«Le peuple iranien» comme alternative à l'accord sur le nucléaire affirme John Bolton à Arab News

L’ancien conseiller à la sécurité nationale des États-Unis John Bolton est interviewé par Arab News (Capture d'écran).
L’ancien conseiller à la sécurité nationale des États-Unis John Bolton est interviewé par Arab News (Capture d'écran).
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Publié le Mercredi 15 février 2023

«Le peuple iranien» comme alternative à l'accord sur le nucléaire affirme John Bolton à Arab News

  • Selon Bolton, les menaces contre les responsables américains et les dissidents étrangers démontrent «la nature fondamentalement terroriste du régime»
  • Il soutient que l’accord sur le nucléaire de 2015 avec l’Occident permet lui-même à l’Iran «de se frayer un chemin vers les armes nucléaires»

NEW YORK: Depuis qu’un agent du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) a tenté d’assassiner John Bolton en août 2022, l’ancien conseiller à la sécurité nationale des États-Unis et ancien ambassadeur auprès de l’ONU est sous la protection des Services secrets.
«Le fait de se promener en toute liberté est une toute autre vie», affirme Bolton à Arab News dans une interview exclusive de grande envergure. «Mais compte tenu de l’alternative, je suis très reconnaissant de la protection des services secrets.»
Connu pour ses opinions bellicistes sur le régime iranien et réputé être un élément moteur de la stratégie de «pression maximale» de l’ex-président américain Donald Trump, la tentative d’assassinat n’a, en tout cas, fait qu’intensifier les opinions de Bolton.
«C’est une petite raison de plus de vouloir voir le régime remplacé en Iran par un gouvernement qui reflète réellement la volonté du peuple iranien», ajoute-t-il.
L’été dernier, le ministère américain de la Justice a accusé le militaire iranien Chahram Poursafi d’avoir tenté d’assassiner Bolton, probablement en représailles à la frappe de drone de l’administration Trump en janvier 2020 qui a tué Qassem Soleimani, selon des documents judiciaires.
Soleimani était le commandant de la force extraterritoriale Al-Qods du CGRI. Cette unité d’élite est chargée d’exporter la révolution islamique dans tout le Moyen-Orient et au-delà, en recourant à la violence et aux subterfuges pour réaliser les objectifs du régime.
Peu de temps après l’arrestation de Poursafi, le romancier Salman Rushdie a été poignardé à plusieurs reprises alors qu’il s’apprêtait à donner une conférence publique à New York. L’attaque, si elle n’est pas directement liée à l’Iran, a au moins été provoquée par la fatwa lancée par le régime en 1989 contre l’écrivain.
Par ailleurs, à la fin du mois de janvier de cette année, le ministère de la Justice a inculpé trois Iraniens pour une tentative présumée de meurtre de la journaliste américaine d’origine iranienne et militante des droits de l’homme Masih Alinejad, critique virulent des abus du régime.
Lors de son interview avec Arab News, Bolton qualifie de «sans précédent» le niveau des menaces iraniennes à l'égard de responsables américains et d'opposants étrangers au régime.

Des officiers du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) prenant part à un exercice militaire dans la région d’Aras en Iran (Photo, AFP).

