Israël: un ministre clé démis sous la pression de la justice

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ( à gauche) préside la réunion hebdomadaire du cabinet à Jérusalem, le 22 janvier 2023.  (Photo : Maya Alleruzzo / POOL / AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ( à gauche) préside la réunion hebdomadaire du cabinet à Jérusalem, le 22 janvier 2023. (Photo : Maya Alleruzzo / POOL / AFP)
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Publié le Dimanche 22 janvier 2023

Israël: un ministre clé démis sous la pression de la justice

  • «C'est avec un cœur lourd et beaucoup de peine (...) que nous sommes contraints de vous relever de votre poste au gouvernement», a dit M. Netanyahu
  • Arié Dery a été nommé ministre de la Santé et de l'Intérieur dans le gouvernement formé fin décembre dans la foulée des élections législatives du 1er novembre

JÉRUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a été contraint, sous la pression de la justice, de démettre dimanche de ses fonctions le numéro deux du gouvernement Arié Dery, condamné pour fraude fiscale. 

Chef du parti ultra-orthodoxe Shass, la deuxième formation de la coalition de M. Netanyahu, Arié Dery a été nommé ministre de la Santé et de l'Intérieur dans le gouvernement formé fin décembre dans la foulée des élections législatives du 1er novembre. 

Mais mercredi, la Cour suprême d'Israël a invalidé sa nomination et rappelé que M. Dery avait annoncé début 2022 son retrait de la vie politique pour éviter la prison après sa condamnation pour fraude fiscale. 

"C'est avec un coeur lourd et beaucoup de peine (...) que nous sommes contraints de vous relever de votre poste au gouvernement", a dit M. Netanyahu lors de la réunion hebdomadaire du cabinet à Jérusalem en présence de M. Dery. 

Il a ajouté que le jugement "ignorait la volonté du peuple" et qu'il s'efforcerait de trouver un moyen légal pour que M. Dery puisse "contribuer au service de l'Etat d'Israël". 

« Un cirque » 

Sa mise à l'écart du gouvernement fait suite à la décision mercredi de la Cour suprême, la plus haute instance juridique du pays. 

Dans un communiqué, elle a annoncé avoir décidé à une majorité de dix juges sur onze que la nomination comme ministre de M. Dery, "ne peut être validée". "Le Premier ministre doit le limoger." 

Malgré l'annonce de son retrait de la vie politique, M. Dery a été élu député aux législatives de novembre puis nommé au gouvernement. 

Dans une première réaction, l'ex-Premier ministre et chef de l'opposition, Yaïr Lapid, a qualifié le gouvernement de "cirque" sur Twitter. 

"Netanyahu est faible, mais il doit nommer aujourd'hui un ministre de la Santé et un ministre de l'Intérieur à plein temps", a-t-il dit. "Les citoyens d'Israël ne devraient pas payer le prix de la corruption et du désordre de ce gouvernement." 

M. Lapid s'est joint samedi à Tel-Aviv à une manifestation ayant rassemblé quelque 100 000 Israéliens selon les estimations des médias, pour clamer leur refus de la politique du gouvernement Netanyahu, dont ils affirment craindre une dérive antidémocratique. 

Il s'agit de la plus importante manifestation depuis que Benjamin Netanyahu est revenu à la tête du gouvernement en décembre alliant partis de droite, d'extrême droite et ultraorthodoxes juifs, le plus à droite de l'histoire d'Israël. 

« Grave contradiction » 

M. Netanyahu est lui-même jugé pour corruption dans plusieurs affaires et son procès est en cours. 

En Israël, le Premier ministre ne dispose d'aucune immunité judiciaire mais n'a pas à démissionner ni à se retirer pendant la durée de son procès. 

Fin décembre, les députés ont voté un texte, baptisé "loi Dery" par la presse, autorisant une personne reconnue coupable d'un crime, mais pas condamnée à la prison ferme, à siéger au gouvernement. 

La Cour suprême a critiqué cette loi et estimé que la nomination de M. Dery était "en grave contradiction avec les principes fondamentaux de l'Etat de droit". 

