WASHINGTON : Trois étudiants ont été tués et cinq autres blessés lundi soir par un tireur qui s'est suicidé sur un campus universitaire près de Detroit dans le nord des Etats-Unis, un nouveau massacre dénoncé mardi par les autorités de cet Etat du Michigan et une organisation contre la violence par arme à feu.
Dans un pays quotidiennement meurtri par les fusillades et où les armes à feu prolifèrent, la porte-parole de la Maison Blanche Karine Jean-Pierre a assuré sur Twitter que le président Joe Biden s'était entretenu "la nuit dernière avec la gouverneure (démocrate du Michigan) Gretchen Whitmer" et que "des effectifs supplémentaires de forces de l'ordre fédérales avaient été dépêchés" sur place.
Lors d'une conférence de presse chargée en émotions, depuis Lansing, capitale du Michigan, Etat des Grands Lacs frontalier du Canada, les autorités policières, universitaires et politiques ont d'abord confirmé que "le suspect de 43 ans n'avait aucune affiliation avec l'université. Il n'était ni un étudiant, ni un employé de la faculté, à l'heure actuelle ou par le passé".
L'un des chefs de la police de l'Université d'Etat du Michigan (MSU) Chris Rozman a dévoilé un bilan de "trois personnes décédées et cinq victimes (blessées) à l'hôpital". Il a précisé que "les trois personnes décédées étaient des étudiants de MSU et que les cinq blessés étaient tous aussi des étudiants" de cette université, l'une des plus prestigieuses du pays avec quelque 50 000 étudiants.
Lors de ce point de presse où des responsables ont fondu en larmes, la gouverneure Whitmer, très émue, a dénoncé un "nouveau lieu d'une communauté et du vivre-ensemble brisé par les balles et l'effusion de sang".
«Problème américain»
"Nous savons que c'est uniquement un problème américain (...) Nous ne pouvons pas continuer à vivre ainsi", a fustigé l'élue à la tête du Michigan.
Sur son compte Twitter, Shannon Watts, fondatrice de l'association "Moms Demand Action" fondée après le massacre d'écoliers à Sandy Hook (Connecticut) le 14 décembre 2012 (26 morts dont 20 enfants de six à sept ans), a publié une vidéo TikTok d'un étudiant affirmant être doublement survivant des massacres dans cette école il y a plus de dix ans et celui de lundi à la MSU.
"J'ai 21 ans et c'est la seconde tuerie de masse que je vis. Nous ne pouvons plus nous contenter d'exprimer notre amour et nos prières. Nous ne pouvons plus laisser passer ça", dit le jeune homme face caméra mais sans donner son nom.
Le tireur avait ouvert le feu vers 20H30 lundi dans un bâtiment de l'université, avant de se diriger vers un autre bâtiment où des coups de feu ont également été entendus, selon la police du campus.
Des centaines de membres des forces de l'ordre s'étaient alors lancés dans une chasse à l'homme en diffusant très rapidement des photos du suspect: un homme noir de petite taille portant une veste en jean, des chaussures rouges, une casquette de baseball et le visage à moitié dissimulé.
Vers minuit, la police a annoncé qu'il s'était suicidé non loin des lieux des meurtres.
Le policier Rozman s'est félicité de la réactivité des résidents du campus: "Grâce à la publication rapide de la photo tirée des caméras de surveillance et l'aide de toute la communauté -- c'est un tuyau de quelqu'un qui a appelé -- (qui) a conduit les forces de l'ordre vers le suspect à Lansing", a-t-il remercié, dévoilant le nom de "Anthony McRae" mais disant n'avoir "aucune idée du mobile" de son crime.
Les forces de l'ordre avaient sommé lundi les étudiants et les employés du campus de se confiner. L'université a suspendu toute activité pour deux jours.
50 000 morts par an
Les Etats-Unis paient un très lourd tribut à la dissémination des armes à feu sur leur territoire et à la facilité avec laquelle les Américains y ont accès. Le pays compte davantage d'armes individuelles que d'habitants, soit environ 400 millions: un adulte sur trois possède au moins une arme et près d'un adulte sur deux vit dans un foyer où se trouve une arme.
La conséquence de cette prolifération est le taux très élevé de décès par arme à feu aux Etats-Unis, près de 50.000, dont la moitié environ sont des suicides.
Le président Biden réclame en vain au Congrès de rétablir aux Etats-Unis une interdiction des fusils d'assaut, telle qu'elle avait existé entre 1994 et 2004, mais il bute sur l'opposition du parti républicain, lequel se pose en défenseur du droit constitutionnel à détenir des armes et contrôle depuis janvier la chambre des représentants.