Crashs de 737 MAX: Boeing au tribunal pour faire face aux familles de victimes

Lors de cette audience à Fort Worth, au Texas, un représentant de Boeing doit théoriquement plaider coupable ou non-coupable des accusations portées à l'encontre de l'avionneur pour son rôle dans les accidents des avions de Lion Air en 2018 et Ethiopian Airlines en 2019 qui avaient fait 346 morts au total (Photo, AFP).
Lors de cette audience à Fort Worth, au Texas, un représentant de Boeing doit théoriquement plaider coupable ou non-coupable des accusations portées à l'encontre de l'avionneur pour son rôle dans les accidents des avions de Lion Air en 2018 et Ethiopian Airlines en 2019 qui avaient fait 346 morts au total (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 26 janvier 2023

Crashs de 737 MAX: Boeing au tribunal pour faire face aux familles de victimes

  • Savoir si le magistrat va accéder aux demandes des familles reste très incertain
  • Le patron de Boeing n'a pas voulu se prononcer sur le fond de l'affaire

NEW YORK: Boeing est convoqué jeudi au tribunal pour faire face aux proches de passagers tués lors des crashs de deux 737 MAX, qui demandent la révision d'un accord passé entre l'avionneur et le gouvernement américain.

Lors de cette audience à Fort Worth, au Texas, un représentant de Boeing doit théoriquement plaider coupable ou non-coupable des accusations portées à l'encontre de l'avionneur pour son rôle dans les accidents des avions de Lion Air en 2018 et Ethiopian Airlines en 2019 qui avaient fait 346 morts au total.

Plusieurs familles de victimes prendront ensuite la parole pour faire valoir leurs griefs.

Le ministère américain de la Justice avait conclu un accord avec Boeing en janvier 2021 l'accusant d'avoir induit en erreur le régulateur de l'aviation lors du processus d'autorisation du MCAS, un système clé de l'appareil mis en cause dans les accidents, mais lui accordant également au passage une certaine immunité.

L'accord dit de poursuite différée (DPA), qui incluait le versement de 2,5 milliards de dollars d'amendes et de compensations, prévoit que le ministère retire l'inculpation au bout de trois ans si l'entreprise respecte certaines conditions.

Un accord bien trop complaisant aux yeux des familles de victimes, qui ont saisi la justice pour ne pas avoir été consultées.

Le magistrat en charge du dossier, Reed O'Connor, a reconnu en octobre qu'elles pouvaient être considérées comme des "victimes de crimes" et avaient donc, à ce titre, le droit d'être entendues. La semaine dernière, il a convoqué Boeing à une audience.

«Traitement de faveur»

Les plaignants aimeraient idéalement que le juge révise l'accord, notamment en retirant l'immunité attribuée à Boeing et en imposant à l'entreprise un auditeur indépendant, ont expliqué à l'AFP deux de leurs avocats.

"Nous pensons que Boeing a bénéficié d'un traitement de faveur", a indiqué l'un d'entre eux, Paul Cassell. "C'est une affaire impliquant la mort de 346 personnes. Pourquoi ne voudriez-vous pas qu'une équipe indépendante s'assure que les comportements criminels ne sont plus en cours?"

Boeing et le ministère américain de la Justice s'opposent à la réouverture de l'accord.

Dans son acte d'accusations, le ministère avait épinglé les agissements de deux salariés de Boeing mais n'avait pas mis en cause la direction.

Les procureurs avaient également estimé qu'il n'était pas nécessaire de nommer un auditeur indépendant car les actes répréhensibles n'étaient "pas généralisés" ou "facilités par les hauts responsables".

A l'appui des accusations des familles de victimes, l'autorité américaine des marchés financiers a reproché en septembre au groupe et à son directeur général de l'époque, Dennis Muilenburg, d'avoir émis plusieurs messages affirmant, après les deux accidents mortels, que le 737 MAX ne présentait pas de risque alors même qu'ils savaient que le système MCAS posait problème.

Sans reconnaître ni démentir les conclusions de l'autorité, Boeing avait alors accepté de verser 200 millions de dollars.

Savoir si le magistrat va accéder aux demandes des familles reste très incertain.

"Le juge pourrait annuler le DPA mais je pense que c'est peu probable", estime John Coffee, professeur à l'université Columbia, pour qui l'accord est révélateur de la tendance des autorités à ne pas vouloir s'attaquer trop durement aux grosses entreprises.

Quand il s'agit d'engager des poursuites, "la loi accorde aux procureurs et au pouvoir exécutif une grande discrétion", explique-t-il à l'AFP.

Brandon Garrett, juriste à l'université Duke, estime que les tribunaux devraient prendre en compte l'intérêt général lorsqu'ils doivent valider ou non les DPA.

