PARIS: Emmanuel Macron a reçu vendredi son prédécesseur socialiste François Hollande à déjeuner à l’Élysée pour rouvrir discrètement le dossier de la réforme des institutions, présenté par son camp comme l'un des grands chantiers de l'après-réforme des retraites.
Selon son entourage, le chef de l’État recevra aussi prochainement l'ex-président de droite Nicolas Sarkozy ainsi que les présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale, Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet.
Ces entretiens sont le prélude à la création d'une "commission transpartisane" pour rénover les institutions, promise par Emmanuel Macron avant sa réélection l'an dernier. Son lancement, prévu à l'automne dernier, a pris du retard et aucune date précise n'a été fixée.
Toute révision de la Constitution présentée par l'exécutif doit être adoptée dans les mêmes termes par les deux chambres du Parlement, et obtenir in fine une majorité des trois cinquièmes des parlementaires, ce qui nécessite de larges compromis transpartisans.
Durant son premier quinquennat, le président avait buté sur le Sénat majoritairement à droite, et échoué à faire aboutir une réforme qui prévoyait une dose de proportionnelle dans le mode d'élection des députés, la réduction du nombre de parlementaires, mais aussi la limitation de leur mandat à trois consécutifs.
Emmanuel Macron a donc prévu de changer de méthode avec cette commission transpartisane pour faire émerger des majorités.
"Il va prendre la température. Il sait à peu près où il faut aller mais il n'a pas envie de se lancer dans des réformes qui n'aboutiront pas", dit une source proche de la présidence.
Selon cette source, le chef de l’État réfléchit à une "désynchronisation des mandats présidentiel et législatif pour donner une respiration" et veut "repenser le millefeuille territorial pour le simplifier et le rendre plus efficace", en abandonnant le découpage en grandes régions instauré par François Hollande en 2014.
Durant la campagne, outre son soutien à la proportionnelle, Emmanuel Macron avait jugé que le septennat présidentiel serait "un bon rythme", avec des élections législatives "de mi-mandat". Depuis, il a promis d'ouvrir un "nouveau chapitre de la décentralisation".
Le chef de son parti Renaissance, Stéphane Séjourné, a par ailleurs remis sur la table, en janvier, la réduction du nombre des parlementaires. Il a aussi plaidé pour un recours facilité au référendum d'initiative partagée, l'éventuelle transformation du Conseil constitutionnel "en une vraie Cour suprême", ou encore l'aménagement du non-cumul des mandats pour permettre aux maires de petites villes d'être aussi député ou sénateur.