Le tremblement de terre dévoile le coût humanitaire de l'isolement du régime d'Assad

Une opération des Casques blancs dans la ville de Harim, dans la province syrienne d'Idlib, tenue par l'opposition (Photo, AFP).
Une opération des Casques blancs dans la ville de Harim, dans la province syrienne d'Idlib, tenue par l'opposition (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 18 février 2023

Le tremblement de terre dévoile le coût humanitaire de l'isolement du régime d'Assad

  • Le débat est relancé par la décision des États-Unis d'exempter des sanctions, pour une durée limitée, certaines transactions liées à l'aide aux victimes du tremblement de terre
  • Ce n'est que le 10 février que le gouvernement Assad a approuvé l'acheminement de l'aide humanitaire dans les zones d'opposition

LEEDS, Royaume-Uni: Trois jours après les deux tremblements de terre massifs qui ont frappé le nord-ouest de la Syrie et le sud-est de la Turquie aux premières heures du 6 février, le Trésor américain a annoncé une exemption de sanctions de 180 jours pour «toutes les transactions liées aux efforts d'aide aux victimes du tremblement de terre» envoyées à la Syrie par des donateurs étrangers.

Cette décision relance le débat sur la levée par les États-Unis des sanctions imposées au régime du président Bachar el-Assad en réponse aux allégations selon lesquelles il aurait commis d'horribles crimes de guerre, afin de permettre au pays de commencer à se remettre de plus d'une décennie de destruction et de déplacements.

Le conseiller économique syrien Houmam al-Jazaeri a décrit la décision du Trésor comme un «signal audacieux adressé à la communauté internationale — pays et organisations — pour qu'elle apporte une aide et une assistance tangibles» à la suite des tremblements de terre.

«Cela est évident dans le nombre croissant de pays qui se manifestent, qui ont probablement eu des difficultés à le faire autrement», a révélé Al-Jazaeri à Arab News.

Les sanctions américaines ont été imposées à la Syrie pour la première fois en 1979, lorsque Washington l'a désignée comme un «État soutenant le terrorisme».

Les restrictions ont été renforcées pendant la guerre d'Irak en 2004 et plusieurs autres fois depuis le début de la guerre civile en Syrie en 2011. La loi César, introduite en 2019 pour pénaliser les soutiens financiers et politiques d'Assad à l'étranger, a entraîné les contraintes les plus sévères.

Après 12 ans de guerre civile, plus de 15 millions de personnes en Syrie avaient déjà besoin d'une aide humanitaire avant que les tremblements de terre ne surviennent.

Au 17 février, la mort d'au moins 5 800 personnes a été confirmée en Syrie à la suite de la catastrophe et des dizaines de milliers ont été blessées. L'ONU estime qu'environ 5,3 millions de Syriens se sont retrouvés sans abri.

Les pays arabes ont été parmi les premiers à envoyer des convois d'aide en Syrie et en Turquie dans les jours qui ont suivi la catastrophe, certains d'entre eux l'ayant fait avant même la levée des sanctions. L'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Qatar, le Koweït, Bahreïn, Oman, l'Irak, l'Autorité palestinienne, la Libye, la Mauritanie et l'Algérie ont rapidement apporté une aide financière et des secours humanitaires essentiels.

Après que Washington a annoncé son exemption de sanctions, l'Italie a été le premier pays de l'UE à envoyer de l'aide à la Syrie. Massimiliano D'Antuono, l'envoyé de Rome à Damas, a déclaré que la cargaison de 30 tonnes, arrivée à Beyrouth le 11 février, comprenait des ambulances et d'autres équipements médicaux destinés aux zones tenues par le régime, a rapporté Reuters.

Néanmoins, de nombreux Syriens se sont rendus sur les médias sociaux pour se plaindre du fait qu'ils se sentent abandonnés par la communauté internationale et pour condamner les sanctions. Plusieurs ont partagé des captures d'écran de l'application de suivi des vols FlightRadar24, montrant des vols de secours affluant en Turquie mais pas en Syrie.

«Ce dont nous avons besoin de toute urgence, c'est d'un accès humanitaire total afin de pouvoir répondre aussi efficacement que possible aux efforts de secours en cas de tremblement de terre», a déclaré à Arab News Nicola Banks, responsable du plaidoyer de l'organisation caritative Action for Humanity, basée au Royaume-Uni.