«(Ces menaces) démontrent vraiment la nature fondamentalement terroriste du régime lui-même, (et) explique pourquoi on ne peut pas leur faire confiance, concernant l’accord nucléaire ou autre chose, pour qu’ils fassent réellement ce à quoi ils s’engagent.»
Par ailleurs, ce «caractère fondamental» du régime iranien se manifeste «chaque jour dans la répression du peuple iranien et dans les groupes terroristes qu’il soutient dans sa région».
Bolton estime que la campagne d’assassinats ciblés du régime, qui est devenue plus audacieuse depuis le début des manifestations antigouvernementales à l’échelle nationale en septembre, est trop peu remarquée ou reconnue.
«Les gens n’ont pas encore compris que le gouvernement iranien tente systématiquement d’éliminer toute opposition virulente à ses politiques», souligne-t-il.
Les dirigeants occidentaux ont durci leur rhétorique contre l’Iran ces derniers mois, depuis que le régime a lancé une sévère répression des manifestations antigouvernementales.
Les Iraniens descendent dans la rue depuis septembre dernier, date à laquelle Mahsa Amini, 22 ans, est morte sous la garde de la police des mœurs iranienne, déclenchant un mouvement plus large contre le traitement des femmes par la théocratie et la baisse générale du niveau de vie.
Les États-Unis et plusieurs gouvernements européens ont également critiqué Téhéran pour avoir fourni des drones de combat à l’armée russe, qui seraient utilisés contre des installations civiles en Ukraine.
Reflétant la détérioration des relations déjà difficiles entre l’Occident et Téhéran au cours des derniers mois, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’UE ont imposé de nouvelles sanctions à des dizaines de responsables et d’organisations iraniens, dont des unités du CGRI.
Les parties sanctionnées ne peuvent plus se rendre dans l’UE, et les actifs qu’elles détiennent dans l’UE peuvent être gelés. De même, des discussions sont en cours au Parlement européen pour déterminer s’il convient ou non de considérer le CGRI comme une organisation terroriste.
Malgré cela, l’administration Biden et ses alliés européens tentent toujours de relancer l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien, également connu sous le nom de Plan d’action global commun (PAGC), en vue de faire bénéficier l’Iran d’un allègement des sanctions en échange de l’abandon par le régime de son programme nucléaire.

Une photo fournie par le bureau présidentiel iranien en 2021, montrant un ingénieur à l’intérieur de l’usine d’enrichissement d’uranium de Natanz en Iran (Photo, AFP).

Rafael Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a qualifié l’accord sur le nucléaire de «coquille vide», dans le cadre duquel «chaque limite qui existait dans le PAGC a été enfreinte à plusieurs reprises».
L’administration Trump s’est retirée de l’accord en 2018, estimant qu’il n’allait pas assez loin pour maîtriser les ambitions nucléaires du régime, ni son programme de missiles balistiques et les activités des milices alliées dans toute la région.
«Il est clair pour moi que l’administration Biden veut toujours revenir à cet accord», indique Bolton à Arab News.
«Ils peuvent dire que ce n’est pas à l’ordre du jour, que c’est figé. Mais (comme) nous disons en Amérique, il n’est pas encore six pieds sous terre. Il est toujours vivant. Je pense que pour de nombreux membres de l’administration Biden, la résistance que nous observons en Iran aujourd’hui constitue un obstacle à leur objectif supérieur, qui est de revenir à l’accord sur le nucléaire.»
Selon les analystes, laisser la porte ouverte à la diplomatie ne reflète pas tant les espoirs de l’Occident de réaliser une véritable percée avec l’Iran, mais plutôt le dilemme auquel les puissances occidentales sont confrontées, étant à court d’alternatives pour maîtriser les ambitions nucléaires de l’Iran.
Le statu quo semble de rigueur, les parties prenantes s'accomodant implicitement qu’il n’y a pas d’accord, mais pas non plus de crise.
Bien que ce ne soit pas un scénario idéal pour l’Iran — avec des sanctions toujours en place et des actifs gelés — John Bolton estime que le statu quo profite à la République islamique.

L’administration Biden et ses alliés européens tentent toujours de relancer l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien (Photo, AFP).

«Les exportations iraniennes de pétrole sont aujourd’hui à leur plus haut niveau depuis la réimposition des sanctions en 2018 par l’administration Trump après notre retrait de l’accord sur le nucléaire. Et l’Iran n’a pas été sanctionné. Ils vendent du pétrole à la Chine. (De plus), l’Iran tire des recettes dont elle a désespérément besoin des achats de pétrole par la Chine», explique-t-il.
«Ainsi, (l’Iran) peut vivre avec le statu quo pendant longtemps alors que ses programmes d’armes nucléaires et de missiles balistiques continuent de progresser, qu’il continue de financer des groupes terroristes dans la région et des attaques terroristes contre ses ennemis dans le monde, et qu’il tente toujours de réprimer la résistance au régime lui-même à l’intérieur de l’Iran.»
L’Iran enrichit actuellement de l’uranium à un niveau de pureté de 60%, proche de la qualité militaire. Les nations occidentales craignent que le PAGC soit le seul moyen de dissuasion qui reste pour empêcher l’Iran de fabriquer une arme nucléaire.
Bolton estime que cette logique est «fondamentalement erronée».
«C’est l’accord lui-même, pas même les violations de l’accord par l’Iran, mais l’accord lui-même qui permet à l’Iran de se frayer un chemin vers les armes nucléaires», souligne-t-il.
Selon lui, la «plus grosse erreur» commise par les États-Unis et d’autres pays lors de la période précédant la conclusion de l’accord de 2015 est de ne pas avoir insisté pour que l’Iran prenne la décision claire et sans équivoque de renoncer à se doter de l’arme nucléaire.
«C’est exactement le contraire qui s’est produit. L’Iran s’est réaffirmé qu’il voulait des armes nucléaires et qu’il utiliserait cet accord afin de relancer l’économie et de fournir plus de ressources, non seulement pour le programme d’armement, mais aussi pour le programme de missiles, pour le terrorisme et pour d’autres activités malveillantes.»

