BEYROUTH: Un juge libanais a engagé jeudi de nouvelles poursuites contre le gouverneur de la Banque centrale Riad Salamé, déjà au coeur de plusieurs enquêtes judiciaires dans le pays en plein effondrement financier.
Riad Salamé, son frère Raja et son ancienne assistante Marianne Hoayek sont notamment poursuivis pour "détournement de fonds publics" et "blanchiment d'argent", a indiqué une source judiciaire.
C'est la première fois que des poursuites sont engagées contre lui dans le cadre de l'enquête locale sur la base d'investigations menées par des magistrats européens.
Le gouverneur de la Banque du Liban (BDL) est déjà la cible d'une série d'enquêtes judiciaires, aussi bien dans le pays qu'à l'étranger, liées à des soupçons de blanchiment d'argent et d'"enrichissement illicite".
En janvier, des enquêteurs de France, d'Allemagne et du Luxembourg ont auditionné à Beyrouth en janvier des responsables du secteur bancaire sur des mouvements de fonds vers plusieurs pays où Riad Salamé dispose d'un important patrimoine.
Fin mars 2022, les trois pays avaient gelé 120 millions d'euros d'avoirs libanais à la suite d'une enquête visant cinq personnes, dont le gouverneur de la BDL.
Les enquêteurs européens s'étaient penchés sur les comptes existants dans les banques privées au nom de Raja Salamé, et sur les mouvements de fonds vers les comptes des deux frères à l'étranger.
Arrêté l'an dernier pour "blanchiment d'argent" et "enrichissement illicite", son frère Raja avait été libéré deux mois plus tard contre une caution d'environ 3,5 millions d'euros, la caution la plus élevée de l'histoire du Liban.
En 2021, le Liban a ouvert une enquête concernant le patrimoine de Riad Salamé, après une demande d'aide du procureur général en Suisse dans le cadre d'investigations concernant plus de 300 millions de dollars de mouvements de fonds opérés par le gouverneur et son frère Raja.
Arrivé à la tête de la BDL en 1993, Riad Salamé, 72 ans, est accusé par de nombreux Libanais, comme une grande partie de la classe politique du pays, de corruption et d'être un des principaux responsables de la grave crise économique et financière que connaît le Liban.
Il nie catégoriquement toutes les accusations à son encontre. Malgré les nombreuses plaintes, convocations, enquêtes et une interdiction de voyager émise à son encontre il y a un an, il refuse de se présenter devant la justice.