BAGDAD: Des militantes irakiennes ont manifesté dimanche à Bagdad pour réclamer une loi contre les violences domestiques, quelques jours après la mort d'une jeune YouTubeuse étranglée par son père, un drame qui a suscité l'émoi dans un pays largement conservateur.
Tiba al-Ali a été tuée fin janvier dans la province de Diwaniya (sud), avait annoncé vendredi le ministère de l'Intérieur, rapportant une tentative de médiation entre la jeune femme de 22 ans et ses proches pour résoudre un "différend familial". Le père s'est rendu à la police et a avoué le meurtre de sa fille.
Empêchées dimanche par les forces de sécurité de s'approcher du Conseil suprême de la magistrature, une vingtaine de militantes se sont toutefois rassemblées sur une avenue menant au bâtiment, a constaté un journaliste de l'AFP.
"Arrêtez de tuer les femmes", "Nous réclamons que le meurtrier de Tiba rende des comptes", pouvait-on lire sur certaines pancartes.
"Nous réclamons des lois pour protéger les femmes, notamment une loi contre les violences domestiques", a déclaré à l'AFP Rose Hamid, une manifestante de 22 ans. "Nous sommes venues protester contre le meurtre de Tiba et de toutes les autres avant elle. Qui sera la prochaine victime?".
"Nous poursuivrons notre mobilisation, en raison d'une augmentation des violences domestiques et des féminicides", a fustigé la manifestante Lina Ali.
En marge du rassemblement, Hanaa Edwar, militante des droits humains, a été reçue dimanche par un magistrat du Conseil suprême de la magistrature à qui elle a présenté les griefs des féministes.
Tiba al-Ali vivait en Turquie depuis 2017 et était en visite en Irak lorsque son père l'a tuée, avait indiqué à l'AFP un responsable de sécurité à Diwaniya.
Sur son compte YouTube, elle publiait des vidéos de son quotidien dans lesquelles apparaissait très souvent son fiancé et elle partageait son expérience après avoir subi des opérations de chirurgie esthétique.
Dans des enregistrements partagés sur les réseaux sociaux par une amie de Tiba et repris par des militants, on peut entendre des bribes de conversations entre le père, en colère parce que sa fille vit seule en Turquie, et cette dernière qui accuse son frère de l'avoir harcelée sexuellement.
L'AFP n'a pas pu vérifier de manière indépendante l'authenticité de ces enregistrements.