EN BREF SELON JOHN BOLTON

* La révolution des femmes est une situation intenable pour les ayatollahs
* Le régime iranien est dans la position la plus faible qu’il ait connue depuis la révolution de 1979
* L’administration Biden «n’écoute pas» le point de vue arabe
* Une des erreurs fondamentales du PAGC a été l’exclusion des pays de la région

Bolton estime que l’autre erreur majeure du PAGC était de croire qu’il était possible d’isoler le programme nucléaire du soutien de l’Iran au terrorisme international et de ses activités militaires conventionnelles dans la région.
«Cependant, une erreur encore plus fondamentale était la négociation avec les ayatollahs, sans que les pays de la région ne soient à la table des négociations», poursuit-il.
«L’administration Biden reprochait à Trump de ne pas prendre davantage en compte nos alliés en n’étant pas plus inclusif dans notre politique étrangère. Pourtant, c’est toujours l’administration Biden qui ne veut pas faire participer les pays du CCG, Israël ou qui que ce soit d’autre aux négociations.
«Ce sont les pays les plus proches géographiquement de l’Iran, les plus vulnérables aux attaques terroristes et à la menace des missiles balistiques iraniens, ainsi qu’à la (menace) nucléaire.
«L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont tous deux été la cible de drones et d’obus de mortiers iraniens lancés par la milice houthie au Yémen. (Les Iraniens ont) attaqué des infrastructures civiles comme l’industrie pétrolière. Ils ont attaqué des aéroports civils.»
«L’Iran a fourni aux milices en Irak des drones et des mortiers qui ont attaqué des positions américaines et d’autres positions étrangères, attaqué des lieux sunnites, (et) vraiment essayé de déstabiliser le gouvernement. Ils aident le Hezbollah et le Hamas.
«C’est un régime qui menace tout le monde. Pourtant, aucun des pays qui ont fait les frais de ces activités terroristes n’a son mot à dire dans la négociation. Donc, je pense que s’il y avait une chance de négocier avec les ayatollahs, et à mon avis, cela ne réussirait jamais, un bon chef d’alliance devrait tenir compte des intérêts de tous ses membres.»
«Je ne pense pas que l’administration Biden écoute le point de vue arabe dans cette équation.»

Des manifestants en colère sont descendus dans les rues des grandes villes d’Iran pendant huit nuits consécutives après la mort de Mahsa Amini, 22 ans (Photo, AFP).

Dans une tribune publiée dans le New York Times en 2015, Bolton éstimait que «si quelqu’un avait cru le mantra du président Obama selon lequel “toutes les options sont sur la table” pour lutter contre le programme d’armes nucléaires de l’Iran, l’accord de Vienne aurait peut-être émergé de manière moins avantageuse pour Téhéran. Cependant, personne n’a pris au sérieux la menace de force militaire de M. Obama — un manque de crédibilité que (...) l’Iran exploite toujours. En dépit de cela, le vice-président, Joseph R. Biden Jr, tente toujours de rassurer les démocrates inquiets du Congrès en leur disant que l’accord de Vienne n’exclut pas le recours à la force par les États-Unis.»
Aujourd’hui, Bolton affirme que la menace de recourir à la force n’est plus nécessaire, car l’alternative au PAGC réside dans «le peuple iranien».
«Ils sont dans les rues de tout le pays, et ils ne scandent plus “Mort à l’Amérique”, mais plutôt “Mort à l’ayatollah Khamenei”.
«Le régime n’est plus maintenu au pouvoir par le soutien du peuple. Cela a pratiquement disparu. Il règne désormais par la force des armes, et je pense que la façon la plus probable de faire tomber le régime est de diviser le haut commandement militaire.
«Je suis convaincu que cela a plus de chances de se produire ici en raison de la nature des manifestations menées par les femmes iraniennes. Dans le CGRI et dans l’armée régulière, chacun des généraux a une mère. Ils ont des sœurs, des épouses et des filles, et ils entendent la même chose tous les jours.
«À mon avis, cela signifie qu’ils comprennent à quel point leur famille et d’autres personnes pensent que le régime est intolérable. C’est une situation insoutenable pour les ayatollahs.»

