienne, a déclaré à Arab News : «Nommer Smotrich à ce poste et lui donner ces pouvoirs, signifie qu'Israël annexe la Cisjordanie et laisse les colons faire ce qu'ils veulent aux Palestiniens.»

Il a déclaré que Smotrich et un autre homme politique d'extrême droite, le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, sont désormais responsables de tous les mécanismes politiques qui affectent la vie et les biens des Palestiniens, y compris l'administration civile, la sécurité intérieure, le financement des colonies, le contrôle de la Mosquée Al-Aqsa, les gardes-frontières et les prisons israéliennes.

Il a ajouté : «Il s’agit d’une déclaration de guerre aux Palestiniens.»

 Shawan Jabarin, le directeur d'Al-Haq, une organisation palestinienne de défense des droits de l'homme, a déclaré à Arab News : «Nous avons toujours dit qu'Israël annexait la Cisjordanie, et maintenant l'annonce officielle de cette annexion est arrivée.»

Plus de 650 000 colons juifs vivent en Cisjordanie. Ce nombre devrait augmenter à 1 million d’ici 2030.  Smotrich lui-même possède une maison dans la colonie de Kedumim, à l'est de Qalqilya. Les colonies israéliennes sont concentrées dans la zone C, qui représente environ 60 % de la Cisjordanie.

Pour les Palestiniens, il s’agit d’une menace existentielle parce que les colons s’emparent souvent de leurs terres, leurs pâturages et leurs ressources en eau par la force. La propagation des colonies en Cisjordanie nuit au rêve de 56 ans des Palestiniens pour un état indépendant.

Des sources politiques palestiniennes ont déclaré à Arab News que les colons israéliens, enhardis par la nomination de Smotrich, ont intensifié leurs attaques contre les Palestiniens et leurs propriétés en Cisjordanie.

Mercredi, le Conseil supérieur de planification israélien a approuvé la construction de 1 000 unités de colonies à Gush Etzion, au sud de Bethléem. Vendredi, des colons ont arraché 70 plants d'oliviers à Al-Khader, au sud de Bethléem. Ils ont également détruit des infrastructures agricoles et déraciné des arbres fruitiers.

Vendredi , des protestants palestiniens ont été attaqués par les forces israéliennes dans le village de Ramon à l’est de Ramallah. Un Palestinien a été blessé par une balle en caoutchouc.

Le même jour, des colons ont chassé des bergers palestiniens dans une zone à l'est de Khirbet Al-Farisiya, dans le nord de la vallée du Jourdain. Aref Daraghmeh, un militant des droits de l’homme, a déclaré que les colons attaquaient les bergers presque quotidiennement et relâchaient leur bétail sur les terres agricoles, causant des dégâts et des pertes importants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 

 

 


En Tunisie, un décret présidentiel contre les « fausses informations» menace les libertés

Le président tunisien Kais Saied s'adresse aux journalistes après avoir voté aux élections locales de 2023 dans la localité de Mnihla, dans la province de l'Ariana, à la périphérie de Tunis, le 24 décembre 2023. (Photo, AFP)
Le président tunisien Kais Saied s'adresse aux journalistes après avoir voté aux élections locales de 2023 dans la localité de Mnihla, dans la province de l'Ariana, à la périphérie de Tunis, le 24 décembre 2023. (Photo, AFP)
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  • En un an et demi, plus de 60 personnes parmi lesquelles des journalistes, des avocats et des opposants à M. Saied ont fait l'objet de poursuites au nom du décret 54
  • La liberté d'expression était considérée comme le principal acquis de la Révolution de 2011 qui a fait chuter le dictateur Zine El Abidine Ben Ali

TUNIS: La multiplication des poursuites judiciaires en Tunisie contre des journalistes et personnalités publiques depuis la publication d'un décret visant à combattre ce que le gouvernement considère comme de "fausses informations" est devenu une "menace" pour la liberté d'expression encourageant "l'autocensure", déplorent des ONG et des professionnels des médias.