Figure tutélaire de Shass, parti habitué à faire et défaire les coalitions depuis les années 1980, M. Dery a été ministre dans de nombreux gouvernements. 

En 1993, la Cour suprême avait déjà exigé qu'il soit démis de son poste de ministre de l'Intérieur, après avoir été mis en examen pour corruption. En 2000, il a été condamné à trois ans de prison et libéré après avoir purgé les deux tiers de sa peine. 

En Israël, où les lois fondamentales font office de Constitution, le pouvoir judiciaire est le seul en mesure de contrôler le gouvernement. 

Début janvier, le ministre de la Justice Yariv Levin a néanmoins annoncé un programme controversé de réformes du système judiciaire comprenant l'introduction d'une clause "dérogatoire" permettant au Parlement d'annuler à la majorité simple une décision de la Cour suprême. 

Cette réforme, qui doit être soumise au Parlement à une date non précisée, vise à accroître le pouvoir des élus sur celui des magistrats et met en péril selon ses détracteurs le caractère démocratique de l'Etat d'Israël. 

 

 


Trump annonce des discussions «directes» avec l'Iran sur le nucléaire

Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
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  • "Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain
  • Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau"

WASHINGTON: Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir.

"Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain.

Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau".

Il s'agit d'une annonce spectaculaire de la part du président américain, notoirement peu friand de tractations diplomatiques complexes impliquant plus de deux parties, alors que l'Iran avait rejeté dimanche tout dialogue direct avec Washington.

Téhéran a confirmé sa position après cette annonce.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doit avoir samedi à Oman des "entretiens indirects" avec l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé mardi l'agence iranienne Tasnim.

"Il s'agit autant d'une opportunité que d'un test. La balle est dans le camp de l'Amérique", avait écrit plus tôt M. Araghchi sur le résau social X, en annonçant la tenue de discussions "de haut niveau indirectes".

Proches alliés durant la monarchie Pahlavi, les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980 et la prise d'otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique.

Mais ils échangent indirectement par le biais de l'ambassade de Suisse à Téhéran. Le sultanat d'Oman a plusieurs fois joué un rôle de médiateur, et le Qatar dans une moindre mesure.

"Grand danger" 

"Nous traitons directement avec eux. Et peut-être que nous aurons un accord", a dit lundi le président américain, qui avait retiré avec fracas les Etats-Unis d'un accord international avec l'Iran lors de son premier mandat, en 2018.

Cet accord, conclu en 2015, prévoyait la levée de certaines sanctions en échange d'un encadrement des activités nucléaires iraniennes.

Donald Trump a dit lundi que si un nouvel accord était trouvé, il serait "différent et peut-être beaucoup plus robuste". Mais il a ajouté que l'Iran serait "en grand danger" si les discussions n'aboutissaient pas.

En attendant, l'Iran doit mener mardi à Moscou des consultations sur ce même dossier avec ses proches partenaires, la Russie et la Chine.

Benjamin Netanyahu, tenant d'une ligne dure face à Téhéran, a appelé à ce que l'Iran ne produise "jamais" d'arme nucléaire. Il a plaidé pour que les tractations diplomatiques débouchent sur un démantèlement "complet", évoquant l'exemple de la Libye.

Concernant les droits de douane, autre enjeu de sa visite, le Premier ministre israélien a promis d'"éliminer le déficit commercial des Etats-Unis" vis-à-vis d'Israël.

Il est le premier dirigeant étranger reçu par le président américain depuis l'annonce la semaine dernière des nouveaux droits de douane, qui ont provoqué un coup de tabac sur les places financières mondiales.

"Un autre cessez-le-feu" 

Le dirigeant israélien est reparti sans promesse d'exemption ou de réduction des droits de douane de 17%, qui seront imposés sur les importations en provenance de son pays à compter de mercredi.

Un journaliste a demandé à Donald Trump s'il comptait revenir sur cette taxe, et il a répondu: "Peut-être pas. N'oubliez pas que nous aidons beaucoup Israël".

Israël avait tenté en vain d'échapper aux nouvelles taxes en levant mardi la totalité des droits de douane restants sur les 1% de marchandises américaines encore concernées.

