En Irak, un des plus grands cimetières du monde accueille les âmes depuis 14 siècles

Cette image montre le sanctuaire de l'imam Ali, la figure fondatrice de l'islam chiite, qui sera enterré au cimetière de Wadi-al-Salam dans la ville sanctuaire sacrée de Najaf en Irak, le 10 février 2023. (AFP)
Cette image montre le sanctuaire de l'imam Ali, la figure fondatrice de l'islam chiite, qui sera enterré au cimetière de Wadi-al-Salam dans la ville sanctuaire sacrée de Najaf en Irak, le 10 février 2023. (AFP)
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Publié le Vendredi 24 février 2023

En Irak, un des plus grands cimetières du monde accueille les âmes depuis 14 siècles

  • Pour les chiites, majoritaires en Irak, «être enterré près de l'imam Ali est très important. Ils pensent qu'Ali jouera le rôle d'intercesseur pour ceux qui l'entoureront lors du Jugement dernier»
  • Certains historiens estiment que plus de six millions d'âmes y reposent, une immense majorité d'Irakiens, mais aussi des Iraniens ou des Pakistanais de confession chiite

NAJAF: "Oh mon père!", se lamente Jamil, prostré sur la tombe. Larmes et prières sont le quotidien d'un des plus grands cimetières du monde, dernière demeure de millions de défunts musulmans, dans la ville sainte chiite de Najaf en Irak.

"Je suis triste, bien sûr", admet Jamil Abdelhassan venu de Bagdad pour se recueillir sur la tombe de son père Abdelhassan Qassem, décédé en 2014. "Mais je suis aussi heureux. Je sais que lorsque viendra le jour du Jugement dernier, mon père sera aux côtés de l'imam Ali".

Voilà la raison de tant de ferveur. L'imam Ali, figure fondatrice de l'islam chiite mort en 661, repose dans un mausolée situé près du cimetière de Wadi al-Salam (La vallée de la paix, en arabe), à Najaf, dans le centre de l'Irak.

Ou plus exactement, "depuis que l'imam Ali a été enterré là-bas, les gens ont arrêté d'ensevelir leurs morts dans un autre cimetière de Najaf, celui d'Al-Thawiya, pour les faire reposer à Wadi al-Salam", explique à l'AFP l'historien Hassan Issa al-Hakim.

Pour les chiites, majoritaires en Irak, "être enterré près de l'imam Ali est très important. Ils pensent qu'Ali jouera le rôle d'intercesseur pour ceux qui l'entoureront lors du Jugement dernier", précise-t-il.

9 km2 

Certains historiens estiment que plus de six millions d'âmes y reposent, une immense majorité d'Irakiens, mais aussi des Iraniens ou des Pakistanais de confession chiite.

"Non, c'est beaucoup plus! Mais c'est impossible à quantifier", lance Hassan Issa al-Hakim. "Pendant les guerres et les crises, il y a davantage de décès. On enterre jusqu'à 200 personnes par jour".

Pour se repérer dans cette nécropole de 9 km2, il n'existe aucun plan. "Le cimetière de Wadi al-Salam est un des plus grands au monde", indique une présentation soumise par l'Irak à l'Unesco pour demander l'inscription au patrimoine mondial. Et de rappeler qu'il est "un des plus anciens" du monde musulman, avec des inhumations "qui se poursuivent encore aujourd'hui, depuis plus de 1.400 ans".

L'accumulation de visiteurs venus en voiture provoque parfois des embouteillages sur les avenues qui séparent les carrés, troublant la tranquillité. Mais pas celle d'Ahmed Ali Hamed, 54 ans, venu du sud enterrer sa tante Fatima, décédée "à environ 80 ans".

Autour de lui, une vingtaine de personnes endeuillées. Uniquement des hommes, "car les femmes ne viennent pas pour l'enterrement. Elles lavent la défunte et elles rentrent. C'est la tradition", dit-il. "Les femmes viendront, mais un autre jour".

