MOGADISCIO: L'ONU a réclamé mardi une enquête indépendante et impartiale sur des affrontements dans la région somalienne séparatiste du Somaliland, qui selon elle, ont fait "au moins 20 morts et 119 blessés".
Les violences ont démarré lundi entre les forces armées du Somaliland et des milices loyales au gouvernement central somalien dans la ville disputée de Las Anod, dans la république auto-proclamée du Somaliland.
"Les combats se sont intensifiés ce (mardi) matin", a dit par téléphone Mohamed Osman, un chef de milice locale. Les troupes du Somaliland "tentaient d'entrer en ville", selon lui.
Les affrontements avaient commencé quelques heures après que des chefs coutumiers du territoire de Sool, où se trouve Las Anod, avaient publié une déclaration s'engageant à soutenir "l'unité et l'intégrité de la République fédérale de Somalie", exhortant les autorités du Somaliland à retirer leurs forces de la région.
L'ONU a affirmé mardi qu'au moins 20 personnes sont mortes dans ces affrontements et a réclamé aux autorités une enquête.
"Je m'inquiète d'informations selon lesquelles les affrontements se poursuivent aujourd'hui et ont fait de nouvelles victimes", a déclaré le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, cité dans un communiqué.
"Ces meurtres potentiellement illégaux surviennent juste un mois après qu'au moins 20 000 personnes ont été déplacées par des affrontements à Las Anod, et pourraient contribuer à de nouveaux déplacements, aggravant la situation humanitaire déjà fragile dans la région", a souligné M. Türk.
"J'appelle les autorités à mener une enquête crédible et impartiale sur les affrontements afin de déterminer qui est responsable et de les tenir responsables dans le cadre de procès équitables", a-t-il ajouté.
Le bilan annoncé par l'ONU est le double de celui avancé lundi par plusieurs sources auprès de l'AFP, interrogées après les affrontements.
Selon M. Osman, le bilan est de 22 morts, des civils pour la plupart. Abdirahman Sugulle, un chef coutumier de la ville, a donné le même chiffre.
Le président somalien Hassan Sheikh Mohamud a qualifié les violences de "malheureuses" et a appelé toutes les parties à poser les armes et à ouvrir des négociations. "La solution ne viendra pas des armes", a-t-il estimé.
En janvier, des manifestations déclenchées par le meurtre fin 2022 d'un politicien local ont secoué la ville, où les partis d'opposition et des groupes de défense des droits humains accusent les forces du Somaliland d'avoir alors tué plusieurs manifestants.
Las Anod est revendiquée à la fois par le Somaliland et par la région semi-autonome du Puntland, loyale à Mogadiscio.
Ancien protectorat britannique, le Somaliland imprime sa propre monnaie, délivre ses passeports et élit son gouvernement, mais l'absence de reconnaissance internationale le maintient dans l'isolement.
Cette région, relativement stable par rapport au reste de la Somalie, est secouée depuis plusieurs mois par des violentes manifestations et des crises politiques.
En août, des manifestants avaient été tués lors de manifestations antigouvernementales, et en octobre, une décision du conseil des sages de prolonger le mandat du président après le report des élections a provoqué un tollé de l'opposition.