DJEDDAH: Kim Sin-ae, une illustratrice numérique sud-coréenne, met en valeur l’une des caractéristiques culturelles les plus belles et les plus célèbres du monde arabe – ses vêtements traditionnels – dans le style de l’artiste autrichien du XIXe siècle Gustav Klimt, et notamment de son œuvre la plus célèbre, Le baiser.
Sin-ae a fusionné la culture du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord avec une touche d’écriture coréenne. Le résultat final constitue une nouvelle interprétation de la peinture de Klimt.
Le baiser de Klimt représente l’archétype de la tendresse et de la passion avec sa scène d’amour chatoyante et colorée montrant deux visages et deux corps enlacés, enveloppés dans un grand manteau d’or. Ce lourd ornement protège et entoure le couple, réitérant l’immortalité de leur amour dans une étreinte incassable.
Sin-ae a incorporé 23 tenues traditionnelles de pays tels que l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis (EAU), la Syrie, l’Égypte, la Mauritanie et le Maroc dans ses versions du Baiser et a ajouté d’autres éléments culturels, notamment des sites célèbres.
L’artiste explique à Arab News qu’elle a découvert sa passion pour l’art en visitant des musées et des galeries d’art lorsqu’elle était hôtesse de l’air pour Qatar Airways. Elle a visité le musée Klimt lors d’une escale à Vienne et est tombée amoureuse du Baiser.
Elle raconte qu’elle n’a découvert ses propres talents artistiques que pendant la pandémie de Covid-19, et que les confinements lui ont donné le temps d’étudier des vidéos YouTube sur le dessin numérique, ce qui a révélé ses compétences.
«J’ai décidé de faire de la culture de la région Mena mon sujet principal, car, après avoir vécu avec des Arabes pendant sept ans au Qatar, j’ai beaucoup appris sur eux», indique-t-elle à Arab News, ajoutant qu’elle voulait donner aux Coréens une nouvelle perspective sur les Arabes, différente de celle montrée dans les médias.
«J’ai choisi Le Baiser comme fondement de mon art car il représente l’amour et la compassion», ajoute-t-elle. «Mon nom comprend également (le mot coréen pour) amour et je crois que c’est ma mission de partager et de vivre l’amour.»
Si elle a utilisé les tenues culturelles les plus courantes dans ses dessins, elle s’est aussi plongée dans les cultures régionales de l’Arabie saoudite. Elle a dessiné des détails complexes de vêtements traditionnels de la région occidentale du Hijaz, de Taïf, de la région méridionale d’Asir et de la région centrale du Royaume.
Sin-ae confie qu’elle garde une impression très positive de l’Arabie saoudite depuis qu’elle est étudiante à l’université, après avoir rencontré un étudiant saoudien en échange qui a éveillé son intérêt pour le pays.
C’est l’un de ses abonnés sur les réseaux sociaux qui lui a suggéré de dessiner des tenues régionales et lui a demandé de se pencher sur les différents types de vêtements en Arabie saoudite afin de mieux faire connaître au monde la diversité culturelle du Royaume.
«Je suis très reconnaissante pour les idées proposées par mes abonnés», souligne Sin-ae. «Je pense que le plus important est de trouver un dénominateur commun entre ce que les gens veulent et ce que je veux, car je pense que l’art devrait inspirer les gens.»
L’artiste précise qu’elle demande à ses abonnés de lui fournir des références pour chaque tenue et qu’elle effectue ses propres recherches sur chaque culture.
Sin-ae inclut de manière créative des mots coréens dans certains de ses dessins. Dans l’illustration représentant les vêtements d’Asir, par exemple, le mot coréen désignant l’Arabie saoudite, «사우디 아라비아» , est inscrit autour du couple et à côté de symboles historiques présents à Asir. Elle a ajouté le mot «사랑», qui signifie amour, dans son illustration de Taïf, et a utilisé la rose de Damas, pour laquelle Taif est célèbre, et ses feuilles comme éléments du mot.
Sin-ae affirme que la tenue d’Asir était particulièrement compliquée, car elle la considère comme très similaire aux vêtements yéménites. Elle a demandé aux Asiris et aux Yéménites des explications approfondies sur les différences entre les deux styles.
Pour mieux illustrer la beauté de la transculturalité, Sin-ae reçoit des commandes de couples du monde entier qui sont mariés à un partenaire d’un autre pays. Jusqu’à présent, des couples avec des partenaires de Singapour et de Corée, de Palestine et du Brésil, d’Arabie saoudite et d’Argentine, et de Jordanie et des États-Unis ont passé des commandes.
Sin-ae précise que les réactions à son travail sont majoritairement positives mais que, comme tous les artistes, elle reçoit aussi quelques critiques. Elle accepte ces dernières sans se laisser démonter, affirmant que, de même que c’est sa «liberté de faire de l’art», les autres sont libres de l’interpréter de manière négative. Elle ajoute qu’elle respecte et apprécie tous les sentiments que les gens éprouvent à l’égard de son travail.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com