Meurtre d'Alexia: Jonathann Daval condamné à 25 années de réclusion criminelle

Jonathann Daval, accusé du meurtre de sa femme Alexia, arrive avec le père de sa femme Jean-Pierre Fouillot et sa mère Isabelle Fouillot, pour tenir une conférence de presse à la Hôtel de ville de Gray, dans l'est de la France, le 2 novembre 2017 (Photo, AFP)
Jonathann Daval, accusé du meurtre de sa femme Alexia, arrive avec le père de sa femme Jean-Pierre Fouillot et sa mère Isabelle Fouillot, pour tenir une conférence de presse à la Hôtel de ville de Gray, dans l'est de la France, le 2 novembre 2017 (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 22 novembre 2020

Meurtre d'Alexia: Jonathann Daval condamné à 25 années de réclusion criminelle

  • « C'est une très bonne décision, exactement ce que j'espérais, à la hauteur de notre souffrance, ça va nous permettre de tourner une page »
  • L'avocat général avait pointé samedi matin un « crime conjugal (...) presque parfait »

VESOUL : Jonathann Daval a été condamné samedi par la cour d'assises de la Haute-Saône à 25 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de sa femme Alexia, à l'issue d'un procès haletant et hyper médiatisé.

Après deux heures et demi de délibéré, les jurés ont donc rendu un verdict plus clément que les réquisitions de l'avocat général Emmanuel Dupic qui avait demandé la réclusion criminelle à perpétuité.

L'une de ses avocates, Me Ornella Spatafora, a rapidement indiqué que M. Daval ne ferait pas appel du jugement.

Dans son box, Jonathann Daval a accueilli la décision, impassible, alors qu'à l'extérieur du tribunal, quelques dizaines de badauds se massaient derrière les barrières qui en barraient l'accès.

Au prononcé du verdict, l'accusé a regardé sa propre famille tandis que sur les bancs des parties civiles, Jean-Pierre Fouillot, le père d'Alexia, passait un bras autour des épaules de son épouse Isabelle.

Quelques minutes plus tard, cette dernière est allée à la rencontre des journalistes, comme elle l'avait fait régulièrement tout au long du procès: « C'est une très bonne décision, exactement ce que j'espérais, à la hauteur de notre souffrance, ça va nous permettre de tourner une page ».

« C'était trois ans de combat » mené « juste pour elle », et « nous sommes arrivés à la fin », a-t-elle enchaîné les larmes aux yeux et le regard tourné vers le ciel, « j'espère qu'aucun d'entre vous, aucun Français ne l'oubliera ».

« La justice a bien fait son travail, a compris notre douleur », a renchéri Jean-Pierre Fouillot.

Avant que la cour ne se retire pour délibérer, Jonathann Daval avait eu la parole en dernier dans ce procès qui s'était ouvert lundi. « Pardon, pardon », avait-il alors imploré, tourné vers les parents d'Alexia qui l'avaient longtemps considéré comme un fils.

« Crime presque parfait »

Dans son réquisitoire, l'avocat général avait pointé samedi matin un « crime conjugal (...) presque parfait », perpétré par l'accusé au motif qu'Alexia voulait le quitter.

Le magistrat en avait appelé au « courage » des jurés. « Du fait de la médiatisation de cette affaire, cette décision sera regardée », avait-il relevé, avant de requérir « la réclusion criminelle à perpétuité », sans peine de sûreté. A cet instant là aussi, Jonathann Daval était resté stoïque.

« Je crois (...) qu'il l'a tuée parce qu'Alexia voulait le quitter, tout simplement », avait soutenu M. Dupic qui a dépeint l'accusé en « manipulateur » et en « menteur ».

Ce crime « particulièrement épouvantable », c'est « une affaire de crime conjugal qui est devenue, en raison de la médiatisation, extrêmement emblématique », avait également souligné le magistrat.

Avocat de Jonathan Daval, Randall Schwerdorffer a assuré que le meurtre n'était « pas prémédité, pas réfléchi ». « C'est ce qu'on appelle +un coup de sang+ », a-t-il lancé d'une voix de stentor, arpentant le prétoire face aux jurés qu'il a exhortés à ne pas se livrer à une « boucherie judiciaire ».

« La perpétuité c'est une peine qu'on prononce pour les criminels les plus dangereux de la société: Francis Heaulme, tueur d'enfants, Michel Fourniret, Marc Dutroux, Guy Georges... Quel est le point commun avec Jonathann Daval ? Aucun. Si, la médiatisation », a poursuivi Me Schwerdorffer.

« Jonathann est effectivement un criminel. Il ne le conteste pas, vous allez le juger. Mais un jugement ce n'est pas une vengeance. Ce qu'on vous réclame, sur les bancs des parties civiles, c'est une vengeance, à cause des médias, des mensonges, parce qu'il a trahi ses beaux-parents (...) Tout ce qui fait l'affaire Daval, c'est la médiatisation », a-t-il insisté.

Sa consœur, Me Ornella Spatafora, avait déjà exclu toute « dangerosité criminologique » de Jonathann Daval, appelant les jurés à prononcer " »une peine juste » qui « sanctionnera Jonathann pour ce qu'il a fait et l'homme qu'il est ».

Au cours des débats, Jonathann Daval, un informaticien de 36 ans, avait reconnu avoir tué intentionnellement son épouse.

« J'ai plus d'avenir (...) Je dois payer pour les actes que j'ai commis" », a admis vendredi ce trentenaire émacié aux allures de frêle adolescent, victime mercredi soir d'un malaise vagal en plein interrogatoire.