Enveloppée dans un linceul, la défunte est descendue dans une fosse creusée dans la terre ocre. Le fossoyeur tourne le corps vers La Mecque.

Un colosse réprime un sanglot, puis il se joint à la récitation de la Fatiha, première sourate du Coran aussi psalmodiée à voix basse comme prière des morts. Et c'en est fini. On se lance des "Agoulak akhouya", "écoute-moi, mon frère", dans le dialecte irakien. On grille de fines cigarettes qui rendent la voix rauque.

«Martyr»

Un peu plus loin, la photo d'un jeune homme souriant en uniforme de l'armée irakienne est surmontée d'une légende.

Ici repose "le martyr Ahmed Nasser al-Mamouri. Date du décès: 7 avril 2016", lorsque l'armée irakienne épaulée par une coalition internationale était en pleine guerre pour reprendre au groupe Etat islamique le territoire irakien qu'il occupait.

Car Wadi al-Salam est surtout le reflet des drames qui traversent l'Irak.

Comme la guerre entre l'Irak de Saddam Hussein et l'Iran entre 1980 et 1988. Pour preuve: l'inscription sur la tombe en marbre apprend au visiteur qu'un certain Hassan Karim est mort en 1987, en plein conflit, et qu'il est "martyr", titre conféré notamment à ceux tombés pendant les conflits.

C'est aussi dans ce cimetière que repose Abou Mehdi al-Mouhandis, lieutenant irakien du puissant général iranien Qassem Soleimani. Les deux hommes, grands ennemis de Washington, ont été tués dans un raid américain à Bagdad en janvier 2020.

Plus récemment, la pandémie de Covid-19 a provoqué une surmortalité et donc un surcroît de travail pour Thamer Moussa Hreina, 43 ans dont 20 comme fossoyeur. "Pendant le coronavirus, on a eu 5.000 à 6.000 corps en plus sur une année", assure-t-il.

Autour de lui, à perte de vue, des milliers et des milliers de tombes en rangs serrés surmontées de pierres tombales.

"Pour creuser la tombe, il faut compter 150.000 dinars (environ 100 euros) et pour la pierre tombale, ça va de 250.000 à 300.000 dinars (de 160 à 200 euros)", explique Najah Marza Hamza, responsable d'une entreprise de pompes funèbres.


L'émir du Qatar est le premier dirigeant arabe à se rendre en Syrie depuis la chute d'Assad

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, et Ahmed Al-Sharaa, le président intérimaire de la Syrie. (QNA)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, et Ahmed Al-Sharaa, le président intérimaire de la Syrie. (QNA)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, est arrivé à Damas, en Syrie. (QNA)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, est arrivé à Damas, en Syrie. (QNA)
Ahmed Al-Sharaa a été déclaré président intérimaire de la Syrie lors d'une conférence tenue cette semaine. (QNA)
Ahmed Al-Sharaa a été déclaré président intérimaire de la Syrie lors d'une conférence tenue cette semaine. (QNA)
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  • Le président intérimaire de la Syrie, Ahmed Al-Sharaa, accueille le cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani à l'aéroport de Damas
  • Cette visite marque une reprise significative des relations entre le Qatar et la Syrie, le Qatar étant appelé à jouer un rôle majeur dans la reconstruction

LONDRES : L'émir du Qatar, le cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, est arrivé à Damas jeudi, devenant ainsi le premier dirigeant arabe à se rendre en Syrie depuis l'effondrement du régime de Bachar Assad.

Ahmed Al-Sharaa, déclaré président intérimaire de la Syrie lors d'une conférence mercredi soir, a accueilli le cheikh Tamim à son arrivée à l'aéroport international de Damas.

Le premier ministre syrien Mohammed Al-Bashir, le ministre des affaires étrangères Asaad Al-Shaibani et le ministre de la défense Murhaf Abu Qasra étaient également présents.

