LONDRES: Le Qatar doit sévir contre les employeurs abusifs et renforcer l’application de ses réformes du travail, si l’État veut tenir ses promesses de protéger les droits des travailleurs, a déclaré mercredi Amnesty International.
Le groupe de défense des droits de l'homme a averti dans un rapport que des mesures supplémentaires devaient être prises, afin de garantir que les travailleurs immigrés reçoivent leur salaire, aient accès à la justice et soient protégés contre toute forme d’exploitation.
Le rapport indique que bien que le pays ait introduit une série de réformes majeures, prévoyant notamment une meilleure rémunération des travailleurs et un accès à la justice, peu d’actions ont été mises en œuvre pour les appliquer.
«Le Qatar doit faire beaucoup plus pour veiller à ce que la législation ait un impact concret sur la vie des gens» a affirmé le responsable Justice économique et sociale à Amnesty International, Steve Cockburn.
Steve Cockburn a également rappelé que de nombreux travailleurs immigrés n'avaient pas bénéficié des réformes et qu’ils restaient pris dans le même cercle vicieux de l'exploitation. «La portée de ces réformes positives reste trop souvent limitée en raison de leur faible mise en œuvre et du manque de volonté d’amener les employeurs abusifs à rendre des comptes. Les systèmes d’inspection sont inadaptés pour détecter les atteintes, et il reste difficile pour les travailleuses et les travailleurs de porter plainte sans risquer de perdre leur revenu et leur statut juridique.»
Le rapport, publié deux ans avant la Coupe du monde de la Fifa 2022, a notamment exhorté le Qatar à respecter le droit des travailleurs à former des syndicats et renforcer les mécanismes d’inspection pour pouvoir rapidement détecter les pratiques abusives et y mettre fin.
Bien que le pays hôte de la Coupe du monde 2022 ait introduit depuis 2017 un certain nombre de réformes visant à améliorer les conditions des travailleurs immigrés, des milliers d’entre eux travaillent toujours dans des conditions abusives au Qatar.
Ainsi, un récent rapport d’Amnesty International a montré que des employées de maison au Qatar effectuaient toujours des journées de près de 16 heures, sans aucun congé, malgré l’adoption d’une loi limitant la journée de travail à 10 heures et imposant un jour de repos hebdomadaire.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com