Au procès en appel du Mediator, la vie en sursis d'une victime de 68 ans

Des personnes arrivent au jour de l'ouverture du procès en appel des laboratoires Servier dans l'affaire Mediator, devant la cour d'appel de Paris le 9 janvier 2023 (Photo, AFP).
Des personnes arrivent au jour de l'ouverture du procès en appel des laboratoires Servier dans l'affaire Mediator, devant la cour d'appel de Paris le 9 janvier 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 21 février 2023

Au procès en appel du Mediator, la vie en sursis d'une victime de 68 ans

  • «Paquita», comme la surnomment ses proches, a pris du Mediator entre 1995 et 1998, pour soigner son diabète
  • Au début des années 2000, elle commence à être de plus en plus essoufflée

PARIS: Le Mediator, "ça a détruit toute ma vie". Au procès en appel à Paris des laboratoires Servier, Francisca Guardiola, première victime à venir témoigner à la barre, a décrit lundi les dégâts provoqués par ce médicament et l'"angoisse" dans laquelle elle vit désormais.

En veste noire et chemise verte, maquillage soigné, cette femme coquette explique à la sortie de la salle d'audience mettre "beaucoup de volonté" pour que ses souffrances ne "se voient pas".

Mais, à 68 ans, cette habitante du Gard originaire d'Espagne est bien une survivante.

"Paquita", comme la surnomment ses proches, a pris du Mediator entre 1995 et 1998, pour soigner son diabète.

Au début des années 2000, elle commence à être de plus en plus essoufflée. Une échographie détecte une "fuite" d'une des valves du coeur, phénomène qui se produit quand la valve n'arrive plus à se fermer complètement et laisse refluer une partie du sang.

D'abord "moyenne" en 2008, cette fuite devient "sévère" en 2010. Francisca est alors opérée pour remplacer la valve.

On lui pose également un défibrillateur, mais cela s'avère insuffisant pour aider son coeur à fonctionner et, en 2013, elle bénéficie d'une greffe cardiaque.

"Je suis l'unique qui a reçu une greffe du coeur de toutes les victimes du Mediator", explique-t-elle, avec un fort accent espagnol.

«Je suis angoissée»

Après l'opération, elle contracte une méningite et passe "deux mois dans le coma". Au réveil, "je ne marchais plus, je ne parlais plus. J'ai fait de la rééducation quatre mois et demi, et encore j'utilisais un fauteuil roulant", se rappelle-t-elle.

Celle qui était jusqu'en 2010 aide à domicile, "une femme très active", a aujourd'hui "du mal à marcher. Je peux pas dormir la nuit, je suis essoufflée, j'ai du mal à m'habiller. Une infirmière vient tous les jours pour la douche", énumère-t-elle.

Le collège d'experts du fonds d'indemnisation à l'amiable mis en place pour les victimes du Mediator a conclu que les valvulopathies de Francisca "correspondent à des formes d'atteintes décrites par la littérature scientifique comme étant liées (...) à la prise de benfluorex", le nom scientifique du médicament.

Comble de l'ironie, une échographie de suivi lui révèle que son coeur greffé est touché par la même atteinte, très caractéristique: son "donneur a pris du Mediator aussi".

"On me dit que ça ne bougera pas, mais je ne sais pas", confie-t-elle après son témoignage. "Je suis angoissée tout le temps".

Du procès, elle n'attend pas d'argent, car elle a déjà accepté une offre d'indemnisation de Servier.

Mais "je veux qu'ils soient condamnés, pour toutes les personnes qui sont malades". Elle ajoute ne plus supporter d'entendre à la télévision le slogan de Biogaran, filiale de Servier: "chaque jour, agir pour la santé". "C'est pas vrai. Cette publicité, ils devraient l'interdire, là", s'énerve-t-elle.

Commercialisé comme antidiabétique en 1976 mais aussi prescrit indûment comme coupe-faim jusqu'à son interdiction en 2009, le Mediator a entraîné de graves effets cardiovasculaires sur des milliers de patients, dont certains en sont décédés.

Venu témoigner après Mme Guardiola, le cardiologue Christophe Tribouilloy a rappelé qu'une étude qu'il a publiée en 2013 montrait que sur un millier de patients ayant pris du Mediator, 6,8% présentaient une atteinte caractéristique des valves cardiaques, un pourcentage montant à 15% chez ceux qui en avaient pris plus de cinq ans.

Depuis le 9 janvier, la cour d'appel de Paris rejuge Servier et son ex-directeur général, deux ans après la condamnation du laboratoire à 2,7 millions d'euros d'amende pour "tromperie aggravée" et "homicides et blessures involontaires".

Pendant deux semaines, une cinquantaine de victimes viendront témoigner à la barre. Une séquence qui permettra "de rendre un caractère humain à ce procès très technique" et de rappeler que "derrière chaque molécule absorbée ou mal prescrite, il y a des personnes qui en ont souffert", espère Claude Lienhard, avocat de parties civiles interrogé par l'AFP.

Quelque 7 500 personnes se sont constituées partie civile. La plupart espèrent être indemnisées pour le préjudice d'anxiété liée à la "tromperie aggravée". Seuls une centaine de dossiers visent une réparation pour "homicides et blessures involontaires".


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".