TUNIS: Les principaux développements en Tunisie depuis le coup de force opéré par le président Kais Saied en juillet 2021 jusqu'au deuxième tour des élections législatives du 29 janvier.
Pleins pouvoirs
Le 25 juillet 2021, le président Kais Saied annonce la suspension des travaux du Parlement et le limogeage du Premier ministre Hichem Mechichi, affirmant vouloir "sauver" le pays, rongé par des mois de blocages politiques.
Le président, également chef de l'armée, s'octroie le pouvoir exécutif, en annonçant vouloir désigner un nouveau Premier ministre.
Coup d'Etat
Le parti d'inspiration islamiste Ennahdha, qui disposait du plus grand nombre de sièges au Parlement, fustige "un coup d'Etat".
Le 28, M. Saied lance une offensive anti-corruption, réclamant des comptes à 460 hommes d'affaires accusés de détournement de fonds sous le régime de Zine el Abidine Ben Ali (1987-2011) renversé par la révolte populaire de 2011.
Mesures exceptionnelles
Le 22 septembre, Kais Saied promulgue des dispositions exceptionnelles l'autorisant à légiférer par décrets.
Le chef d'Ennahdha Rached Ghannouchi appelle à la "lutte pacifique" contre "le pouvoir absolu d'un seul homme".
Le 11 octobre, la Tunisie se dote d'un nouveau gouvernement aux prérogatives considérablement réduites, dirigé pour la première fois par une femme, l'universitaire Najla Bouden.
Justice sous tutelle
Le 5 février 2022, Kais Saied annonce la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature, instance indépendante créée en 2016 pour nommer les juges, qu'il accuse de "partialité".
Le 13, il annonce l'avoir remplacé par un autre organe "temporaire" et se donne le pouvoir de limoger des juges et de leur interdire de faire grève. Près de 60 magistrats seront révoqués en juin.
Dissolution du Parlement
Le 30 mars, Kais Saied annonce la dissolution du Parlement, quelques heures après que des députés ont bravé sa suspension en organisant une séance virtuelle.
Le 22 avril, le président s'arroge le droit de nommer le chef de l'Autorité électorale et ses membres.
Projet de Constitution
Le 20 mai, le président nomme un proche, Sadok Belaïd, à la tête d'une commission chargée d'élaborer une nouvelle Constitution.
Mais le 3 juillet, Sadok Belaïd estime que le projet rendu public ne correspond pas à celui élaboré par la commission et que son adoption pourrait "ouvrir la voie à un régime dictatorial".
Dans la nuit du 8 au 9, Kais Saied publie une version amendée qui modifie deux articles controversés sur la place de l'islam et les possibles restrictions aux libertés.
Le 25 juillet, les Tunisiens adoptent la nouvelle Constitution par référendum. Le "oui" l'emporte à 94,6%, avec une participation de 30,5%.
Appels à boycotter les législatives
En septembre, le Front de salut national, une coalition de partis d'opposition dont fait partie Ennahdha, annonce qu'il boycottera les législatives, prévues le 17 décembre. Cinq autres formations d'opposition lui emboîtent le pas.
Le mode de scrutin limite considérablement le rôle des partis politiques et du Parlement.
Début décembre, le chef de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) - influente centrale syndicale, colauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 - critique le nouveau mode de scrutin.
Législatives: 1er tour boudé
Le 17 décembre, les Tunisiens boudent massivement le premier tour des législatives. Le taux de participation est de 11,2%.
Le lendemain, le chef de la principale coalition d'opposants appelle le président à "partir immédiatement". Mais le 28, Kais Saied minimise l'abstention.
Une opposition qui résiste
Le 3 janvier 2023, la principale coalition d'opposition accuse le pouvoir d'instrumentaliser la justice pour la museler, en lançant des enquêtes contre plusieurs de ses membres.
Le 8, des opposants parviennent difficilement à organiser une réunion publique.
Le 14, des milliers de manifestants à Tunis dénoncent une "dictature" instaurée par M. Saied.
Législatives: les Tunisiens aux urnes
Le 29 janvier, la Tunisie organise le deuxième tour de législatives destinées à élire un Parlement privé de réels pouvoirs, l'une de dernières étapes de l'instauration d'un système ultra-présidentialiste.