Beyrouth : Amnesty International a dénoncé mardi une aggravation de la répression contre les défenseurs des droits humains à la suite de l'arrestation de plusieurs membres d'une ONG égyptienne ces derniers jours.
Selon un communiqué de l'organisation internationale, le directeur exécutif de l'Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR), Gasser Abdel-Razek, arrêté jeudi dernier, a reçu un «traitement inhumain et cruel» en prison.
Amnesty estime que ce dernier développement «montre la détermination des autorités égyptiennes à aggraver la répression contre les défenseurs des droits humains».
Gasser Abdel Razek a été conduit lundi devant un procureur spécial pour y être interrogé.
Le même jour, la justice a placé plusieurs défenseurs des droits humains sur la «liste noire terroriste» dont l'ingénieur et militant Alaa Abdel Fattah, figure centrale du soulèvement populaire de 2011 qui a chassé l'ex-président Hosni Moubarak du pouvoir.
Deux des collaborateurs de M. Abdel Razek, Mohamed Bachir et Karim Ennarah ont également été arrêtés quelques jours avant lui. Tous trois sont accusés notamment d' «appartenance à un groupe terroriste» et de «diffusion de fausses informations».
Les interpellations sont intervenues à la suite d'une réunion organisée par l'EIPR avec plusieurs ambassadeurs étrangers début novembre dans ses locaux au Caire.
Plusieurs responsables étrangers, diplomates, et ONG des droits humains ont dénoncé ces arrestations.
Selon des ONG, quelque 60 000 détenus en Egypte sont des prisonniers politiques.
Depuis la destitution par l'armée en Egypte en 2013 du président islamiste Mohamed Morsi et l'arrivée au pouvoir l'année suivante d'Abdel Fattah al-Sissi, une répression croissante s'est abattue sur toute forme d'opposition, islamiste ou libérale.
Selon Amnesty, M. Abdel Razek a été placé en «confinement solitaire sans accès aux soins de base» au cours de sa détention, ce qui constitue une «violation des droits humains», selon Philip Luther, d'Amnesty International pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, cité dans le communiqué.
M. Luther dénonce également l'arrestation «punitive» de M. Abdel Razek à la suite de la rencontre avec les diplomates aux Caire.
Amnesty demande «la libération inconditionnelle et immédiate de tous les défenseurs des droits humains détenus en Egypte».