Une «revenante» de Syrie devant les assises à Paris

Après Douha M., la cour d'assises spéciale jugera jeudi et vendredi une autre "revenante" de 32 ans, Amandine L., qui a séjourné plus de cinq ans en zone irako-syrienne (Photo, AFP).
Après Douha M., la cour d'assises spéciale jugera jeudi et vendredi une autre "revenante" de 32 ans, Amandine L., qui a séjourné plus de cinq ans en zone irako-syrienne (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Samedi 25 février 2023

Une «revenante» de Syrie devant les assises à Paris

  • Douha M. doit répondre pendant trois jours d'association de malfaiteurs terroriste (AMT) criminelle entre 2013 et 2017
  • Selon les déclarations de ses proches, la jeune femme s'était rapidement radicalisée dans les mois précédant son premier départ

PARIS: Un premier départ en Syrie fin 2013, un second à l'été 2015 et plusieurs tentatives entre les deux: une djihadiste se présentant comme "repentie" comparaît à partir de lundi devant la cour d'assises spéciale de Paris pour avoir rejoint les rangs du groupe Etat islamique.

Le 14 novembre 2021 au petit matin, Douha M. s'extirpe de sa cellule de la maison d'arrêt de Fresnes où elle avait creusé un trou à l'aide d'une cuillère et d'un couteau, descend du deuxième étage grâce à une corde tressée de draps et d'effets personnels, puis escalade un premier mur depuis la cour de promenade. Elle est finalement appréhendée par le personnel sur le chemin de ronde de la prison.

Ce n'est pas pour cette rocambolesque tentative d'évasion que l'accusée de 32 ans se trouvera dans le box lundi – une procédure judiciaire distincte est en cours –, mais il est certain que cet acte planera sur les débats.

Pour l'accusation, il montre la "détermination" intacte de la jeune femme, quatre ans après son expulsion de Turquie avec son enfant et son incarcération en France. Sa défense l'explique par les refus répétés de la justice de lui accorder une remise en liberté avant son procès.

Douha M. doit répondre pendant trois jours d'association de malfaiteurs terroriste (AMT) criminelle entre 2013 et 2017, pour deux séjours en Syrie et en Irak entrecoupés de tentatives répétées de rallier cette zone.

Selon les déclarations de ses proches, la jeune femme s'était rapidement radicalisée dans les mois précédant son premier départ.

Elle passe des heures à regarder des vidéos sur Internet, décide d'arrêter ses études de sage-femme et part vivre chez ses grands-parents au Maroc. C'est de là qu'elle entame, alors qu'elle n'a pas encore 23 ans, son premier périple vers la Syrie, à travers l'Espagne, la France et la Turquie.

Dans ce pays, elle rencontre son premier mari, un passeur, et pose comme condition à leur mariage de rejoindre la Syrie. Le couple séjournera environ deux mois, à partir de novembre 2013, à Atma, ville syrienne proche de la frontière turque.

«Pas de danger»

Pendant l'instruction, Douha M. dit être partie pour des raisons "humanitaires", bien qu'elle reconnaisse aussi avoir voulu intégrer un camp d'entraînement pour femmes.

Ce premier séjour est écourté par une grossesse compliquée. Après quelques semaines en Turquie, la jeune femme rentre en France au printemps 2014, où elle accouche d'un garçon qui meurt le lendemain.

Ensuite, pendant une année, Douha M. tente à plusieurs reprises de regagner la Syrie, depuis la France, la Mauritanie, le Maroc ou la Macédoine, mais elle est à chaque fois refoulée par les autorités turques.

Elle parviendra finalement à passer en Syrie à l'été 2015, avec son nouveau mari tunisien et le fils de ce dernier, âgé de quelques mois, grâce à la carte d'identité dérobée à sa mère et aux bijoux volés à sa belle-mère pour financer le voyage.

Selon les investigations, pendant que son mari combat au sein du groupe Etat islamique (EI), Douha M. exerce une activité de sage-femme, en Irak et en Syrie. Elle donne naissance à une fille, en septembre 2016, à Raqqa.

Puis elle quitte l'EI fin 2016 et rejoint une ville sous contrôle de l'Armée syrienne libre (ASL) avant de passer en Turquie en mars 2017, où elle est arrêtée.

Après plusieurs mois en centre de rétention, elle a été expulsée vers la France.

Douha M. a expliqué sa fuite par sa remise en cause de "Daech" (acronyme de l'EI, en arabe), une "secte" de "tyrans".

"Ces trois jours de procès vont permettre de décrypter les véritables ressorts de son parcours et de démontrer qu'à l'heure actuelle elle ne représente pas de danger pour la société", affirme son avocat, Me Joseph Hazan.

Après Douha M., la cour d'assises spéciale jugera jeudi et vendredi une autre "revenante" de 32 ans, Amandine L., qui a séjourné plus de cinq ans en zone irako-syrienne. Elle avait été dans les camps de Roj et d'Aïn Issa sous le contrôle des forces kurdes. Elle avait été expulsée vers la France avec d'autres femmes fin 2019.


Nucléaire iranien : Paris dit être «en contact étroit» avec Washington

Short Url
  • "Au vu des récentes annonces concernant l'ouverture de négociations entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire iranien, le ministre a rappelé l'engagement de la France et exprimé son soutien à tout effort diplomatique
  • Jean-Noël Barrot s'est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Marco Rubio, mercredi soir

PARIS: La France est "en contact étroit" avec les Etats-Unis sur le dossier du nucléaire iranien et soutient les efforts diplomatiques américains, a déclaré jeudi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, après une conversation entre les chefs de la diplomatie des deux pays.

