Le Sri Lanka face à ses «échecs» pour l'anniversaire de son indépendance

Le président sri-lankais Ranil Wickremesinghe (à droite à côté du mât) écoute l'hymne national lors des célébrations du 75e jour de l'indépendance du Sri Lanka à Colombo le 4 février 2023. (Photo par ISHARA S. KODIKARA / AFP)
Le président sri-lankais Ranil Wickremesinghe (à droite à côté du mât) écoute l'hymne national lors des célébrations du 75e jour de l'indépendance du Sri Lanka à Colombo le 4 février 2023. (Photo par ISHARA S. KODIKARA / AFP)
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Publié le Samedi 04 février 2023

Le Sri Lanka face à ses «échecs» pour l'anniversaire de son indépendance

  • Le président Ranil Wickremesinghe, qui a pris ses fonctions en juillet au plus fort de l'agitation politique qui en a résulté, a souligné que l'anniversaire de ce samedi arrivait à «un moment extrêmement critique et difficile»
  • «C'est l'occasion pour nous non seulement de passer en revue nos forces et nos acquis en tant que nation, mais aussi de rectifier nos erreurs et nos échecs», a-t-il mis en avant dans un communiqué

COLOMBO: Le Sri Lanka a célébré samedi les 75 ans de son indépendance par un défilé militaire sans lustre, son président appelant à une réflexion sur les "erreurs et les échecs" du passé en cette période de crise nationale.

Depuis la fin de la colonisation britannique en 1948, la nation insulaire a passé une grande partie de son histoire en guerre contre elle-même, y compris une rébellion séparatiste tamoule de plusieurs décennies qui a fait jusqu'à 100.000 morts et deux insurrections communistes meurtrières.

Ses 22 millions d'habitants sont encore sous le choc des difficultés provoquées par un effondrement économique sans précédent l'année dernière qui a entraîné des mois de pénurie de nourriture et de carburant.

Le président Ranil Wickremesinghe, qui a pris ses fonctions en juillet au plus fort de l'agitation politique qui en a résulté, a souligné que l'anniversaire de ce samedi arrivait à "un moment extrêmement critique et difficile".

"C'est l'occasion pour nous non seulement de passer en revue nos forces et nos acquis en tant que nation, mais aussi de rectifier nos erreurs et nos échecs", a-t-il mis en avant dans un communiqué.

M. Wickremesinghe, flanqué de hauts gradés, a regardé pendant une heure la procession de soldats et de véhicules de l'armée le long d'un boulevard en bord de mer dans la capitale Colombo, qui a débuté par des tirs d'artillerie cérémoniels et qui a été boycottée par les partis d'opposition.

Pendant plusieurs mois l'année dernière, ce même boulevard avait été le site d'un campement de protestation érigé par des Sri Lankais indignés par le désastre économique sur l'île et la mauvaise gestion menée par ses dirigeants.

Le mouvement de protestation a atteint son apogée en juillet lorsqu'une foule immense a pris d'assaut le domicile du prédécesseur de M. Wickremesinghe et l'a chassé vers un exil temporaire d'où il a présenté sa démission.

M. Wickremesinghe a ordonné aux forces de sécurité de démanteler le camp quelques heures après avoir prêté serment et a depuis entrepris de rétablir les finances en ruine du Sri Lanka.

L'histoire du Sri Lanka en 10 dates-clés

Voici 10 dates-clés de l'histoire du Sri Lanka, île de l'océan Indien qui a célébré samedi le 75e anniversaire de son indépendance :

- 1948 : indépendance -

Le 4 février 1948, Ceylan devient indépendant de la Grande-Bretagne. En 1972, l'île, rebaptisée Sri Lanka, devient une république.

- 1972 : Tigres tamouls -

Début de la rébellion séparatiste des Nouveaux Tigres Tamouls, renommés Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE) en 1976. Avec des attentats suicides, assassinats et attaques d'infrastructures, elle va mener une guérilla pour la création d'un Etat indépendant pour la minorité ethnique tamoule dans le nord et l'est de l'île.