Mais ils optent généralement pour une approche "très restrictive", ajoute le professeur.

Et même si le juge O'Connor décidait de réviser l'accord, "j'imagine que le ministère ferait appel en invoquant son droit à suspendre les inculpations", relève-t-il.

Interrogé mercredi sur l'audience par la chaîne CNBC, le patron de Boeing n'a pas voulu se prononcer sur le fond de l'affaire. Mais il est normal que les familles saisissent toute occasion pour partager leurs griefs, a-t-il estimé. "Cela rappelle (...) à quel point la sécurité est importante."


L'Otan en plein doute sur son avenir face à la tempête Trump

Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
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  • Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer.
  • les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

BRUXELLES : Les tirs de barrage américains contre les pays européens de l'Otan ébranlent jusqu'aux fondements de l'Alliance atlantique, qui a cependant toutes les peines du monde à imaginer un avenir sans les États-Unis.

Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer. Un diplomate interrogé sous couvert d'anonymat décrit l'agressivité de la nouvelle administration américaine comme un « traumatisme ».

Ce changement se fera-t-il avec ou sans les États-Unis ? La question agite les couloirs du siège de l'Alliance à Bruxelles.

« On connaît la direction : moins d'États-Unis et plus d'Europe », résume un diplomate sous couvert d'anonymat. Cependant, de nombreuses questions restent en suspens.

En deux mois, Donald Trump s'en est pris au Canada qu'il entend voir devenir le 51ᵉ État américain, et au Danemark, dont il revendique l'un des territoires, le Groenland. 

Plusieurs responsables américains, dont le vice-président J. D. Vance, n'ont pas caché leur mépris à l'égard des Européens, considérés comme des « profiteurs » et des passagers clandestins d'une alliance où, dénoncent-ils, ils ne paient pas leur dû.

Depuis le 20 janvier, date du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, « l'optimisme est de moins en moins de mise », confie un diplomate. « Les États-Unis n'ont pas encore pris de décisions concrètes, mais on dirait que chaque jour est porteur d'un nouveau coup contre les fondations de l'Alliance. »

- Transition « désordonnée » -

Pour Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l'Otan et chercheur auprès de l'ECFR, trois scénarios sont possibles.

Celui de la transition ordonnée : les Américains se désengagent, mais en bon ordre, à la suite d'une négociation qui donne aux Européens le temps de se préparer. « Cela permet d'éviter les incertitudes », assure-t-il dans un entretien avec l'AFP.

Celui de la transition « désordonnée » : les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

Le retrait se fait « en mode crise », avec des « menaces et des annonces désordonnées ». C'est « le scénario dominant » aujourd'hui, estime l'analyste.

Il y a aussi le scénario cauchemar pour nombre d'Alliés : le retrait « de facto ou de jure ». Les États-Unis se désintéresseront de la défense du continent européen.

Donald Trump exige que les Européens et les Canadiens consacrent au moins 5 % de leur PIB à cette défense, alors qu'ils sont à moins de 2 % pour l'Italie ou l'Espagne. La marche est très haute. Mais tous savent qu'il faudra « annoncer » quelque chose au sommet de l'OTAN en juin, selon un diplomate.

Le Secrétaire général de l'Alliance Mark Rutte a évoqué un chiffre entre 3,5 et 3,7 %. Ce sera difficile, mais c'est une question de priorités dans les dépenses nationales, ajoute-t-il. 

Personne ne sait si ce chiffre sera suffisant pour Donald Trump.

- "Cinq ans" -

En attendant, beaucoup à Bruxelles et dans les autres capitales européennes s'interrogent sur un "après" Etats-Unis.

"Nous avons toujours su que le moment viendrait où l'Amérique se retirerait en quelque sorte et où l'Europe devrait faire davantage", rappelle ainsi Jamie Shea, ancien porte-parole de l'Otan et expert auprès du think tank londonien Chatam House.

Et le calendrier est très serré. Les Européens ont "cinq ans" pour recréer une dissuasion face à la menace russe, juge ainsi Camille Grand. Un calcul basé sur le temps jugé nécessaire, selon plusieurs services de renseignement, pour que la Russie reconstitue son armée et soit en mesure de menacer un pays de l'Otan, explique-t-il. 

Selon cet expert français, les Européens en sont capables, même si un investissement substantiel sera nécessaire pour combler l'apport américain en termes de renseignement, de satellites ou de logistique. « Il n'y a pas de raison que 500 millions d'Européens ne puissent pas dissuader 140 millions de Russes », assure-t-il.

Plusieurs pays en doutent. « Les États-Unis restent indispensables pour une dissuasion crédible », estime ainsi un diplomate européen auprès de l'Otan.


