Tunisie: L’opposition appelle à l'union contre Saied après un nouveau revers électoral

La militante de l'opposition Chaima Issa, qui a mené des manifestations contre Saied et fait face à un tribunal militaire pour avoir insulté le président, a décrit le scrutin comme une «élection fantôme». (Reuters)
La militante de l'opposition Chaima Issa, qui a mené des manifestations contre Saied et fait face à un tribunal militaire pour avoir insulté le président, a décrit le scrutin comme une «élection fantôme». (Reuters)
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Publié le Lundi 30 janvier 2023

Tunisie: L’opposition appelle à l'union contre Saied après un nouveau revers électoral

  • Le président de l'autorité électorale Isie, Farouk Bouasker, a annoncé un taux de participation provisoire de 11,3% au deuxième tour des législatives, à comparer à un chiffre préliminaire de 8,8% au premier tour
  • Les jeunes qui avaient porté au pouvoir M. Saied, en 2019, ont massivement boudé les urnes avec un peu moins de 5% de votants ayant entre 18 et 25 ans

TUNIS: La principale coalition d'opposants en Tunisie a appelé dimanche à former un front uni politique et syndical pour faire partir le président Kais Saied après un taux d'abstention record lors d'un scrutin pour élire le nouveau Parlement.

Le Front de salut national (FSN) a appelé les autres partis d'opposition, la société civile et la puissante centrale syndicale UGTT à "travailler main dans la main pour créer le changement par le départ de Kais Saied et aller à une élection présidentielle anticipée".

Selon Ahmed Nejib Chebbi, président du FSN qui inclut le parti d'inspiration islamiste Ennahdha, le maigre taux de participation de 11,3% --chiffres préliminaires--, annoncé pour le deuxième tour des législatives dimanche, "prouve encore une fois l'échec total" de Kais Saied.

Cela veut dire que "près de 89% ont tourné le dos à cette pièce de théâtre et refusé de participer au processus" politique de M. Saied, a-t-il dit.

Le premier tour avait déjà été marqué par une abstention de quasi 90%, un record depuis l'avènement de la démocratie dans le pays berceau du Printemps arabe où certains scrutins rassemblaient jusqu'à 70% des électeurs dans la dernière décennie.

"Je n'ai pas confiance dans la classe politique. Saied pouvait faire un changement radical. Il (...) n'a rien fait", déplore Omrane Dhouib, un boulanger abstentionniste de 37 ans interrogé à Tunis.

L'élection de 131 députés (sur 161 sièges dont 30 déjà pourvus au premier tour) représente l'ultime étape de réformes imposées depuis 18 mois par le président Kais Saied pour revenir à un système hyper-présidentialiste, similaire à celui d'avant la révolution de 2011 et la chute du dictateur Ben Ali.

Estimant le pays ingouvernable, M. Saied s'est emparé de tous les pouvoirs le 25 juillet 2021, puis a révisé la Constitution l'été dernier pour abolir le système parlementaire hybride en vigueur.

«Campagne fade»

Les experts ont expliqué la faible affluence par divers facteurs dont un mot d'ordre de boycott du scrutin par les principaux partis politiques.

Malgré de profondes divisions qui l'empêchent de mobiliser dans la rue, l'opposition a dénoncé de façon unanime un processus qualifié de "coup d'Etat" et une "dérive dictatoriale" de M. Saied.

Autre motif: la majorité des candidats étaient inconnus et sans affiliation politique.

Les rares électeurs ont donc fait des choix personnels, les plus âgés disant surtout "accomplir leur devoir électoral".

Belhassen Ben Safta, chauffeur de taxi de 60 ans, entend ne "jamais laisser à l'ancien système (Ennahdha) la possibilité de revenir. Ils sont responsables de notre misère".

A Gafsa (sud), Mohamed Tlijani et Ali Krimi, deux quinquagénaires, sont venus voter pour un cousin, estimant "avoir le droit d'être représentés au Parlement".

Selon des experts, une partie de la population, partageant l'aversion de M. Saied pour les partis politiques, approuve sa limitation des pouvoirs du futur Parlement qui pourra difficilement renverser le gouvernement et jamais ne pourra destituer le président.

«Désintérêt»

"Vu le désintérêt" pour la politique, "ce Parlement aura peu de légitimité, le président, tout-puissant grâce à la Constitution de 2022, pourra le dominer à sa guise", dit à l'AFP Youssef Cherif, expert du Columbia Global Centers.

L'attention des 12 millions de Tunisiens est ailleurs.

"Je ne vote jamais. Tous les secteurs économiques souffrent et Saied ne s'y intéresse pas", dénonce Mohamed Abidi, un serveur de 51 ans à Tunis.

Les Tunisiens ont vu leur pouvoir d'achat dégringoler avec une inflation supérieure à 10% et endurent des pénuries de denrées subventionnées (lait, sucre ou huile).

La croissance est poussive, le chômage élevé (plus de 15%) et plus de 32.000 Tunisiens ont émigré clandestinement l'an passé.

Motif d'inquiétude supplémentaire: des négociations avec le FMI pour un prêt de 1,9 milliard de dollars, clef d'autres aides étrangères, piétinent depuis des mois. Ce qui a amené l'agence américaine Moody's à dégrader samedi d'un nouveau cran la note de la dette à long terme tunisienne, jugeant "plus élevé" le risque d'un défaut de paiement.

Le blocage des pourparlers viendrait de désaccords entre le président Saied et son gouvernement sur le programme soumis au FMI en échange de son aide.

M. Saied hésite, selon les experts, à adopter des mesures impopulaires comme la levée des subventions sur les produits de base et une restructuration des entreprises publiques surendettées et aux effectifs pléthoriques.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.