PARIS: Des milliers d'Iraniens vivant en Europe, dont des familles de victimes de la répression en Iran, des activistes, des avocats, ont exhorté l'Union européenne à inscrire les Gardiens de la révolution sur la liste des organisations terroristes, lors d'un rassemblement samedi à Paris.
Les manifestants, rassemblés place Vauban dans le centre chic de Paris, scandaient "Femme. Vie. Liberté", le slogan emblématique de la contestation en Iran, et chantaient "Bella Ciao", un des hymnes du mouvement.
"Les ministres européens doivent enfin entendre la voix des Iraniens", a déclaré le député suédois Alireza Akhondi.
"Nous voulons que les Gardiens soient qualifiés de groupe terroriste, c'est le point crucial", a-t-il ajouté, se disant "déçu" par l'attitude européenne.
L'UE a adopté plusieurs trains de sanctions contre plus de 60 responsables et entités iraniens accusés d'être impliqués dans la répression, mais se montre très prudente sur l'inscription des Gardiens sur sa liste noire.
Plusieurs pays ont des ressortissants détenus en Iran, comme la France, qui accuse Téhéran de pratiquer une politique "d'otages d'Etat". L'une de ces détenus, la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah, arrêtée en juin 2019 et condamnée à 5 ans de prison, a été libérée vendredi.
L'inscription des Gardiens de la Révolution sur la liste des groupes terroristes pourrait aussi mettre fin aux tentatives de relance de l'accord de 2015 sur le programme nucléaire de Téhéran coordonnées par l'UE, avertissent de nombreux responsables européens.
Les manifestants, parmi lesquels l'eurodéputé français écologiste Yannick Jadot, ont également demandé aux pays européens de couper les relations économiques avec l'Iran.
"Vos intérêts économiques font couler le sang de nos jeunes innocents", pouvait-on lire sur des pancartes.
Parmi les manifestants était présente Niaz Zam, la fille de Ruhollah Zam, un opposant réfugié en France et exécuté en Iran en 2020 après avoir été piégé et enlevé en Irak.
"Ruhollah Zam était la définition du mot liberté", a-t-elle lancé à la foule, dans sa première prise de parole publique depuis l'exécution de son père. "Nous n'avons pas peur", a-t-elle dit.
Le rassemblement parisien coïncidait avec le 44e anniversaire de la révolution islamique de février 1979 en Iran. Le pouvoir iranien a affirmé à cette occasion avoir vaincu la contestation débutée en septembre après la mort de Mahsa Amini, une jeune Kurde iranienne arrêtée par la police des moeurs.