Le Qatar a soutenu les factions de l'opposition syrienne pendant les 13 années de guerre civile qu'a connues le pays avant que M. Assad ne quitte Damas pour Moscou au début du mois de décembre.

La visite du cheikh Tamim marque une reprise significative des relations entre le Qatar et la Syrie, le Qatar devant jouer un rôle majeur dans la reconstruction, selon l'agence de presse du Qatar.

L'analyste politique et auteur Khaled Walid Mahmoud a déclaré à la QNA que la visite de Cheikh Tamim était "hautement symbolique et historiquement significative, étant la première d'un dirigeant arabe depuis la chute de l'ancien régime".

La visite pourrait rouvrir les canaux diplomatiques et soutenir une résolution politique durable à Damas, en soulignant les liens étroits du Qatar avec les États-Unis et la Turquie, ainsi que son rôle de médiateur de confiance en Syrie et au Moyen-Orient, a-t-il ajouté.

Le Qatar jouera un rôle crucial dans la reconstruction de la Syrie, en particulier dans des secteurs clés tels que l'énergie, les transports et le logement, qui ont été dévastés par la guerre civile.

Ahmed Qassim Hussein, chercheur au Centre arabe de recherche et d'études politiques, a déclaré à la QNA que la visite de l'émir était le signe d'une évolution du rôle du Qatar dans les sphères politique, économique et sécuritaire de la Syrie.

Le soutien du Qatar aux nouveaux dirigeants syriens dirigés par le président Al-Sharaa, devenu insurgé, s'est manifesté par sa décision de rouvrir l'ambassade à Damas après sa fermeture en 2011.

Il a déclaré que "la visite reflète l'engagement du Qatar à rétablir les relations diplomatiques et à favoriser la coopération avec la Syrie", ajoutant que Doha aide les dirigeants syriens à traverser la phase de transition de la Syrie et à favoriser la stabilité à long terme.


Les Émirats arabes unis inaugurent leur premier avion de combat Rafale de fabrication française à Paris

Le ministère de la défense des Émirats arabes unis a inauguré à Paris son premier avion de combat Rafale de fabrication française. (Capture d'écran/WAM)
Le ministère de la défense des Émirats arabes unis a inauguré à Paris son premier avion de combat Rafale de fabrication française. (Capture d'écran/WAM)
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  • L'accord entre la France et les Émirats arabes unis représente un accord de défense clé entre les deux alliés
  • Les Émirats arabes unis souhaitent renforcer leurs capacités de défense en modernisant leur flotte aérienne

LONDRES : Le ministère de la défense des Émirats arabes unis a inauguré son premier avion de combat Rafale de fabrication française, marquant ainsi un renforcement significatif des capacités des forces armées émiraties.

Le ministère a déclaré jeudi que cette initiative s'inscrivait dans le cadre d'un accord signé avec l'entreprise aérospatiale française Dassault Aviation, soulignant ainsi le solide partenariat stratégique entre Paris et Abou Dhabi.

Le Rafale, de fabrication française, est considéré comme l'un des avions de combat multirôles les plus avancés au monde.

Les Émirats arabes unis entendent renforcer leurs capacités de défense en modernisant la flotte de l'armée de l'air grâce à l'acquisition d'avions de combat Rafale, afin de relever les défis régionaux et mondiaux en matière de sécurité, a rapporté l'agence de presse Emirates News Agency.

La cérémonie de lancement a eu lieu à Paris en présence de Mohamed bin Mubarak Fadhel Al-Mazrouei, ministre d'État des Émirats arabes unis chargé des affaires de défense, et de Sébastien Lecornu, ministre français de la défense.

M. Al-Mazrouei a déclaré que la "stratégie des Émirats arabes unis est axée sur l'acquisition des armes et des systèmes les plus avancés, qui s'adaptent à la nature évolutive de la guerre moderne et aux progrès technologiques, améliorant ainsi l'efficacité de combat globale de notre système de défense national".