«Cela doit être fait en étroite coopération et coordination avec la société civile et les ONG (organisations non gouvernementales) sur le terrain dans le nord-ouest de la Syrie. Le Conseil de sécurité de l'ONU devrait de toute urgence élargir l'autorisation pour l'ONU de traverser le nord-ouest de la Syrie par des passages frontaliers supplémentaires.» 

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La loi César, introduite en 2019 pour pénaliser les soutiens financiers et politiques du dirigeant syrien Bachar el-Assad à l'étranger, a entraîné les contraintes les plus sévères (Photo, AFP).

Privés du niveau d'aide internationale fourni à la Turquie, les Syriens et les équipes de secours locales ont été contraints de creuser dans les montagnes de décombres à la recherche de survivants, en utilisant uniquement des machines de base et, souvent, à mains nues.

Les habitants des zones contrôlées par le régime ne sont pas les seuls à se sentir exclus. La Défense civile syrienne, mieux connue sous le nom de Casques blancs, qui a dirigé la réponse d'urgence dans les zones tenues par l'opposition, a accusé l'ONU, dans les jours qui ont suivi les tremblements de terre, de ne pas avoir fourni une aide appropriée. 

«L'ONU a commis un crime contre le peuple syrien dans le nord-ouest», a déclaré Raed Saleh, chef des Casques blancs, à l'agence de presse Agence France-Presse (AFP).

Les dégâts causés aux routes et les rigueurs de l'hiver ont entravé les efforts de sauvetage. Le premier convoi d'aide des Nations unies à atteindre le nord-ouest de la Syrie est arrivé le 9 février, trois jours après la catastrophe, et a été accueilli avec déception. Les Casques blancs ont exprimé leur sentiment de frustration et de désespoir dans un fil Twitter, soulignant que l'aide était simplement «l'aide régulière et périodique qui a lieu depuis avant le tremblement de terre».

L'organisation a ajouté: «Il ne s'agit pas d'une aide et d’équipements spéciaux pour les équipes de recherche et de sauvetage et la récupération des personnes piégées sous les décombres.»

Interrogé sur le fait de savoir si les sanctions internationales imposées au régime syrien avaient entravé la réponse humanitaire aux tremblements de terre, Banks a répondu: «Lorsqu'il s'agit de secours en cas de tremblement de terre, les choses sont un peu plus compliquées.»

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Les pays arabes ont été parmi les premiers à envoyer des convois d'aide en Syrie et en Turquie dans les jours qui ont suivi le tremblement de terre, certains avant même la levée des sanctions (Photo, AFP).

Idlib, une zone fortement touchée par le tremblement de terre, est sous le contrôle du gouvernement du salut syrien — un gouvernement alternatif de facto de l'opposition syrienne dans le gouvernorat d'Idlib, formé début novembre 2017.

Banks a affirmé: «Les habitants d'Idlib comptent depuis lors sur l'aide humanitaire, notamment celle d'Action for Humanity. Le gouvernement syrien n'a jamais envoyé d'aide humanitaire dans ces régions et continue de bombarder la zone.»

Khaled Hboubati, chef du Croissant-Rouge arabe syrien, basé à Damas, a récemment souligné que son organisation était prête à acheminer de l'aide dans les zones contrôlées par l'opposition et a exhorté les États-Unis et l'Europe à lever les sanctions imposées au régime syrien afin de faciliter les opérations de secours.

EN BREF

* La Syrie fait l'objet de sanctions américaines depuis 1979, date à laquelle Washington l'a désignée comme un État soutenant le terrorisme.

* La Maison Blanche a renforcé les restrictions pendant la guerre d'Irak en 2004, puis à plusieurs reprises après le début de la guerre civile syrienne en 2011.

* En 2019, le Congrès a approuvé la loi César, pénalisant les soutiens financiers et politiques du président Bachar el-Assad à l'étranger.

Auparavant, Bassam Sabbagh, l'ambassadeur syrien auprès des Nations unies, avait déclaré que l'acheminement de toute l'aide en Syrie, notamment dans les zones échappant au contrôle du gouvernement, devait passer par Damas.

Dans un récent message posté sur Twitter, Charles Lister, directeur du programme de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme à l'Institut du Moyen-Orient, a accusé le régime Assad de profiter de la tragédie pour faire pression en faveur de la levée des sanctions.

«Les sanctions n'ont aucun effet sur l'acheminement de l'aide humanitaire dans les zones de la Syrie contrôlées par le régime d'Assad», a-t-il expliqué.

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Après 12 ans de guerre civile, plus de 15 millions de personnes en Syrie avaient déjà besoin d'une aide humanitaire avant les tremblements de terre (Photo, AFP).