Benjamin Netanyahu a par ailleurs déclaré que Israël oeuvrait à un nouvel "accord" sur la libération des otages retenus par le Hamas à Gaza.

"Nous faisons tout notre possible pour faire sortir les otages. Nous envisageons un autre cessez-le-feu, nous verrons bien ce qui se passera", a renchéri Donald Trump.

Après deux mois d'une trêve fragile, l'armée israélienne a repris le 18 mars son offensive militaire dans la bande de Gaza, d'où le mouvement palestinien avait lancé une attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël.

La récente trêve a permis le retour de 33 otages israéliens, dont huit sont décédés, en échange de la libération de quelque 1.800 Palestiniens détenus par Israël.

Sur les 251 otages enlevés lors de l'attaque du Hamas, 58 sont toujours retenus dans le territoire palestinien, dont 34 sont morts selon l'armée israélienne.


L'Iran refuse de négocier directement avec les États-Unis

Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
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  • Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire
  • « Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères.

TEHERAN : L'Iran a rejeté dimanche tout dialogue direct avec les États-Unis, estimant que cela « n'aurait aucun sens », alors que le président américain Donald Trump suggère des pourparlers directs et menace de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.

Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire depuis des décennies. Téhéran rejette ces allégations et affirme que ses activités nucléaires n'ont qu'une finalité civile, notamment en matière d'énergie.

Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire. Mais le président américain a également menacé de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie et a pris des sanctions supplémentaires à l'encontre du secteur pétrolier iranien. 

« Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré samedi soir le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, selon des propos rapportés dimanche par son ministère.

« Mais nous restons attachés à la diplomatie et sommes prêts à essayer la voie de négociations indirectes », a ajouté M. Araghchi. 

Jeudi, le président américain a affirmé qu'il préférait mener des « négociations directes » avec l'Iran.

« À quoi bon menacer si l'on veut négocier ? », s'est interrogé samedi le président iranien, Massoud Pezeshkian, élu l'an dernier avec la promesse de reprendre le dialogue avec l'Occident afin d'obtenir un allègement des sanctions pour relancer l'économie.

En 2015, l'Iran a conclu un accord avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Russie, États-Unis, France et Royaume-Uni) et l'Allemagne pour encadrer ses activités nucléaires.

Le texte prévoyait un allègement des sanctions en échange d'une limitation des activités nucléaires iraniennes. 

En 2018, Donald Trump a retiré son pays de l'accord avec fracas durant son premier mandat et rétabli les sanctions. En guise de représailles, l'Iran s'est désengagé du texte et a accéléré son programme nucléaire.

L'Iran ne cherche pas à se doter de l'arme nucléaire, mais « n'aura d'autre choix que de le faire » en cas d'attaque contre le pays, a mis en garde lundi Ali Larijani, un proche conseiller du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.


Netanyahu rencontrera lundi Trump à la Maison Blanche

Le président américain Donald Trump et  le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
Le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran.
  • Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

JERUSALEM : Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran, ont annoncé samedi ses services.

« Les deux dirigeants vont s'entretenir des droits de douane, des efforts pour ramener les otages israéliens, des relations israélo-turques, de la menace iranienne et de la lutte contre la Cour pénale internationale », a déclaré le bureau du Premier ministre dans un communiqué. 

Une grande partie des produits que les États-Unis importent du reste du monde sont soumis, depuis samedi, à des droits de douane additionnels de 10 %, mais l'addition sera encore plus lourde dès le 9 avril pour certains pays qui exportent plus qu'ils n'importent auprès du partenaire américain.

Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

Cette annonce intervient également au moment où un nouveau cessez-le-feu semble lointain dans le territoire palestinien de Gaza, où l'armée israélienne a intensifié ses opérations, et où les tensions autour du nucléaire iranien s'intensifient.

Le président américain, qui a appelé Téhéran à entamer des négociations sur son programme nucléaire, a menacé ces derniers jours de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie.

L'Iran se dit prêt à discuter avec les États-Unis, mais a refusé des pourparlers directs sous la menace et la pression.