L'accord avec Rafale comprendra un programme de formation pour qualifier les pilotes et les techniciens émiratis, garantissant ainsi le niveau de préparation du personnel national, a ajouté WAM.

Le général de brigade Mohamed Salem Ali Al-Hameli, de l'armée de l'air et de la défense aérienne des Émirats arabes unis, a déclaré que l'avion Rafale était doté de technologies avancées pour la reconnaissance et les attaques précises sur des cibles terrestres et maritimes, ce qui en fait un ajout précieux à l'armée de l'air des Émirats arabes unis.

L'accord de 16,6 milliards d'euros (17,3 milliards de dollars) entre les Émirats arabes unis et Dassault Aviation est un accord de défense clé dans les relations franco-émiraties, qui prévoit la production de 80 avions de combat avancés dotés de technologies de pointe.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Algérie : Une experte de l'ONU «profondément déçue» du traitement des défenseurs des droits

 La rapporteure spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme s'est dite "profondément déçue" par le traitement réservé aux défenseurs des droits humains en Algérie, citant nommément plusieurs cas dont celui du journaliste indépendant Merzoug Touati. (AFP)
La rapporteure spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme s'est dite "profondément déçue" par le traitement réservé aux défenseurs des droits humains en Algérie, citant nommément plusieurs cas dont celui du journaliste indépendant Merzoug Touati. (AFP)
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  • Mary Lawlor s'insurge, dans un communiqué, que les défenseurs des droits humains "continuent d’être arrêtés arbitrairement, harcelés par la justice, intimidés et criminalisés en raison de leurs activités pacifiques"
  • L'experte, mandatée par le Conseil des droits de l'homme et qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, a indiqué être "en contact avec le Gouvernement de l’Algérie"

GENEVE: La rapporteure spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme s'est dite "profondément déçue" par le traitement réservé aux défenseurs des droits humains en Algérie, citant nommément plusieurs cas dont celui du journaliste indépendant Merzoug Touati.

Mary Lawlor s'insurge, dans un communiqué, que les défenseurs des droits humains "continuent d’être arrêtés arbitrairement, harcelés par la justice, intimidés et criminalisés en raison de leurs activités pacifiques en vertu de dispositions pénales formulées en termes vagues, telles que 'porter atteinte à la sécurité nationale'".

L'experte, mandatée par le Conseil des droits de l'homme et qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, a indiqué être "en contact avec le Gouvernement de l’Algérie".

Elle a mis en exergue le cas de Merzoug Touati "l’un des cas les plus alarmants que j’ai récemment examinés", a souligné Lawlor, qui s'est rendue en Algérie fin 2023.

Selon l'experte, M. Touati a été détenu à trois reprises depuis 2024.

"Lors de sa dernière arrestation en août 2024, sa famille aurait été victime de mauvais traitement. Il aurait ensuite subi des tortures physiques et psychologiques durant sa garde à vue pendant cinq jours. Il continue d’être harcelé par la justice, même après sa libération", écrit Mme Lawlor.

Elle juge "tout aussi préoccupante" l’arrestation de trois avocats de défense des droits humains et d’un jeune lanceur d’alerte entre février et juillet 2024 Toufik Belala, Soufiane Ouali et Omar Boussag ainsi que Yuba Manguellet.

Lawlor a également attiré l’attention sur le cas du Collectif des Familles de Disparu(e)s, une organisation créée pendant la guerre civile algérienne des années 1990 pour faire la lumière sur les disparitions forcées.

Selon l'experte, les membres de l’association, dont beaucoup sont des mères de personnes disparues, ainsi que leur avocate, "auraient été malmenés et sommés de quitter les lieux à ces occasions".

"Je tiens à répéter que j’ai rencontré presque tous ces défenseurs des droits de l’homme", a déclaré la Rapporteure spéciale.

"Aucun d’entre eux ne s’engageait de quelque manière que ce soit dans des actes de violence. Ils doivent tous être traités conformément au droit international des droits de l’homme, que l’Algérie est tenue de respecter", insiste t-elle.