PARIS: Les débats ont avancé au ralenti mercredi à l'Assemblée pour le troisième jour d'examen de la réforme des retraites, avec un dialogue de sourds entre le camp présidentiel et la gauche sur l'extinction des régimes spéciaux.
A coups d'amendements, la coalition de gauche Nupes a défendu sans succès le maintien des différents régimes visés, celui de la RATP, des industries électriques et gazières (IEG), de la Banque de France ou des clercs et employés de notaire.
Dans un climat tendu, marqué par des échanges d'invectives, les députés n'ont pas réussi à aller au bout de l'examen de l'article premier de la réforme des retraites, qui prévoit l'extinction progressive de ces régimes spéciaux pour les "nouveaux entrants".
Des amendements demandant le maintien du régime des clercs et employés de notaire, soutenu par la Nupes et le Rassemblement national, n'ont été repoussés que de justesse, à trois voix près.
Concernant la RATP, le maintien du régime spécial serait une "reconnaissance légitime" pour un "métier pénible", dans "l'air vicié du métro", alors que l'entreprise "manque de milliers d'agents de conduite", a estimé l'Insoumis Paul Vannier.
Le RN a également défendu ce régime spécial en raison du "climat social" et de la "difficulté à recruter des conducteurs" à la RATP.
La rapporteure macroniste Stéphanie Rist a plaidé à l'inverse pour sa suppression progressive au nom de "l'équité" et de la "justice" avec des conducteurs de bus et de trains employés dans d'autres entreprises.
Le ministre du Travail Olivier Dussopt a fait part d'une "forme de surprise" de voir la Nupes défendre le régime spécial de la Banque de France, qui "vit de placement financiers, et est financé par des dividendes".
Concernant les IEG, "il est assez simple d'afficher un excédent de 120 millions d'euros quand le régime bénéficie d'une taxe affectée de 1,7 milliard payée par les consommateurs sur chaque facture", a-t-il aussi lancé.
"Ce sont tous les Français qui paient le régime spécial des salariés" de ces IEG, a renchéri le député Modem Philippe Vigier pour s'opposer à son maintien demandé là aussi par la Nupes comme le RN.
"Est-il normal que M. Quatennens puisse prendre la parole alors qu'il est lui-même salarié d'EDF?", a lancé l'élu Renaissance Ludovic Mendes, à la suite d'une nouvelle intervention du député suspendu du groupe LFI après sa condamnation pour violences conjugales.
La veille, une première prise de parole d'Adrien Quatennens, applaudie par certains de ses collègues, avait suscité des huées sur les bancs de la majorité, menant à une suspension de séance.
Au-delà des régimes spéciaux, le député MoDem Erwan Balanant a reproché à la gauche ses "tunnels d'amendements identiques" retardant l'avancée des débats, qui doivent s'achever le 17 février en première lecture à l'Assemblée.
"Vous enlisez les débats, vous faites le jeu du gouvernement", a également lancé à la gauche la député RN Caroline Parmentier.