Le 13 septembre 2022, le président Kais Saied a promulgué le "décret 54" qui punit de jusqu'à cinq ans de prison quiconque utilise les réseaux d'information et de communication pour "rédiger, produire, diffuser (ou) répandre de fausses nouvelles (...) dans le but de porter atteinte aux droits d'autrui ou de porter préjudice à la sécurité publique".

La même peine peut être appliquée en cas de diffusion "de nouvelles ou de faux documents (...) visant à diffamer d'autres personnes, de porter atteinte à leur réputation, de leur nuire financièrement ou moralement". Le temps de détention double "si la personne visée est un agent public", selon le décret controversé.

En un an et demi, plus de 60 personnes parmi lesquelles des journalistes, des avocats et des opposants à M. Saied ont fait l'objet de poursuites au nom du décret 54, affirme à l'AFP le président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Zied Dabbar.

En dépit de ses objectifs officiels, ce "décret-loi n'a par exemple jamais été appliqué aux cas de cyberattaques", note-t-il.

Pour le célèbre chroniqueur radio Haythem Mekki, le texte vise "à faire taire les voix indésirables au pouvoir, ce qui explique les multiples poursuites lancées contre des personnes qui n'ont fait que critiquer les autorités".

Objet lui-même d'une enquête sur la base du décret 54 pour une publication sur l'état de la morgue de l'hôpital de Sfax (centre), ce journaliste estime que le texte a "réussi à intimider les milieux médiatiques et gravement affecté la liberté d'expression".

"On n'ose quasiment plus critiquer le président, ni en faire un objet de satire alors qu'à un moment on avait des guignols (des marionnettes humoristiques, ndlr) pour tous les responsables de l'Etat", constate-t-il. "La chape de plomb est là et pèse lourd", déplore M. Mekki.

La liberté d'expression était considérée comme le principal acquis de la Révolution de 2011 qui a fait chuter le dictateur Zine El Abidine Ben Ali. Mais depuis le coup de force en juillet 2021 du président Saied, par lequel il s'est octroyé tous les pouvoirs, plusieurs ONG et l'opposition ont déploré un recul des droits et libertés.

"Climat de peur" 

Selon l'ONG américaine Human Rights Watch, le pouvoir tunisien utilise ce décret "pour étouffer et intimider un large éventail de critiques".

Pour le professeur en science de l'information, Sadok Hammami, "ce décret-loi n'est pas du tout une réponse à la désinformation ni aux +fake news+ puisqu'il vise plus particulièrement des personnalités publiques et politiques".

"Le climat actuel décourage les professionnels des médias et instaure une atmosphère de peur, de censure et d'autocensure", selon lui.

"Aujourd'hui, les gens craignent de s'exprimer pour ne pas subir les foudres du décret 54", confirme à l'AFP Hamza Belloumi, un animateur de télévision vedette.

Son émission hebdomadaire qui dévoile des affaires de corruption ou des sujets sociaux sensibles, s'appuyait sur les témoignages de personnes "qui avaient le courage de parler, mais sont beaucoup plus réticentes aujourd'hui". "Soit elles n'acceptent pas de parler, soit elles réclament des garanties d'anonymat", regrette-t-il, soulignant avoir "énormément réduit" le nombre de reportages.

Même si "l'idée du texte était motivée par une bonne volonté, son utilisation est mauvaise. Il est devenu un instrument pour museler la parole", ajoute-t-il.

Fin février, 40 députés ont déposé une demande au Parlement pour réviser le décret mais son examen est "entravé par le président" de la Chambre, accuse le président du SNJT.

L'avocat et militant politique Ayachi Hammami, poursuivi depuis janvier en vertu du décret après une intervention radiophonique sur la situation des magistrats, déplore "une instrumentalisation des lois pour frapper fort les voix opposantes, les écarter et faire peur aux Tunisiens".

"Il est temps de réviser ce décret surtout à l'approche de la présidentielle (prévue à l'automne, ndlr) qui exige le plus grand niveau de solidarité entre les acteurs médiatiques, politiques et socio-économiques", abonde le député indépendant Mohamed Ali.

