TUNIS : Les mobilisations se sont multipliées ces derniers jours dans des régions défavorisées du sud et du centre-ouest de la Tunisie pour réclamer des emplois et des investissements et appeler le gouvernement à tenir ses promesses.
Ces mouvements interviennent après que des habitants de Tataouine (sud) sont parvenus, à l'issue de plusieurs mois de blocage de la production pétrolière dans le Sahara, à un accord avec le gouvernement qui leur a promis le 7 novembre des emplois et un fonds pour financer des projets dans ce gouvernorat.
«La démarche suivie avec Tataouine, qui se base sur le dialogue et le rétablissement de la confiance et surtout le respect des habitants, sera utilisée avec toutes les régions, surtout celles en retard sur l'échelle de développement», indiquait le Premier ministre Hichem Mechichi deux jours plus tard.
La Tunisie, dont les difficultés ont été exacerbées par la pandémie, fait face à un recul historique du PIB à -7%, et table sur un déficit budgétaire record en 2020.
Motivés par l'accord de Tataouine, des dizaines d'habitants de Kasserine (centre-ouest), manifestent depuis neuf jours devant le champ pétrolier de Douleb, a constaté un correspondant de l'AFP.
Les protestataires de tous âges réclament notamment du travail et les investissements promis pour améliorer le quotidien des habitants de cette région frondeuse et marginalisée.
Sous leur pression, la production à Douleb a été suspendue lundi, a indiqué à l'AFP le gouverneur Adel Mabrouki.
M. Mabrouki a appelé à mobiliser des experts pour» trouver de nouveaux moyens d'améliorer les conditions de vie des habitants», soulignant que le taux de chômage atteint les 40%, plus du double de la moyenne nationale.
A Gabès (sud-est), des centaines de manifestants effectuent depuis quelques jours des sit-in devant les zones industrielles de la ville, ont indiqué des témoins à l'AFP.
Les protestataires ont bloqué des routes, perturbant l'activité industrielle, selon des médias locaux et Kheireddine Debeya, l'un des organisateurs de ces mobilisations, qui déplore» la négligence des autorités qui n'ont tenu aucune promesse».
Leur mouvement revendique essentiellement le recrutement de milliers de jeunes dans les multiples sociétés de Gabès et des investissements mais aussi des mesures contre la pollution.
La ville est touchée de plein fouet par la pollution liée à la transformation du phosphate extrait plus à l'ouest, mais le projet de déménagement des unités de l'exploitant public, le Groupe chimique tunisien, ne s'est pas concrétisé, regrette M. Debeya.