PARIS: Plusieurs chefs de groupes politiques à l'Assemblée ont réclamé mardi l'organisation d'un débat au Parlement sur la guerre en Ukraine, que la Première ministre Elisabeth Borne a promis d'aider "jusqu'à la victoire".
Ces demandes ont été formulées à l'occasion de la venue en France du président de la Rada, le parlement de l'Ukraine, Rouslan Stefantchouk, présent au début de la séance des questions d'actualité à l'Assemblée.
"Etes-vous prête à organiser ce débat au Parlement ?", a demandé Olivier Marleix (LR) à la Première ministre.
"La France doit aider l’Ukraine" mais sur la scène internationale, "notre pays donne le sentiment d’être à la remorque", a-t-il estimé, évoquant un "isolement du président de la République jusque dans son propre pays".
Mathilde Panot (LFI) a aussi réclamé "un débat sur le rôle que la France doit tenir" et formulé le "vœu qu'une solution diplomatique soit trouvée au plus vite", en pointant "les risques de montée en puissance" du conflit.
Pas question de devenir "co-belligérants par la livraison d’armes lourdes offensives", pour le communiste André Chassaigne, également désireux d'un débat au Parlement.
Au nom du groupe RN, Marine Le Pen a assuré avoir "toujours condamné l’invasion du territoire souverain de l’Ukraine", sous les protestations d'autres bancs.
"La livraison au compte-gouttes d'armements offensifs signerait probablement une guerre de 100 ans" et "un engagement total de l'Otan (…) conduirait à une 3e guerre mondiale", a-t-elle estimé, en appelant à une "résolution diplomatique du conflit" et à "une grande conférence pour la paix".
"Nous sommes et nous resterons avec vous jusqu'à la victoire", a assuré pour sa part la Première ministre en s'adressant au président de la Rada, et en redisant que la France était prête "à étudier les demandes supplémentaires des Ukrainiens" en terme d'armements.
La France va fournir 12 canons Caesar supplémentaires à l'Ukraine
La France va fournir à l'Ukraine 12 canons Caesar de 155 mm supplémentaires, en plus des pièces déjà livrées, lui permettant de disposer d'une cinquantaine d'exemplaires, "une masse qui n'a rien de négligeable" selon le ministre français des Armées Sébastien Lecornu.
Ces 12 canons de moyenne portée seront livrés "dans les semaines qui viennent" et seront "financés dans le cadre du fonds de soutien de 200 millions d'euros" mis en place par la France, a précisé mardi le ministre lors d'une conférence de presse commune avec son homologue ukrainien Oleksiï Reznikov, qui effectuait sa première visite bilatérale depuis le début de la guerre en février dernier.
Ils viendront s'ajouter aux 18 Caesar déjà livrés par la France ainsi qu'aux 19 canons Caesar promis par le Danemark à Kiev mi-janvier.
Un seul est aujourd'hui hors d'usage. "Il y a une maintenance à réaliser sur les 17 qui restent, liée au combat ou à l'usure classique de ce type de matériel", a indiqué le ministre.
Copenhague avait commandé ces pièces d'artillerie au groupe français Nexter entre 2017 et 2019. Mais les livraisons ont pris du retard et seuls quelques exemplaires ont déjà été livrés.
La France a également promis mardi de livrer à l'Ukraine un radar Ground Master 200 (GM200) produit par le français Thales. Ce radar de moyenne portée permet de détecter un aéronef ennemi à 250 km et de le combattre à 100 kilomètres, que celui-ci vole à faible vitesse et basse altitude comme les drones, ou à haute altitude comme les avions de combat.
Il assure également une protection face aux roquettes et tirs d'artillerie en alertant les troupes au sol des tirs ennemis, assure son fabricant, qui l'a vendu à plus de 60 exemplaires dans le monde. Il est transportable sur camion.
Au même moment, le ministre français des Armées Sébastien Lecornu, qui recevait son homologue ukrainien Oleksiï Reznikov, annonçait la livraison à l'Ukraine de 12 canons Caesar de 155 mm supplémentaires, en plus des 18 pièces déjà livrées.
"Donnez-nous les avions, donnez-nous les ailes de notre victoire", avait auparavant lancé le président de la Rada Rouslan Stefantchouk. "Ces ailes nous protègeront" ainsi que "l’ensemble de l’Europe".
"Grâce à vous, le lexique français s’enrichit de nouveaux mots", a-t-il affirmé.
"Aujourd’hui, nous savons ce que signifie (les armements, ndlr) Crotal, Caesar, LRU, AMX 10, et nous sommes prêts à enrichir notre vocabulaire avec d’autres mots" comme les "(chars) Leclerc français qui nous renforceront au sol, mais également des (avions) Mirage et des Rafale", a souligné M. Stefantchouk, qui devait ensuite être reçu par le président Emmanuel Macron.
Mercredi le président de la Rada ira visiter le matin un centre de réfugiés ukrainiens dans les Yvelines avec la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, et s'exprimera l'après-midi à 14H30 devant le Sénat.