Le Wisconsin, théâtre d'une première défaite électorale pour Trump et Musk

 Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin,
  • En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias

WASHINGTON : Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin, un scrutin habituellement d'ampleur locale, marqué cette fois-ci par la forte implication d'Elon Musk.

Selon les projections de plusieurs médias américains, Susan Crawford, soutenue par les démocrates, a remporté un siège pour dix ans à la Cour suprême de cet État de la région des Grands Lacs.

Elle faisait face à Brad Schimel, soutenu par Donald Trump et par le multimilliardaire Elon Musk, et dont la victoire aurait fait basculer la haute instance du Wisconsin du côté conservateur.

En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias.

Mardi soir, le président a mis à profit sa plateforme Truth Social pour se féliciter des deux « larges » victoires de son camp en Floride, mettant en avant son « soutien » aux candidats.

Il n'a en revanche pas commenté le résultat pour la Cour suprême du Wisconsin, préférant y retenir l'adoption, par un référendum organisé le même jour, d'une mesure obligeant les électeurs à présenter une pièce d'identité avec photo afin de pouvoir voter.

« C'est une grande victoire pour les républicains, peut-être la plus grande de la soirée », a-t-il écrit.

« Le plus important » 

Elon Musk n'a pas non plus réagi à la défaite de Brad Schimel, et a plutôt salué l'issue du référendum local. « C'était le plus important », a-t-il affirmé sur son réseau social X.

Le patron de Tesla et Space X s'inquiétait d'un potentiel rééquilibrage par la Cour suprême locale dans le découpage des circonscriptions électorales, en faveur des démocrates. État pivot, le Wisconsin avait été remporté par Donald Trump à la présidentielle de novembre.

« C'est l'une de ces situations étranges où une petite élection en apparence pourrait déterminer le destin de la civilisation occidentale », avait lancé Elon Musk mardi.

Le président républicain avait, lui, publié lundi sur Truth Social un message de soutien à Brad Schimel. Il s'en était surtout pris à Susan Crawford, qui serait, selon lui, « un désastre pour le Wisconsin et pour les États-Unis d'Amérique ».

Un peu plus de deux mois après le début de son mandat, les enquêtes d'opinion indiquent une baisse relative de la popularité de Donald Trump. Ces élections dans le Wisconsin et en Floride étaient les premières véritables épreuves auxquelles il faisait face dans les urnes depuis novembre.

Campagne onéreuse 

Mardi, le trumpiste Randy Fine a bien remporté le siège en jeu à la Chambre des représentants face au démocrate Josh Weil, mais avec une avance bien plus mince qu'il y a quelques mois.

Ces résultats ont « de quoi donner des sueurs froides à mes collègues républicains », a déclaré sur la chaîne MSNBC Hakeem Jeffries, responsable de la minorité démocrate à la Chambre des représentants. Cela fait écho à la difficulté de l'opposition à se faire entendre depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Dans le Wisconsin, les deux camps avaient sorti l'artillerie lourde pour une élection qui, d'ordinaire, passe inaperçue dans le reste du pays.

Selon le Centre Brennan de l'université de New York, c'est « le scrutin judiciaire le plus coûteux de l'histoire américaine », avec plus de 98 millions de dollars déversés dans la campagne, dont 53 millions en faveur du candidat conservateur.

Elon Musk n'est pas étranger à cela.

« Il a dépensé plus de 25 millions de dollars pour essayer de m'empêcher de siéger à la Cour suprême du Wisconsin », a lancé dimanche Susan Crawford lors d'un rassemblement.

Son équipe de campagne avait récemment accusé Elon Musk de vouloir « acheter un siège à la Cour suprême du Wisconsin afin d'obtenir une décision favorable » dans des poursuites engagées par Tesla, son entreprise de véhicules électriques, contre les autorités du Wisconsin.


Amnesty International demande à la Hongrie d'arrêter M. Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le Premier ministre israélien doit se rendre cette semaine dans un pays membre de la Cour pénale internationale
  • Cette visite " ne doit pas devenir un indicateur de l'avenir des droits humains en Europe "

LONDRES : Amnesty International a demandé à la Hongrie d'arrêter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à la suite d'informations selon lesquelles il se rendra dans cet État membre de l'UE mercredi à l'invitation de son homologue hongrois Viktor Orban.

M. Netanyahou fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en novembre par la Cour pénale internationale en raison de la conduite d'Israël à Gaza.

M. Orban, proche allié de M. Netanyahu, a déclaré qu'il n'exécuterait pas le mandat. En tant qu'État membre, la Hongrie est tenue d'exécuter tout mandat d'arrêt délivré par la CPI.