La journaliste américaine d’origine iranienne et militante des droits de l’homme Masih Alinejad à Davos, le 19 janvier (Photo, AFP).

Bolton estime que l’administration Biden et ses alliés doivent déployer davantage d’efforts pour soutenir le mouvement de protestation, «peut-être en fournissant un matériel de communication (afin) que les personnes qui soutiennent la résistance en Iran puissent mieux communiquer».
«La résistance n’a pas vraiment de direction centrale, ce qui montre à quel point elle est répandue, à quel point elle était spontanée. Toutefois, une meilleure coordination leur permettrait de se situer plus puissamment dans leur opposition au régime et leur permettrait également de communiquer avec la diaspora hors d’Iran.»
«Je crois que nous pouvons demander à l’opposition ce dont ils ont vraiment besoin. Probablement de ressources, d’aide financière, mais peut-être aussi d’autres choses. Je pense que nous devrions essayer d’amener d’autres pays dans le monde, et certainement des pays de la région, mais aussi des pays d’Europe et d’ailleurs, à s’unir pour affirmer qu’il s’agit d’une véritable opportunité d’obtenir un Iran libre.
«Vous savez, ce n’est pas seulement une manifestation contre l’oppression des femmes en Iran. En réalité, c’est une attaque directe contre la légitimité des fondements idéologiques de la révolution elle-même. Si l’on ajoute à cela le mécontentement économique qui sévit dans tout le pays depuis de nombreuses années, je pense que le régime est dans la position la plus faible qu’il ait connue depuis sa prise de pouvoir en 1979.»
«Donc, si le reste du monde ou certainement les États-Unis font clairement savoir que nous soutenons le peuple et que nous ne l’oublierons pas, et s’il y a des choses que nous pouvons faire pour l’aider, nous sommes prêts à le faire», ajoute Bolton.
«S’ils divisent le CGRI et l’armée, et que le régime tombe, nous agirons rapidement pour les réintégrer dans la communauté internationale, éliminer les sanctions, et autoriser les investissements étrangers pour ressusciter l’industrie pétrolière en Iran. Nous les aiderons également à démanteler le programme d’armes nucléaires, comme nous l’avons fait dans le cas de la Libye, et à le sortir du pays, afin d’assurer, vraiment, une meilleure sécurité pour les Iraniens.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Dans Gaza affamée, des Palestiniens se rabattent sur la viande de tortue

(Photo AFP)
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  • Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
  • « La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

KHAN YOUNES, TERROIRES PALESTINIENS : Dans une bande de Gaza où les protéines sont rares, certains se résignent à manger des tortues marines.

« Les enfants étaient réticents, on leur a dit que c'était aussi délicieux que du veau », explique Majida Qanan, qui surveille les morceaux de viande rouge mijotant sur un feu de bois.

« Certains en ont mangé, d'autres pas. »

Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Depuis 18 mois de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, le territoire et ses 2,4 millions d'habitants se trouvent dans une situation humanitaire critique.

« La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

Depuis le 2 mars, Israël bloque toute livraison humanitaire, accusant le Hamas de détourner l'aide. Le mouvement palestinien dément ces accusations et accuse en retour Israël d'utiliser « la famine comme arme de guerre ».

Selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), la bande de Gaza est aujourd'hui probablement plongée dans « la pire » situation humanitaire depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

En juin dernier, les acteurs du secteur humanitaire avaient évoqué des Palestiniens si démunis qu'ils en étaient parfois réduits à se nourrir d'aliments pour animaux ou d'herbe, et à boire l'eau des égouts.

