LONDRES: Des informations en provenance d’Iran suggèrent que les autorités sont sur le point de mener une répression contre la ville de Zahedan, où des agressions contre des manifestants ont fait plusieurs morts et blessés en 2022.
On sait que 66 personnes sont mortes après que les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants le 30 septembre. Ce jour sera connu par la suite sous le nom de « Vendredi sanglant » lors d’une manifestation pour protester contre la mort quelques jours plus tôt de la femme kurde de 22 ans, Mahsa Amini. Celle-ci était détenue par la police des mœurs du pays pour ne pas avoir porté correctement son hijab.
Plusieurs personnes ont déclaré au Guardian qu’au moins quinze points de contrôle avaient été établis à Zahedan, la capitale de la province du sud-est du Sistan-Baloutchistan, à majorité sunnite, et que de multiples arrestations avaient eu lieu.
Un homme du nom de Mohammed confie au journal: «Toutes les entrées et sorties vers et depuis la ville ont été bloquées et des points de contrôle ont été mis en place. Nous n’avons aucune idée du nombre de personnes détenues ou de l’endroit où elles ont été conduites.
Farzin Kadkhodaei, un militant des droits humains du Balouchistan, affirme que la police avait commencé à filmer les manifestants afin de les identifier et de les arrêter plus tard. «Les gens sont enlevés dans les maisons et les parcs et, depuis le 1er janvier, les forces de sécurité procèdent à des arrestations massives. Nous ne savons même pas s’ils sont vivants ou morts.»
M. Kadkhodaei dit qu’au moins 114 personnes avaient été détenues jusqu’à présent, qu’au moins une avait été brutalement torturée et que des familles étaient contraintes de se présenter devant les tribunaux dans l’espoir d’apercevoir leurs proches arrêtés.
«La libération des mineurs qui ont été arrêtés dépend entièrement de l’humeur des gardiens ce jour-là», insiste-t-il. «Ils ont libéré quelques adolescents et les autres sont toujours en prison.»
L’un des détenus, Shoaib Mirbaluchzehi-Regi, 18 ans, s’est vu refuser l’aide d’un avocat et aurait été torturé pour le pousser à avouer son appartenance à un groupe armé. Il risque maintenant la peine de mort, déclarent des militants au Guardian.
Le Sistan-Baloutchistan a subi le poids de la répression du régime iranien contre les manifestations.
Une manifestante, qui se fait appeler Sara, confie au Guardian: «Les forces de sécurité attaquent les zones baloutches depuis environ deux semaines. Au moins quinze points de contrôle ont été mis en place dans notre ville et autour de celle-ci cette semaine. Elles vont essayer de nous menacer et nous n’aurons pas peur.»
«Ce gouvernement défavorise les baloutches, les kurdes, les sunnites, les bahaïs et les autres minorités nationales depuis la mise en place de la République islamique. Mais ces discriminations sont plus douloureuses au Sistan-Baloutchistan, parce que les habitants sont à la fois baloutches et sunnites et que le Balouchistan est la région la plus pauvre d’Iran.»
Skylar Thompson, responsable du plaidoyer chez Human Rights Activists en Iran, déclare que les faits sur le terrain concernant la situation à Zahedan étaient difficiles à confirmer.
«Nous n’avons aucune information indiquant que la ville est assiégée, mais c’est le seul endroit en Iran où les manifestations se poursuivent», dit-elle au Guardian. «Il est cependant vrai que l’atmosphère de la ville est assez dangereuse. Nous avons noté qu’il y a plus de points de contrôle dans la ville. Mais je pense que cela est dû à la nomination d’un nouveau gouverneur.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com