 

 


Une offensive israélienne sur Rafah «pourrait conduire à un bain de sang» selon le chef de l'OMS

Des enfants réagissent alors qu'ils fuient suite aux bombardements israéliens à Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 29 avril 2024, dans le contexte du conflit en cours dans le territoire palestinien entre Israël et le groupe militant Hamas. (AFP)
Des enfants réagissent alors qu'ils fuient suite aux bombardements israéliens à Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 29 avril 2024, dans le contexte du conflit en cours dans le territoire palestinien entre Israël et le groupe militant Hamas. (AFP)
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  • Pour l'heure, l'armée israélienne continue de bombarder la ville, où le Premier ministre Benjamin Netanyahu veut lancer une offensive terrestre pour «anéantir » selon lui les dernières brigades du Hamas
  • Les Européens, l'ONU et les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ont tous demandé avec force à M. Netanyahu de renoncer à une offensive terrestre sur la ville

GENÈVE: Une offensive terrestre de l'armée israélienne sur la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, "pourrait conduire à un bain de sang", a mis en garde le chef de l'Organisation mondiale de la santé vendredi sur le réseau social X.

"L'OMS est profondément préoccupée par le fait qu'une opération militaire à grande échelle à Rafah, Gaza, pourrait conduire à un bain de sang et affaiblir davantage un système de santé déjà à genoux", écrit Tedros Adhanom Ghebreyesus, à propos de la ville où sont massés 1,2 million de Palestiniens venus y chercher refuge.

Pour l'heure, l'armée israélienne continue de bombarder la ville, où le Premier ministre Benjamin Netanyahu veut lancer une offensive terrestre pour "anéantir" selon lui les dernières brigades du Hamas, mouvement qu'il considère comme terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.

Les Européens, l'ONU et les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ont tous demandé avec force à M. Netanyahu de renoncer à une offensive terrestre sur la ville.

Outre le coût en vies humaines, une offensive serait "un coup dur pour les opérations humanitaires dans l'ensemble de la bande de Gaza" car Rafah "est au coeur des opérations humanitaires", a averti vendredi le porte-parole du Bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, à Genève.

Le 7 octobre, une attaque de commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

En représailles à l'attaque du Hamas, l'armée israélienne a lancé une offensive de grande envergure -aérienne puis terrestre- dans la bande de Gaza qui a fait jusqu'à présent 34.622 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

 

 


La Sûreté publique saoudienne publiera samedi les instructions pour obtenir le permis d’entrée à La Mecque avant la saison du Hajj

La Direction générale de la sûreté publique d’Arabie saoudite a annoncé qu’elle publierait samedi des instructions à l’intention des résidents souhaitant obtenir l’autorisation d'entrer à La Mecque avant le début de la saison du Hajj. (Photo, AFP)
La Direction générale de la sûreté publique d’Arabie saoudite a annoncé qu’elle publierait samedi des instructions à l’intention des résidents souhaitant obtenir l’autorisation d'entrer à La Mecque avant le début de la saison du Hajj. (Photo, AFP)
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  • La Direction générale des passeports a déclaré qu’elle avait commencé à délivrer des permis d’entrée électroniques pour les travailleurs à La Mecque
  • Tout résident saoudien souhaitant obtenir un permis doit présenter une demande auprès des autorités compétentes

RIYAD: La Direction générale de la sûreté publique d’Arabie saoudite a annoncé qu’elle publierait samedi des instructions à l’intention des résidents souhaitant obtenir l’autorisation d’entrer à La Mecque avant le début de la saison du Hajj, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Elle a par ailleurs expliqué que tout résident saoudien souhaitant obtenir un permis doit présenter une demande auprès des autorités compétentes et a indiqué que ceux qui n’obtiennent pas les permis nécessaires se verront interdire l’accès à la Ville sainte.

La Direction générale des passeports a également déclaré avoir commencé à délivrer des permis d’entrée électroniques pour les travailleurs à La Mecque afin de simplifier les procédures d’entrée pour les résidents pendant la saison du Hajj.

Le service numérique, accessible via la plate-forme en ligne Absher et le portail Muqeem du ministère de l’Intérieur, permettra à ceux qui souhaitent obtenir un permis d’entrée de soumettre leurs documents en ligne sans avoir à se rendre en personne dans les bureaux de passeports.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com