PARIS : Utilisation du compte officiel de l'Elysée par le candidat Macron, de CNews par Eric Zemmour, dépenses irrégulières: les comptes de campagne des douze candidats à la présidentielle de 2022 ont tous été approuvés, malgré quelques sanctions financières.
Onze d'entre eux ont été publiés vendredi au Journal Officiel, Marine Le Pen contestant devant le Conseil constitutionnel l'invalidation de plus de 300.000 euros de ses frais de campagne.
- Emmanuel Macron -
La Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) a amputé de 100.000 euros le remboursement de ses frais de campagne.
Motif: la publication de sa candidature à la présidentielle sur les comptes Twitter et Facebook de l’Élysée, alors respectivement suivis par «7,9 millions et 4,3 millions d'abonnés».
«Il a ainsi bénéficié d'une audience importante constituée grâce à des moyens publics», un «avantage indirect» et «prohibé», selon l'organisme.
La CNCCFP a également décidé d'exclure plusieurs frais, notamment quelques 30.000 euros versés à une photographe, une prime qui doit être payée par le parti présidentiel, d'après la Commission.
Du côté de l'équipe de campagne du candidat, on souligne que les montants épinglés ne concernent que 1% des frais engagés.
La Commission n'a pas non plus établi de «mélange de genre» entre les activités du président et du candidat, se félicite le parti Renaissance.
Elle n'a pas relevé d'irrégularités avec les cabinets de conseil l'an dernier.
- Eric Zemmour -
Le candidat d'extrême droite Eric Zemmour, arrivé quatrième de la présidentielle, a reçu la sanction forfaitaire la plus importante, 200.000 euros.
La Commission a estimé que grâce à son émission «Face à l'info» sur CNews, il avait bénéficié, alors qu'il ne s'était pas encore officiellement déclaré, d'«une promotion de sa personnalité».
Elle lui a aussi reproché de ne pas avoir versé des droits d'auteur, estimés à 16.000 euros, quand il avait utilisé, sans autorisation, des images dans sa vidéo de candidature.
- Marine Le Pen -
C'est la seule candidate dont les comptes, bien qu'approuvés, n'ont pas été publiés.
La CNCCFP attend la décision du Conseil constitutionnel, saisi par le Rassemblement national qui conteste l'invalidation de plus de 300.000 euros de ses frais de campagne.
La Commission a retoqué, en effet, les dépenses de «flocage et déflocage» de douze cars loués dans le cadre de la campagne.
- Jean-Luc Mélenchon -
La CNCCFP a décidé de diminuer de 12.178 euros les «frais de transport de la campagne officielle en Outre-mer».
Elle a aussi amputé de 15.000 euros le remboursement de ses frais de campagne, estimant que «le grand nombre» d'autocollants imprimés à l'occasion, 1,2 million, n'était pas justifié.
- Valérie Pécresse -
La Commission a infligé une sanction de 15.000 euros à la candidate LR, qui n'a pas atteint le seuil des 5% des suffrages exprimés et qui a fait un appel aux dons pour rembourser ses frais de campagne.
L'organisme a notamment constaté que «onze dépenses de location de salles (...) n'ont pas été intégrées au compte de campagne».
La CNCCFP s'est également attardée sur le rôle des cabinets de conseil, son directeur de campagne ayant été consultant pour l'un d'eux. «La Commission constate qu'en l'état, elle ne dispose d'aucun élément de nature à remettre en cause le contenu et la portée» des déclarations de la candidate et du directeur de campagne».
- Les autres candidats -
Parmi les autres candidats, quatre d'entre eux n'ont pas subi de sanction financière. Il s'agit de l'iconoclaste Jean Lassalle, de Fabien Roussel (PCF), Anne Hidalgo (PS) et Nathalie Arthaud (LO).