David Romano, professeur de politique du Moyen-Orient à l'université d'État du Missouri, est d'accord pour dire que «l'allègement des sanctions à l'encontre de la Syrie afin de fournir une aide humanitaire urgente n'est pas vraiment nécessaire».

Il a déclaré à Arab News: «Les règles de sanction actuelles prévoient des exceptions pour l'aide humanitaire et ne constituent pas un obstacle à cette aide d'urgence.» Cependant, «le processus de reconstruction très difficile à long terme en Syrie bénéficierait grandement d'un allègement des sanctions.»

D'autres analystes, en revanche, estiment que l'allègement des sanctions ferait toute la différence dans la réponse immédiate au tremblement de terre en Syrie.

Mohammed al-Asadi, économiste chargé de recherche pour le Centre syrien de recherche sur les politiques, basé en Allemagne, a déclaré à Arab News: «L'allègement des sanctions faciliterait absolument la réponse humanitaire au tremblement de terre, depuis les petits dons financiers pour les personnes touchées jusqu'aux grands contrats d'approvisionnement des organisations humanitaires locales.»

«L'exploitation politique de l'aide pourrait être inévitable. Cependant, la réponse humanitaire devrait être prioritaire à ce stade.»

Jusqu'au 13 février, Bab al-Hawa était le seul point de passage à la frontière entre la Turquie et la Syrie qui restait ouvert pour l'acheminement de l'aide des Nations unies vers les zones tenues par les rebelles dans le nord-ouest de la Syrie, où environ 4 millions de personnes dépendent de l'aide extérieure depuis près de dix ans. Au début de la guerre, d'autres points de passage étaient disponibles, mais ils ont été fermés à cause des discussions au sein du Conseil de sécurité des Nations unies pour savoir si l'aide devait être acheminée directement vers les zones tenues par l'opposition ou par l'intermédiaire du régime de Damas.

Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, a salué la décision du régime Assad de rouvrir les postes-frontières de Bab al-Salam et Bab al-Raee afin de faciliter l'acheminement d'une aide supplémentaire à la région via la Turquie.

Cette année, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté à l'unanimité pour renouveler le mandat de l'aide transfrontalière à la Syrie pour six mois supplémentaires, gardant ainsi la seule ligne de vie vers le nord du pays. Plus de 80% de l'aide destinée à cette région a été acheminée par Bab al-Hawa.

Nicola Banks a indiqué que «jusqu'à ce que l'aide puisse accéder de manière fiable aux zones touchées pour soutenir les efforts du tremblement de terre, les organisations locales sont les seuls acteurs à répondre.»

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L'Arabie saoudite (aide saoudienne sur la photo), les Émirats arabes unis, le Qatar, le Koweït, Bahreïn, Oman, l'Irak, l'Autorité palestinienne, la Libye, la Mauritanie et l'Algérie ont rapidement apporté une aide financière et une assistance humanitaire essentielle à la suite du tremblement de terre (Photo, Shutterstock).

Banks a exhorté la communauté internationale à «veiller à ce que les ressources et les financements parviennent aux acteurs locaux sous une forme suffisamment souple.»

Pour l'instant, cependant, la petite fenêtre d'allègement des sanctions offerte par le Trésor américain offre au régime syrien un certain répit dans son isolement paralysant.

Longtemps dépendant de la Russie et de l'Iran pour consolider son économie, son armée et sa position diplomatique, Damas n'a que récemment commencé à faire des progrès vers le rétablissement officiel de ses relations avec la Turquie et la région arabe au sens large.

Selon Al-Jazaeri, les souffrances de la population ne peuvent être soulagées que par «une levée plus large et plus prononcée des sanctions» liée à une solution globale du conflit et à l'isolement mondial de la Syrie.

«Cela pourrait probablement être fondé sur un dialogue renouvelé de toutes les parties afin de faire une percée dans l'ensemble du ‘problème’ de la Syrie», a-t-il ajouté.