"Au vu des récentes annonces concernant l'ouverture de négociations entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire iranien, le ministre a rappelé l'engagement de la France et exprimé son soutien à tout effort diplomatique visant à parvenir à un accord solide et durable", a dit Christophe Lemoine.

Jean-Noël Barrot s'est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Marco Rubio, mercredi soir.

Aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, partisan d'une ligne très dure, le président américain Donald Trump avait créé la surprise en annonçant lundi que les Etats-Unis étaient engagés dans des discussions "directes" avec l'Iran, alors que ces deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 45 ans.

Mercredi, il avait ensuite souligné qu'une action militaire n'était pas exclue. "S'il faut recourir à la force, nous recourrons à la force", avait-il lancé. "Israël y sera bien évidemment très impliqué, il en sera le chef de file".

Cette menace survient à quelques jours de discussions qui doivent avoir lieu samedi dans le sultanat d'Oman et auxquelles participeront l'émissaire américain pour le Moyen-Orient Steve Witkoff ainsi que le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.

Interrogé sur le niveau de coordination entre les Américains et les Européens qui ont, quant à eux, des discussions en format E3 (Allemagne, France, Royaume Uni) avec l'Iran, le porte-parole du Quai d'Orsay est resté évasif.

"Nous sommes en lien étroit avec nos partenaires américains. Nous continuerons à discuter avec eux", a-t-il affirmé, se refusant à dire si les Européens avaient été informés en amont des négociations menées par Washington.

Christophe Lemoine a par ailleurs répété que l'objectif était que l'Iran ne se dote pas de l'arme nucléaire, réaffirmant que "la seule voie est diplomatique".

"Toute initiative visant à amener l'Iran à l'abandon de son programme nucléaire est bienvenue", a-t-il dit, même si la fenêtre est "étroite" pour y parvenir.

Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent depuis des décennies Téhéran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. L'Iran rejette ces allégations et affirme que ses activités dans le nucléaire se limitent à des fins civiles.


France: le blocage de Sciences Po Strasbourg levé par la police

Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.  Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt. (AFP)
Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP. Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt. (AFP)
Short Url
  • C'est la nouvelle présidente de l'université de Strasbourg, Frédérique Berrod, qui a sollicité l'intervention des forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP le service de communication de l'Université
  • Mercredi, Mme Berrod avait appelé à la "levée du blocage"

STRASBOURG: Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.

Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt.

C'est la nouvelle présidente de l'université de Strasbourg, Frédérique Berrod, qui a sollicité l'intervention des forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP le service de communication de l'Université.

Mercredi, Mme Berrod avait appelé à la "levée du blocage".

La décision de maintenir le partenariat entre Sciences Po Strasbourg et la Lauder School of Government de l'Université Reichman en Israël - que les étudiants accusent de soutenir la politique du gouvernement israélien à Gaza - "est prise" et "il me semble, a été la plus démocratique possible", avait-elle observé.

Mardi soir, le conseil d'administration de l'établissement d'enseignement supérieur a approuvé le maintien du partenariat par 16 voix pour, 14 contre et trois abstentions. Il a ainsi décidé de ne pas suivre les conclusions d'un "comité d'examen du partenariat" composé de 10 membres (cinq étudiants et cinq enseignants) mis en place en mars pour tenter de dégager une solution consensuelle et ainsi mettre fin aux blocages qui s'étaient tenus depuis janvier.

Ce comité a préconisé de mettre un terme aux échanges entre l'IEP Strasbourg et la Lauder School of Government, et de rechercher un "partenariat alternatif" avec une autre université israélienne.


Wauquiez et Saint-Pierre-et-Miquelon: «pas de polémique» sur une proposition «déroutante», dit Retailleau

 Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. (AFP)
Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. (AFP)
Short Url
  • Laurent Wauquiez, qui proposait "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) provoquant un tollé au sein de la classe politique, a réagi sur X aux propos de son rival à la présidence
  • "Ce qui est déroutant Bruno, c’est l’incapacité de la France, ministre après ministre, à régler le problème des OQTF et le fait d’accepter passivement que des criminels étrangers soient relâchés dans nos rues"

PARIS: Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon.

"Je ne veux pas en rajouter. Je me suis engagé, quand j'ai déclaré ma candidature, à ne pas polémiquer avec un compétiteur de ma famille politique", a souligné le ministre de l'Intérieur, lors d'une conférence de presse, place Beauvau, sur le bilan de ses six mois en poste.

"Donc je ne polémique pas, pas plus maintenant que demain sur cette cette question, cette proposition qui est à première vue déroutante", a-t-il ajouté. "Mais chacun a le droit en démocratie de s'exprimer et de proposer", a-t-il conclu.

Laurent Wauquiez, qui proposait "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) provoquant un tollé au sein de la classe politique, a réagi sur X aux propos de son rival à la présidence des Républicains.

"Ce qui est déroutant Bruno, c’est l’incapacité de la France, ministre après ministre, à régler le problème des OQTF et le fait d’accepter passivement que des criminels étrangers soient relâchés dans nos rues", a-t-il écrit sur le réseau social, proposant au ministre de l'Intérieur de "travailler ensemble" pour trouver des solutions.

Interrogé lors de sa conférence de presse sur l'hypothèse d'un départ de Beauvau s'il était désigné en mai président des LR, Bruno Retailleau l'a écartée: "Non, j'assume d'être candidat et ministre. Je pourrai assumer demain d'être président d'un parti et d'être ministre de l'Intérieur", a-t-il répondu. "Ce n'est pas ça qui constitue pour moi une butée. Ce qui constituerait une butée, c'est l'impossibilité d'agir ou d'autres éléments, mais nous n'en sommes pas là", a-t-il ajouté.