Entretemps, une trêve, entrée en vigueur le 19 janvier, a permis d'augmenter les livraisons humanitaires, jusqu'au nouveau blocage israélien du 18 mars, suivi de la reprise de ses opérations militaires.

Les tortues, elles, sont tuées selon les rites halal, c'est-à-dire conformément aux préceptes de la religion musulmane, affirme Abdul Halim Qanan.

« S'il n'y avait pas de famine, on n'en mangerait pas, mais il faut bien compenser le manque de protéines avec quelque chose ».


Le président syrien reçoit un membre républicain du Congrès américain

Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
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  • En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions
  • C'est la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

DAMAS : Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Peu après l'arrivée d'Ahmed Chareh, Washington avait annoncé ne plus proposer de récompense pour son arrestation, après avoir reçu des « messages positifs » lors de la première visite officielle de diplomates américains à Damas après l'éviction de M. Assad.

Le nouveau gouvernement syrien cherche à obtenir une levée des sanctions internationales imposées à l'époque de Bachar al-Assad afin de relancer l'économie du pays, exsangue après 14 années de guerre civile.

Toutefois, certains pays souhaitent attendre de voir si les nouvelles autorités vont respecter les droits humains. 

En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions tant que des progrès sur des priorités telles que la lutte contre le « terrorisme » n'auront pas été constatés.

Les sanctions économiques ont un impact lourd sur le pays, où 90 % des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU.

Une délégation ministérielle syrienne et le gouverneur de la Banque centrale doivent participer à des réunions avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale à Washington la semaine prochaine, ont récemment indiqué deux sources proches des participants.

La visite des deux élus américains intervient alors que les États-Unis ont annoncé le retrait prochain d'environ un millier de soldats américains déployés en Syrie pour lutter contre les jihadistes.

Washington a également mis en garde le même jour contre le risque d'attaques « imminentes » en Syrie, selon un message diffusé sur le site de l'ambassade américaine, fermée depuis 2012.


Les États-Unis annoncent réduire de moitié leurs effectifs militaires en Syrie

Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
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  • Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.
  • La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

WASHINGTON : Les États-Unis ont annoncé vendredi qu'ils allaient réduire de moitié leur présence militaire en Syrie, estimant avoir lutté avec « succès » contre le groupe État islamique (EI), même si des groupes djihadistes demeurent actifs dans un pays encore fragile.

Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.

Les États-Unis sont présents sur le sol syrien depuis des années, notamment dans le cadre de la coalition internationale contre l'EI.

La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

« Cette consolidation démontre les progrès considérables réalisés pour réduire l'attrait et les capacités opérationnelles du groupe Etat islamique, tant dans la région que dans le monde », a-t-il dit, évoquant plus globalement « le succès des États-Unis contre l'EI ».

Arrivé au pouvoir à Washington le 20 janvier, Donald Trump est depuis longtemps sceptique sur la présence militaire en Syrie. Et la chute fin décembre de Bachar al-Assad, remplacé à la tête du pays par une coalition menée par des islamistes, n'a pas changé la donne.

La prise de contrôle de pans entiers de la Syrie et de l'Irak par l'EI à partir de 2014 a déclenché l'intervention d'une coalition internationale menée par les États-Unis, dont l'objectif principal était de soutenir les unités de l'armée irakienne et les Kurdes qui combattaient l'EI au sol par les airs.

Mais Washington a alors aussi déployé des milliers de ses soldats pour soutenir ces troupes locales et mener ses propres opérations militaires.
« L'armée américaine va rester prête à mener des frappes contre ce qu'il reste de l'EI en Syrie », a déclaré vendredi le porte-parole du Pentagone, qui dit maintenir « des capacités importantes dans la région ».

Les États-Unis disposent actuellement d'environ 2 500 soldats en Irak, un chiffre appelé à diminuer.

La sécurité en Syrie reste précaire depuis la chute de Bachar al-Assad, après près de 14 ans d'une guerre déclenchée par la répression violente de manifestations antigouvernementales en 2011.

À la tête de forces de sécurité dominées par d'anciens rebelles islamistes, les autorités syriennes de transition ont la lourde tâche de maintenir la sécurité dans un pays multiethnique et multiconfessionnel où de nombreux groupes armés, parmi lesquels des djihadistes, sont encore présents.