Il a soutenu: «Sinon, en l'absence d'une telle démarche, une détérioration plus drastique des moyens de subsistance de l'ensemble de la population et des régions en Syrie serait inévitable.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: un mort dans une frappe israélienne dans le sud

Des personnes inspectent un véhicule incendié qui aurait été touché par une frappe israélienne à Ghazieh, près de Sidon, le 18 avril 2025. (AFP)
Des personnes inspectent un véhicule incendié qui aurait été touché par une frappe israélienne à Ghazieh, près de Sidon, le 18 avril 2025. (AFP)
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  • Une personne a été tuée vendredi dans un nouveau raid israélien visant un véhicule près de la ville côtière de Saïda, dans le sud du Liban
  • Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après deux mois de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne mène régulièrement des attaques au Liban

GHAZIYEH: Une personne a été tuée vendredi dans un nouveau raid israélien visant un véhicule près de la ville côtière de Saïda, dans le sud du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après deux mois de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant viser combattants et infrastructures du mouvement islamiste libanais soutenu par l'Iran.

"Le raid mené par l'ennemi israélien contre une voiture sur la route Saïda-Ghaziyeh a fait un mort", a indiqué le ministère de la Santé.

Après la frappe, le véhicule tout-terrain a pris feu, provoquant un nuage de fumée noire dans le ciel, selon un journaliste de l'AFP sur place. L'armée libanaise a bouclé la zone et les pompiers sont intervenus pour maîtriser les flammes.

La frappe n'a pas été revendiquée dans l'immédiat, mais l'armée israélienne a affirmé avoir tué plusieurs combattants du Hezbollah parmi lesquels des "commandants" cette semaine dans le sud du pays.

Après le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque du Hamas sur le sol israélien, le Hezbollah a ouvert un front contre Israël, tirant des roquettes sur le territoire israélien, disant agir ainsi en soutien aux Palestiniens.

En septembre 2024, le conflit a dégénéré en guerre ouverte avec des bombardements israéliens intenses au Liban qui ont décimé la direction du Hezbollah et fait plus de 4.000 morts, selon les autorités.


Explosion au port de Beyrouth: première comparution d'un ex-ministre

Une photo montre une vue du port de Beyrouth, site d'une énorme explosion qui a dévasté la capitale libanaise trois ans plus tôt, le 22 juillet 2023. (AFP)
Une photo montre une vue du port de Beyrouth, site d'une énorme explosion qui a dévasté la capitale libanaise trois ans plus tôt, le 22 juillet 2023. (AFP)
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  • Un ancien ministre de l'Intérieur a comparu jeudi pour la première fois devant le juge libanais chargé de l'enquête sur la gigantesque explosion au port de Beyrouth en 2020
  • En 2021, le juge Tarek Bitar avait été contraint de suspendre son enquête sur cette explosion qui a fait plus de 220 morts et plus de 6.500 blessés en raison de pressions politiques

BEYROUTH: Un ancien ministre de l'Intérieur a comparu jeudi pour la première fois devant le juge libanais chargé de l'enquête sur la gigantesque explosion au port de Beyrouth en 2020, a indiqué une source judiciaire à l'AFP.

En 2021, le juge Tarek Bitar avait été contraint de suspendre son enquête sur cette explosion qui a fait plus de 220 morts et plus de 6.500 blessés en raison de pressions politiques.

Une série d'actions en justice avaient en outre été intentées contre lui par des responsables politiques et fonctionnaires cités dans l'enquête, notamment l'ancien ministre de l'Intérieur, Nohad al-Machnouk, soupçonné de "négligence et manquements".

Le juge a repris en février ses investigations, après l'élection de Joseph Aoun à la présidence de la République et la nomination d'un Premier ministre réformateur, Nawaf Salam, qui se sont tous deux engagés à garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire.

Selon la source judiciaire qui a requis l'anonymat, l'interrogatoire a porté sur un rapport que M. Machnouk avait reçu le 5 avril 2014, alors qu'il était ministre de l'Intérieur, concernant la "détention d’un navire dans les eaux territoriales libanaises, dont l’équipage avait demandé à être autorisé à reprendre la mer".

Le 4 août 2020, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire a dévasté des pans entiers de la capitale libanaise.

La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium acheminées par navire, malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

Pointées du doigt pour négligence criminelle, les autorités libanaises, qui étaient au courant des dangers encourus, ont rejeté toute enquête internationale.

L'enquête avait notamment été suspendue après les accusations de partialité du juge proférées par le Hezbollah, désormais très affaibli par sa dernière guerre contre Israël fin 2024. Le parti qui dominait la vie politique libanaise avait demandé le renvoi de M. Bitar.

Deux juges de la direction des enquêtes de Paris sont attendus à Beyrouth à la fin du mois, pour présenter à M. Bitar les éléments recueillis par la justice française, trois ressortissants français figurant parmi les victimes, selon une source judiciaire.

Le 11 avril, deux anciens hauts responsables de la sécurité avaient également comparu pour la première fois devant M. Bitar.


