DJEDDAH : Le rial, monnaie iranienne en difficulté, est tombé samedi à un niveau historiquement bas par rapport au dollar américain, alors que l'Union européenne discute de l'imposition de nouvelles sanctions à 37 responsables et organisations du régime iranien en raison de la répression brutale des manifestants.
L'isolement croissant de l'Iran au sein de la communauté internationale s'inscrit dans un contexte de mise en garde contre le rôle croissant de Téhéran dans la déstabilisation du Moyen-Orient et dans la fourniture de drones qui provoquent des morts et des destructions massives en Ukraine.
Les relations entre l'UE et Téhéran se sont détériorées au cours des derniers mois, et les efforts visant à relancer les négociations nucléaires étant au point mort. L'Iran a détenu plusieurs ressortissants européens et l'UE est de plus en plus critique à l'égard de la brutalité du régime iranien contre les manifestants et au recours aux exécutions.
Les ministres des affaires étrangères de l'Union européenne doivent convenir d'adopter le quatrième train de sanctions contre Téhéran en raison de la répression des manifestants, lors d'une réunion déjà prévue lundi à Bruxelles.
Le Parlement européen a demandé mercredi à l'UE d'inscrire les Gardes iraniens sur la liste des groupes terroristes, accusant la puissante force de réprimer les manifestants et de fournir des drones à la Russie. L'assemblée ne peut pas contraindre l'UE à ajouter la force à sa liste, mais le texte était un message politique clair à Téhéran.
Le registre des navires du Panama, le plus important du monde, a retiré son pavillon à 136 navires liés à la compagnie pétrolière nationale iranienne au cours des quatre dernières années, a indiqué cette semaine l'autorité maritime du pays.
Des manifestations ont eu lieu en Iran depuis la mort, le 16 septembre, de la Kurde iranienne Mahsa Amini, 22 ans, après son arrestation à Téhéran pour ne pas avoir respecté les règles vestimentaires strictes de la République islamique.
Selon les Nations unies, l'Iran a arrêté au moins 14 000 personnes au cours de cette vague de protestations.
Les autorités ont exécuté quatre personnes pour leur rôle dans les troubles et infligé la peine de mort à 18 autres, suscitant l'indignation générale de la communauté internationale.
L'Union européenne a déjà imposé des gels d'avoirs et des interdictions de visa à plus de 60 responsables et organisations iraniens en raison de la répression des manifestants. Elle a notamment ciblé la "police des mœurs" de Téhéran, les commandants du Corps des gardiens de la révolution et les médias d'État.
Le dollar se vendait jusqu'à 447 000 rials sur le marché informel, contre 430 500 la veille, selon le site de change Bonbast.com.
Le rial a perdu 29 % de sa valeur depuis le début des manifestations nationales.
Le gouverneur de la banque centrale d'Iran, Mohammad Reza Farzin, a imputé samedi la chute du rial à des "opérations de déstabilisation" organisées par les ennemis de la République islamique.
"Aujourd'hui, la banque centrale ne fait face à aucune restriction en termes de ressources et de réserves en devises et en or, et les fausses nouvelles et les opérations de déstabilisation seraient les principaux facteurs à l'origine de la fluctuation du taux de change libre", a déclaré le radiodiffuseur d'État IRIB, citant Farzin.
Face à un taux d'inflation d'environ 50 %, les Iraniens à la recherche d'un refuge pour leurs économies ont essayé d'acheter des dollars, d'autres devises fortes ou de l'or.
Le site économique Ecoiran a imputé la chute continue du rial à un apparent "entente mondial" contre l'Iran.
"Les pressions politiques croissantes, telles que le placement des Gardiens de la révolution sur une liste d'organisations terroristes, et l'imposition de restrictions sur les navires et les pétroliers liés à l'Iran (...) sont des facteurs indiquant une entente mondiale contre l'Iran", a déclaré Ecoiran.
Par ailleurs, le ministre iranien des sports a ordonné l'ouverture d'une enquête sur les allégations d'agression sexuelle visant des adolescents dans une académie de football du nord-est du pays.
"Un ancien responsable des médias de l'équipe de football de Shahr Khodro a affirmé sur les réseaux sociaux que les parents de 15 joueurs de ce club et de son académie ont déposé une plainte contre le club et ses entraîneurs pour avoir agressé sexuellement leurs enfants", a rapporté l'agence de presse nationale IRNA. Le club de football Shahr Khodro est basé à Mashhad.
Vendredi, le journal local Shahrara a rapporté sur son site Internet que les familles des joueurs du club s'étaient rassemblées devant le siège de l'organisation provinciale de football pour protester contre cette "tragédie".