PARIS: Répondant à l'appel des partenaires sociaux et au nom du travail, Élisabeth Borne a promis lundi de transcrire dans la loi un accord conclu entre syndicats et patronat sur le "partage de la valeur", qui généralise des dispositifs d'intéressement ou participation dans les entreprises.
"J'en prends l’engagement au nom du gouvernement, nous respecterons le compromis trouvé entre les partenaires sociaux et nous proposerons la transcription fidèle et totale de cet accord dans la loi", a déclaré la Première ministre, en qualifiant cet accord de "très riche" et d'"historique" pour les PME.
Elle s'exprimait devant plusieurs ministres, Bruno Le Maire (Économie), Gérald Darmanin (Intérieur), Olivier Dussopt (Travail), Clément Beaune (Transports) et Olivia Grégoire (PME), et le parti présidentiel Renaissance, lors d'une convention sur ce thème dans les locaux parisiens de Qonto, start-up qui propose notamment des services financiers à destination des petites entreprises.
Cet accord, qui s'étend à toutes les entreprises de plus de 11 salariés et devrait figurer dans le projet de loi sur le "plein emploi" prévu au printemps, est ouvert à la signature des organisations syndicales et patronales jusqu'à mercredi. Deux syndicats, la CFDT et la CFTC, ont déjà annoncé leur intention de le signer.
"Cet accord, c’est d’abord la preuve que malgré le contexte" du conflit entre le gouvernement et les syndicats sur la réforme des retraites, "le dialogue social continue et porte ses fruits", s'est réjouie la cheffe du gouvernement.
«Croche-pied»
Élisabeth Borne a souhaité toutefois que les propositions attendues de Renaissance, si elles sont émises d'ici "l’entrée en vigueur de l'accord national interprofessionnel en 2025", soient "fidèles à l’accord et recueillent l'approbation de l'ensemble des parties signataires".
Le patron des députés MoDem Jean-Paul Mattei, auteur d'un amendement rejeté par l'exécutif pour taxer davantage les "super-dividendes", a jugé "essentiel de coller le plus possible" à l'accord des partenaires sociaux, tandis que Louis Vogel (Horizons) a plaidé pour "une individualisation plus grande" des dispositifs d'intéressement.
Fin novembre, Renaissance avait notamment prôné un dispositif de "dividende salarié" obligatoire pour toutes les entreprises, ainsi qu'une "super-participation" pour les entreprises d'au-moins 50 salariés réalisant des "super-dividendes".
Mais dimanche le patron des patrons, Geoffroy Roux de Bézieux a demandé que le gouvernement "reprenne cet accord" sinon "tout détricotage" serait "un coup de poignard dans le dos des partenaires sociaux".
Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a également demandé lundi à ce que l'accord soit "respecté au Parlement", sinon "ce serait un croche-pied à la démocratie sociale. Il y en a trop eu ces derniers temps pour recommencer".
«Grande démission»
Alors que le gouvernement essaie de faire passer la pilule d'un départ à la retraite à 64 ans, contesté par l'ensemble des syndicats, en se montrant ouvert à des mesures sur la qualité de vie au travail, la Première ministre a également souhaité, "au-delà de la question de la durée de la vie professionnelle", "améliorer la qualité de vie au travail" et "que l'ensemble des salariés ait accès à des perspectives d’évolution".
"Certains (...) font l’éloge de l'oisiveté. Nous, nous savons que c'est par le travail, que nous pourrons financer notre modèle social", a-t-elle insisté.
"Il n'y a pas de grande démission sur le travail, mais de grandes attentes", a abondé M. Le Maire, responsable du pôle idées à Renaissance et à l'initiative de cette convention.
"Il ne faudrait pas que le débat contre la réussite s'impose dans le débat public et empêche les vrais sujets sociétaux d'émerger", a plaidé le secrétaire général de Renaissance Stéphane Séjourné, désireux que "le travail paie plus" et "mieux" surtout "quand les entreprises vont bien" et "mieux".
"Le ministère du Travail doit rester le ministère du dialogue social, même si les circonstances ne sont pas les plus favorables", a plaidé en conclusion Olivier Dussopt, en première ligne sur la réforme des retraites.
M. Le Maire a précisé de son côté qu'il n'était "pas question" que ces dispositifs se substituent aux salaires, "première rémunération".
Le thème du travail sera aussi au centre d'un déplacement du président Emmanuel Macron mardi matin sur le marché de Rungis, "aux côtés de Français qui travaillent tôt", selon l’Élysée.