Cellule terroriste: Amman partage les détails de l’enquête avec Beyrouth

Le roi Abdallah de Jordanie et le président libanais Joseph Aoun. (AFP)
Le roi Abdallah de Jordanie et le président libanais Joseph Aoun. (AFP)
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  • Beyrouth ne sait pas si des citoyens libanais sont impliqués dans un groupe de fabrication de missiles
  • Les services de renseignement de l'armée arrêtent deux Palestiniens pour contrebande d'armes à la frontière libano-syrienne

BEYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a été informé, mercredi, par le roi Abdallah de Jordanie des résultats de l'enquête sur une cellule de fabrication de missiles découverte en Jordanie. Deux membres de cette cellule avaient été envoyés au Liban pour y suivre une formation.

Selon son bureau de presse, M. Aoun a exprimé la «pleine disposition du Liban à la coordination et à la coopération» entre les deux pays et a chargé le ministre de la Justice Adel Nassar de travailler avec son homologue jordanien, en coopération avec les agences de sécurité et judiciaires, sur les enquêtes et l'échange d'informations.

Une source judiciaire a déclaré à Arab News que les services de renseignement de l'armée libanaise «suivaient de près l'affaire de la cellule terroriste et nous ne savons pas encore si des Libanais sont impliqués».

«Cette agence a demandé à la Jordanie de lui fournir des informations concernant les enquêtes, de s'appuyer sur les enquêtes libanaises et, dans le cas où une implication libanaise serait prouvée, l'affaire serait alors renvoyée à la justice libanaise», a déclaré cette personne.

Parallèlement, les services de renseignement de l'armée libanaise ont déclaré avoir arrêté deux Palestiniens dans la ville de Sidon, dans le sud du pays, pour «commerce et contrebande d'armes militaires à travers la frontière libano-syrienne, et ont saisi plusieurs armes et munitions militaires en leur possession».

Le commandement de l'armée a déclaré que les détenus faisaient l'objet d'une enquête sous la supervision du pouvoir judiciaire.

Les médias ont rapporté que les deux hommes étaient des membres de l'appareil de sécurité du mouvement Hamas à Sidon.

Aucune agence de sécurité officielle n'a confirmé l'existence d'un lien entre les arrestations et la cellule jordanienne.

Mardi, l'agence de presse jordanienne a cité des responsables des services de renseignement qui ont déclaré qu'«une série de complots visant la sécurité nationale du pays ont été déjoués et 16 personnes soupçonnées de préparer des actes de chaos et de sabotage ont été arrêtées».

Les plans prévoyaient la production de missiles à l'aide de matériaux locaux et de composants importés. Des explosifs et des armes à feu ont été découverts, ainsi qu'un missile dissimulé prêt à être utilisé.

Les 16 suspects sont soupçonnés d'avoir participé à la mise au point de drones, d'avoir recruté et formé des individus au niveau national et d'en avoir envoyé d'autres à l'étranger pour qu'ils y poursuivent leur formation.

Selon les déclarations des suspects, deux membres de la cellule – Abdallah Hicham et Muath al-Ghanem – ont été envoyés au Liban pour coordonner leurs activités avec une figure importante de l'organisation et recevoir une formation.

En décembre, l'armée libanaise a lancé un processus de désarmement des factions palestiniennes situées à l'extérieur des camps de réfugiés palestiniens. Ces factions, fidèles à l'ancien régime syrien, étaient principalement basées dans la région de la Békaa, le long de la frontière avec la Syrie, et dans la région méridionale.

Le Premier ministre Nawaf Salam a exprimé «l'entière solidarité du Liban avec la Jordanie dans la lutte contre les complots qui menacent sa sécurité et sa stabilité» et sa «volonté de coopérer avec les autorités jordaniennes en cas de besoin concernant les informations selon lesquelles certaines personnes impliquées dans ces complots ont reçu une formation au Liban», selon son bureau de presse.

Lors du lancement du projet de réhabilitation de la route de l'aéroport de Beyrouth, M. Salam a déclaré que les questions de sécurité sur la route de l'aéroport étaient «en cours d'examen avec le ministre de la Défense Michel Menassa et le ministre de l'Intérieur Ahmed Hajjar».

Au cours des dernières 48 heures, la municipalité de Beyrouth a entrepris des efforts pour retirer des rues de la capitale les drapeaux des partis et les images des politiciens et des chefs de partis, en particulier ceux qui sont associés au Hezbollah.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com