DUBAÏ: Le musicien, compositeur et chanteur saoudien Talal Maddah était extrêmement connu au Moyen-Orient pour sa voix mélodieuse et sa musique émouvante.
Son talent de chanteur lui a valu les surnoms de «La Voix de la Terre» et de «Gorge d’Or». Talal Maddah a marqué la culture et la musique arabes du XXe siècle d’une empreinte indélébile.
Il était également un joueur d’oud talentueux. Le célèbre musicien égyptien Mohammed Abdel Wahab lui a même donné le surnom de «Ziryab». Ziryab était un artiste de la Cour de Cordoue au début du IXe siècle et un grand musicien de son temps qui a joué un rôle essentiel dans le développement de la musique orientale médiévale.
Talal Maddah est né le 5 août 1940 à La Mecque. Il commence sa carrière à la fin des années 1950 avec la sortie de son premier album Wardak Ya Zaree al-Ward dont la chanson titre était un incontournable de la radio saoudienne à l’époque. Il devient rapidement l’un des chanteurs les plus populaires de son temps, aux côtés d’artistes comme Mohammed Ali Sindi, Fawzi Mhasson et Abdallah Mohammed.
Talal Maddah est le premier chanteur à se produire à la télévision saoudienne et le premier à voir ses performances européennes diffusées à la télévision dans son pays natal.
Au cours de sa carrière, il a sorti plus de quatre-vingts albums et composé des chansons pour de nombreux autres chanteurs arabes de renom, dont Mohammed Abdou, Warda al-Jazairia, Faïza Ahmed, Samira Saïd, Raja Belmalih, Abadi al-Jawhar et Etab. Il s’est même essayé au métier d’acteur, en jouant dans le film La Rue brumeuse en 1965, aux côtés de la chanteuse et actrice libanaise Sabah.
Talal Maddah est mort à l’âge de soixante ans en août 2000 des suites d’une crise cardiaque lors d’une performance en direct dans le cadre de l’émission télévisée saoudienne Al-Methafa.
Dans un entretien accordé à Arab News, son fils, Abdallah Maddah, déclare que la carrière de son père avait connu une dimension particulière en raison de l’amour que ses fans lui portaient.
«C’est l’élément le plus important, même si c’est sa voix qui a fait son succès», souligne Abdallah. «Mais il était très aimé en raison de la manière dont il se comportait avec ses fans et les gens autour de lui. Cela a été déterminant.»
Abdallah, qui a aidé son père dans son travail à plusieurs reprises, affirme que Talal était réputé pour être humble et réaliste.
«Il était dans sa nature d’être une personne simple. Il a consacré sa vie à l’art», ajoute-t-il. «C’est peut-être pour cela que ses fans lui vouaient un si grand amour.»
«Personnellement, quoi qu’il arrive, je le verrai toujours comme mon père avant tout. Ensuite, je le considérerai comme un artiste. C’est très difficile pour moi de juger son art. J’ai grandi en écoutant sa musique», poursuit Abdallah. «On a toujours remarqué qu’il voulait faire de son mieux. Il a toujours voulu faire plaisir à ses fans, même si cela l’épuisait. Il disait: “Ces gens sont là pour m’écouter; je dois donc faire de mon mieux.”»
Abdallah a toujours été intéressé par la musique occidentale. C’est son père qui lui a appris à jouer des instruments arabes et lui a fait écouter de la musique arabe.
«J’ai même suivi des cours d’oud et de violon pour lui, car il jouait de ces instruments. C’est grâce à lui que j’aime la musique et l’art», soutient Abdallah. «Il m’a appris à apprendre.» «Il faut tout apprendre et avoir des connaissances de base dans tout», répétait-il souvent.
Talal est lui-même resté un étudiant passionné tout au long de sa vie, apprenant plusieurs techniques d’oud – arabe, turque et iranienne.
«Il les a toutes écoutées. Il a toujours voulu développer ses compétences», ajoute Abdallah. «C’est probablement l’une des choses qu’il nous a inculquées pour continuer à progresser.»
Les Arabes continuent d’honorer la mémoire de Talal Maddah aujourd’hui. Lors d’un concert organisé à Riyad le 1er février, quarante-trois éminents artistes du monde arabe («Le plus grand rassemblement d’artistes arabes au Moyen-Orient», selon un communiqué de presse) – dont les chanteurs saoudiens Mohammed Abdou et Rabeh Saqer, la chanteuse koweïtienne Nawal al-Kuwaitia, la star émiratie Ahlam, la Syrienne Assala Nasri, l’icône égyptienne Hany Shaker, le crooner tunisien Saber al-Rebai, la Libanaise Nawal al-Zoghbi et la superstar égyptienne Angham – sont montés sur scène pour interpréter des chansons de Talal Maddah.
Le prestigieux événement, organisé par l’Autorité générale pour le divertissement en Arabie saoudite et diffusé en direct sur plus de quarante chaînes à travers le monde arabe, a présenté certains artistes, dont Mohammed Abdou, en train de chanter accompagnés de vidéos de la star décédée projetées sur des écrans.
La famille de Talal Maddah est très fière que l’artiste ait été mis à l’honneur, déclare Abdallah. «Tous les artistes étaient remarquables. C’était vraiment une soirée exceptionnelle, comme l’a souligné le président de l’Autorité générale pour le divertissement, Turki al-Cheikh.»
L'événement comprenait un documentaire dans lequel des poètes, des musiciens et des chanteurs qui ont collaboré avec Talal ont discuté de leurs expériences avec le défunt chanteur.
Certains des ouds les plus précieux de Talal, ses partitions et son passeport étaient également exposés. Le chanteur saoudien Abadi al-Johar, dont le talent a été découvert pour la première fois par M. Maddah, a joué en se servant de l’un de ses ouds pendant le concert.
Abdallah indique à Arab News que plusieurs titres de son père n’avaient jamais été diffusés et que si un artiste propose une interprétation de l’une de ces compositions, «nous voudrions la partager avec le public».
Il déclare: «Il n’y a aucune raison de ne pas s’en servir. Au cours de sa vie, il a tout partagé avec son public. Nous aimerions donc que ses fans écoutent ces chansons.»
«La Voix de la Terre» n’a sans doute pas dit son dernier mot.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com