«J'ai visé sa tête et je n'ai pas pu» au procès de l'attaque du Thalys la version du tireur

Croquis du tribunal dans la salle d'audience. (AFP)
Croquis du tribunal dans la salle d'audience. (AFP)
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Publié le Jeudi 26 novembre 2020

«J'ai visé sa tête et je n'ai pas pu» au procès de l'attaque du Thalys la version du tireur

  • Ce 21 août 2015, après avoir pris un café à la gare de Bruxelles, le Marocain monte dans le train Amsterdam-Paris, muni d'une kalachnikov et de trois cents munitions
  • «Je regardais les gens autour, j'ai vu des femmes, des hommes âgés... J'ai hésité. Puis j'ai repéré les Américains»

PARIS : «J'ai visé sa tête... et je n'ai pas pu». Au procès de l'attentat déjoué du Thalys, le principal accusé Ayoub El Khazzani a livré mercredi sa version des faits, un scénario confus d'attaque qui ne visait selon lui que des soldats américains mais qu'il n'a pas été capable de mener à bout.

Ce 21 août 2015, après avoir pris un café à la gare de Bruxelles, le Marocain monte dans le train Amsterdam-Paris, muni d'une kalachnikov et de trois cents munitions. Il agit sur ordre d'Abdelhamid Abaaoud, arrivé avec lui en Europe depuis la Syrie pour piloter la cellule jihadiste qui coordonnera aussi les attentats de novembre 2015 à Paris et de mars 2016 à Bruxelles.

«Je me suis assis à ma place. J'ai commencé à chercher les gens dont il m'avait parlé, des soldats américains, des gens de la Commission européenne. Honnêtement, c'était pour les tuer», raconte l'accusé, 31 ans, en veste de sport blanche, les mains croisées devant lui.

«Je regardais les gens autour, j'ai vu des femmes, des hommes âgés... J'ai hésité. Puis j'ai repéré les Américains», poursuit-il.

- «Comment vous les avez reconnu ?», demande le président.

- «Abaaoud m'avait expliqué que c'était des jeunes, costauds, qu'ils parlaient anglais».

- «C'est tout ?»

- «Oui».

- «C'est quand même très léger», note, sceptique, le président, qui n'obtiendra pas non plus de réponses sur «la Commission européenne» qu'Ayoub El Khazzani avait aussi pour ordre de cibler.

«Je n'ai pas pu»

«J'ai pris la décision d'attaquer les soldats américains», continue l'accusé via une interprète. Il cherche sur internet un chant religieux. Abdelhamid Abaooud m'avait dit ça va te donner l'envie, la détermination», ajoute-t-il.

«Je suis parti aux toilettes, j'étais en pleine hésitation... Je me disais +je vais tuer des gens+, j'étais dans un état... comme si j'allais me jeter d'une falaise», continue Ayoub El Khazzani, qui décrit son «cœur qui bat dans la gorge». «J'ai ouvert la valise, mis mon sac à dos (rempli de munitions) devant moi, mon pistolet à la ceinture et ma kalachnikov dans la main. Je tremblais».

Quand il sort des toilettes, il se retrouve nez à nez avec Mark Moogalian, professeur d'anglais à la Sorbonne. «Il m'a souri. Quand j'ai vu son sourire, ça m'a rappelé que ce sont des gens, des humains que je vais tuer». 

Il lui fait «un signe de la tête pour qu'il parte». Mais le passager attrape la kalachnikov alors Ayoub El Khazzani sort son pistolet et lui tire dans le dos. «Je visais la main», soutient-il, «c'était un réflexe».

Au premier rang dans la salle d'audience, M. Moogalian, gravement blessé lors de l'attaque, écoute la tête baissée, la main dans celle de sa femme.  

Ayoub El Khazzani dit ensuite repérer Spencer Stone, le soldat de l'armée de l'air américaine en vacances avec des amis. «J'ai visé sa tête... Je n'ai pas pu. Je ne peux pas vous expliquer, c'était trop (...) je l'ai laissé m'attraper». 

Plusieurs témoins ont assuré l'avoir vu armer son fusil d'assaut et entendu des déclics métalliques.

L'accusation affirme qu'Ayoub El Khazzani a été empêché de commettre un massacre dans le train à cause de munitions défectueuses et de l'intervention des passagers qui l'ont maîtrisé.

 «Marionnette»

Sur les détails de l'opération, le pourquoi des 300 munitions s'il ne visait que quelques passagers, El Khazzani exaspère. «Je ne sais pas», «je n'ai pas demandé», «c'est un trou noir», «c'est Abaaoud qui m'a dit de»... répond-il mollement. «C'était plutôt Abaaoud qui s'occupait de la logistique?», demande son avocate Sarah Mauger-Poliak. «Oui». «Il n'aimait pas trop qu'on lui pose des questions ?». «Non, il me disait le minimum».

«Vous êtes une marionnette en fait», résume le président.

L'avocat général prend la parole : «En garde à vue, on vous demande +avez-vous des informations sur la préparation d'un attentat en France?+, vous répondez +Je ne sais pas+». 

«Je ne savais pas», dit El Khazzani depuis le box. 

«Si, vous saviez ce qu'ignoraient tous les services d'enquête le 25 août», rétorque l'avocat général en haussant le ton. «Qu'Abdelhamid Abaaoud n'était plus en Syrie mais dans une planque à Bruxelles, avec des complices et des armes. Si vous aviez parlé, il n'y aurait pas eu 130 morts à Paris», trois mois plus tard, en novembre.

El Khazzani : «Je sais, je le regrette».

 


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".