Boeing, accusé d'avoir trompé les investisseurs sur la sécurité du 737 MAX, paie 200 millions

«Après le premier crash, Boeing et Muilenburg savaient que le MCAS posait un problème de sécurité, mais ont néanmoins assuré au public que le 737 MAX était "aussi sûr que tout avion ayant jamais volé dans le ciel"», remarque la SEC dans un communiqué (Photo, AFP).
«Après le premier crash, Boeing et Muilenburg savaient que le MCAS posait un problème de sécurité, mais ont néanmoins assuré au public que le 737 MAX était "aussi sûr que tout avion ayant jamais volé dans le ciel"», remarque la SEC dans un communiqué (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Vendredi 23 septembre 2022

Boeing, accusé d'avoir trompé les investisseurs sur la sécurité du 737 MAX, paie 200 millions

  • Boeing avait déjà reconnu en janvier 2021 que deux de ses employés avaient induit en erreur un groupe de l'autorité américaine de l'aviation
  • L'ancien directeur général de l'entreprise, Dennis Muilenburg, a pour sa part accepté de payer un million de dollars de pénalités

NEW YORK: Accusé par le gendarme américain des marchés financiers (SEC) d'avoir émis publiquement plusieurs messages affirmant, après deux accidents aériens mortels, que le 737 MAX ne présentait pas de risque, Boeing a accepté jeudi de verser 200 millions de dollars.

Responsable à l'époque de ces messages, l'ancien directeur général de l'entreprise, Dennis Muilenburg, a pour sa part accepté de payer un million de dollars de pénalités.

C'est principalement un problème sur un logiciel de vol, le MCAS, qui a conduit un 737 MAX de Lion Air en octobre 2018 puis un appareil similaire d'Ethiopian Airlines en mars 2019 à piquer du nez sans que les pilotes ne parviennent à les redresser. Les crash ont fait 346 morts et entraîné l'immobilisation du 737 MAX pendant vingt mois.

"Après le premier crash, Boeing et Muilenburg savaient que le MCAS posait un problème de sécurité, mais ont néanmoins assuré au public que le 737 MAX était 'aussi sûr que tout avion ayant jamais volé dans le ciel'", remarque la SEC dans un communiqué.

"Plus tard, à la suite du deuxième accident, Boeing et Muilenburg ont assuré au public qu'il n'y avait eu aucun dérapage ni aucune lacune dans le processus de certification du MCAS, bien qu'ils aient eu connaissance d'informations contraires", ajoute l'agence.

Boeing avait déjà reconnu en janvier 2021 que deux de ses employés avaient induit en erreur un groupe de l'autorité américaine de l'aviation en charge de préparer la formation des pilotes au logiciel MCAS.

Le géant de l'aéronautique avait alors accepté de verser plus de 2,5 milliards de dollars pour solder certaines poursuites - dont une amende pénale de 243,6 millions, 1,77 milliard d'indemnités aux compagnies aériennes ayant commandé le 737 MAX et 500 millions pour un fond destiné à indemniser les proches des victimes.

Obligation élémentaire

La SEC a estimé de son côté que Boeing et M. Muilenburg avaient enfreint les lois boursières en induisant en erreur les investisseurs.

S'ils ont accepté de verser une pénalité, le groupe comme l'ex-responsable n'admettent ni ne démentent les conclusions de l'agence, précise le communiqué.

"En temps de crise et de tragédie, il est particulièrement important que les entreprises cotées en Bourse et leurs dirigeants fournissent des informations complètes, justes et véridiques aux marchés. La société Boeing et son ancien patron, Dennis Muilenburg, ont manqué à cette obligation la plus élémentaire", a commenté le président de la SEC, Gary Gensler, dans le communiqué.

La SEC reproche notamment à Boeing d'avoir diffusé un mois après l'accident de Lion Air un communiqué, annoté et approuvé par M. Muilenburg, ne mettant en avant que certains passages d'un rapport des autorités indonésiennes suggérant que le pilote et une mauvaise maintenance étaient à blâmer.

Le document omettait par ailleurs de mentionner une évaluation faite en interne estimant que le MCAS posait bien "un problème de sécurité aérien" et que Boeing avait déjà commencé à travailler sur des modifications pour y remédier.

Six semaines après le crash de l'avion d'Ethiopian Airlines, M. Muilenburg a par ailleurs affirmé à des analystes et des journalistes qu'il n'y avait eu aucune surprise dans le processus de certification du MCAS et que Boeing avait bien vérifié avoir suivi toutes les étapes réglementaires.

Des documents ont, plus tard, montré que Boeing avait déjà identifié des problèmes dans le processus.

L'accord passé avec la SEC "fait partie des efforts plus larges de l'entreprise visant à résoudre de manière responsable les questions juridiques en suspens liées aux accidents du 737 MAX d'une manière qui serve au mieux les intérêts de nos actionnaires, employés et autres parties prenantes", a indiqué un porte-parole de Boeing.

Le groupe a, depuis 2019, "fait de grands et profonds changements" afin de "solidifier les processus de sécurité et la supervision des questions de sécurité", a-t-il ajouté.


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Short Url
  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Short Url
  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Short Url
  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.