- 1987 : mission de paix indienne -

L'Inde déploie des troupes de maintien de la paix dans le nord et l'est du Sri Lanka pour mettre fin à la guerre civile mais finit par combattre la guérilla qu'elle avait précédemment entraînée et équipée.

L'Inde se retire en 1990 après avoir perdu plus de 1.200 soldats.

- 1993 : président assassiné -

Le président sri-lankais Ranasinghe Premadasa est assassiné par les Tigres dans un attentat-suicide.

- 2004 : tsunami -

Près de 31.000 personnes sont tuées au Sri Lanka au lendemain de Noël dans un tsunami qui fait 220.000 morts dans la région de l'océan Indien.

- 2009 : fin de la guerre civile -

La rébellion est écrasée par l'armée et ses dirigeants sont tués, mettant fin à une guerre civile de 37 ans qui a fait jusqu'à 100.000 morts.

- 2015 : l'Onu réclame une enquête-

L'Onu réclame une enquête indépendante sur des présumés crimes de guerre commis par les forces gouvernementales durant la guerre civile. Selon des défenseurs des droits humains, quelque 40.000 civils tamouls ont été tués dans les derniers mois du conflit.

- 2018 : crise politique -

Le président Maithripala Sirisena limoge son Premier ministre, remplacé par l'ancien président controversé Mahinda Rajapaksa (2005-2015). Il provoque une crise politique avec la dissolution du Parlement, décision ensuite annulée par la Cour suprême.

- 2019: attentats de Pâques -

Des attaques suicide coordonnées commises par des jihadistes contre trois églises bondées pour la messe de Pâques et trois hôtels de la capitale Colombo, font 279 morts. S'ensuivent des agressions contre la minorité musulmane.

- 2022 : désastre économique -

L'île se déclare en défaut de paiement en avril sur sa dette extérieure.

Après trois mois de troubles, le président Gotabaya Rajapaksa est contraint en juillet de fuir son palais envahi par des manifestants qui le tiennent pour responsable de la pire crise économique de l'histoire du pays. Il s'enfuit à l'étranger avant de démissionner.

Son successeur Ranil Wickremesinghe obtient du Fonds monétaire international une aide conditionnelle de 2,9 milliards de dollars.

Nombreuses calamités 

Son gouvernement a augmenté les impôts et négocie avec les créanciers internationaux, dont l'Inde et la Chine, pour ouvrir la voie à un renflouement du Fonds monétaire international dont le pays a un besoin urgent.

Mais l'impact de la crise se fait encore durement sentir, le chef de l'Etat ayant déclaré la semaine dernière que l'économie s'était contractée de près de 11% en 2022.

Vendredi, l'agence des Nations unies pour l'enfance (Unicef) a indiqué que près d'un Sri Lankais sur trois avait besoin d'une aide humanitaire en raison de la récession.

"Le Sri Lanka est une nation en faillite, nous devons donc repartir de zéro maintenant", explique à l'AFP un expert politique, Ranga Kalansooriya.

Selon lui, le Sri Lanka doit encore panser les plaies des conflits qui ont affecté le pays pendant des décennies. "Nous avions besoin d'un Mandela au Sri Lanka" mais les dirigeants politiques du pays n'ont pas réussi à instaurer la réconciliation, déplore-t-il.

L'effondrement économique est la dernière en date des nombreuses calamités qui ont émaillé l'histoire du Sri Lanka depuis son indépendance.

Au lendemain de Noël 2004, près de 31.000 personnes avaient été tuées lorsqu'un tsunami a frappé les côtes de ce pays tropical.

Selon les groupes de défense des droits humains, jusqu'à 40.000 civils ont été tués au cours des dernières semaines de la guerre civile qui s'est achevée en 2009, lors d'un assaut de l'armée qui a écrasé les restes du commandement des Tigres tamouls.

Le Sri Lanka a résisté aux appels internationaux en faveur d'une enquête sur les allégations de crimes de guerre et les gouvernements ultérieurs ont été accusés d'encourager la discrimination continue à l'encontre de la minorité tamoule de l'île.

En 2019, une série d'attaques islamistes coordonnées contre des hôtels et des églises pendant les offices du dimanche de Pâques avait fait par ailleurs 279 morts.


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
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  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.