#Metoo

Jeudi, il était longuement revenu sur le soir du crime, perpétré dans la nuit du 27 au 28 octobre 2017, sur fond de difficultés conjugales aiguës: Alexia souhaitait ardemment un enfant mais son mari, qui souffrait de troubles de l'érection, la fuyait de plus en plus.

Selon ses dires, il avait refusé une relation sexuelle à son épouse. Il tente, comme à son habitude, de fuir le conflit mais une violente dispute aurait alors éclaté. Puis Alexia l'aurait mordu, provoquant sa rage: « La morsure, ça m'a mis hors de moi ».

Il la frappe et l'étrangle: c'est « la colère de toutes ces années qui est ressortie (...) D'où l'étranglement pour qu'elle se taise », a-t-il dit, arguant qu'Alexia « l'humiliait ».

Le lendemain, il emporte le corps dans un bois et y met le feu avant de donner l'alerte à la gendarmerie, prétendant que sa femme a disparu lors d'un jogging. Le corps d'Alexia sera retrouvé deux jours plus tard.

Pendant trois mois, son visage de veuf éploré était apparu dans tous les médias, avant qu'il ne soit confondu, contribuant à alimenter la médiatisation intense de cette affaire en pleine vague #MeToo.


Le Liban réforme le secret bancaire, une mesure clé pour ses bailleurs

Cette photo prise le 20 mai 2020 montre une vue de l'entrée fortifiée de la Banque du Liban, la banque centrale du Liban, dans la capitale Beyrouth. (AFP)
Cette photo prise le 20 mai 2020 montre une vue de l'entrée fortifiée de la Banque du Liban, la banque centrale du Liban, dans la capitale Beyrouth. (AFP)
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  • Le Liban a accordé jeudi, par un vote au Parlement, un accès plus large des organismes de contrôle aux informations bancaires, une réforme clé réclamée dans ce pays
  • Le gouvernement a indiqué que la loi s'appliquerait de manière rétroactive sur 10 ans

BEYROUTH: Le Liban a accordé jeudi, par un vote au Parlement, un accès plus large des organismes de contrôle aux informations bancaires, une réforme clé réclamée dans ce pays, plongé dans une grave crise économique, par les bailleurs internationaux, dont le FMI.

Le gouvernement a indiqué que la loi s'appliquerait de manière rétroactive sur 10 ans, couvrant donc le début de la crise économique lorsque les banquiers ont été accusés d'aider des personnalités à transférer des fonds importants à l'étranger.

Le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a salué une "étape indispensable vers la réforme financière" que son gouvernement a promis de réaliser et un "pilier essentiel d'un plan de reconstruction".

Cette mesure, a-t-il ajouté, est "fondamentale pour restaurer les droits des déposants et la confiance des citoyens et de la communauté internationale". Il a mis en avant que l'opacité financière, prévalant de longue date au Liban, n'était plus aussi attractive pour les investisseurs qu'elle avait pu l'être.

"Il ne faut pas croire qu'avec cette loi, n'importe qui va entrer dans une banque et demander des détails sur un compte", a tempéré le ministre des Finances, Yassine Jaber, en déplacement à Washington avec son collègue de l'Economie, Amer Bisat, et le nouveau gouverneur de la Banque centrale, Karim Souaid.

Ces responsables doivent se rendre à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international (FMI).

Le Liban a longtemps été une plaque-tournante financière régionale, dont la législation stricte sur le secret bancaire était perçue comme un atout, jusqu'à la profonde crise économique et financière qui a éclaté en 2019 et terni sa réputation.

Depuis, les autorités sont sous pression, interne et internationale, pour réformer une législation accusée d'avoir permis une fuite de capitaux au déclenchement de la crise, alors que les simples déposants étaient privés de leur épargne et que la valeur de la monnaie locale plongeait.

- Loi rétroactive sur dix ans -

Selon le groupe de défense des droits libanais Legal Agenda, les changements votés jeudi autorisent "les organes de contrôle et de régulation bancaire (...) à demander l'accès à toutes les informations sans raison particulière".

Ces organismes pourront avoir accès à des informations comme le nom des clients et les détails de leurs dépôts, et enquêter sur d'éventuelles activités suspectes, selon Legal Agenda.

La communauté internationale exige depuis longtemps d'importantes réformes pour débloquer des milliards de dollars et aider à la relance de l'économie libanaise, dont les maux sont imputés à la mauvaise gestion et à la corruption.

La récente guerre entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien Hezbollah a aggravé la situation et le pays, à court d'argent, a besoin de fonds pour la reconstruction.

M. Salam a souligné que la réforme "ouvrait une page nouvelle" dans la lutte contre l'évasion fiscale, la corruption et le blanchiment.

Le ministre des Finances a relevé que la Banque centrale aura "plus de marge de manoeuvre" pour accéder à certains comptes.

Selon Alain Aoun, membre de la commission des finances du Parlement, une première réforme en 2022 avait été jugée insuffisante par le FMI. Les organismes de contrôle pourront désormais demander "l'information qu'ils veulent", a-t-il dit à l'AFP.

En avril 2022, le Liban et le FMI avaient conclu un accord sous conditions pour un prêt sur 46 mois de trois milliards de dollars, mais les réformes alors exigées n'ont pour la plupart pas été entreprises.

En février, le FMI s'est dit ouvert à un nouvel accord, et le nouveau gouvernement libanais a promis d'autres réformes. Il doit prochainement soumettre au Parlement un projet de loi pour restructurer le secteur bancaire.

Mercredi, le gouvernement a aussi signé un accord de 250 millions de dollars avec la Banque mondiale pour relancer son secteur électrique en déshérence, qui prive régulièrement les Libanais de courant.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.