AL-MOUKALLA: Trois soldats yéménites, dont un commandant militaire, ont été tués par une bombe placée au bord de la route par des combattants d’Al-Qaïda dans une région vallonnée de la province méridionale d’Abyan, ont déclaré des responsables locaux.
Ces derniers décès portent à soixante-huit le nombre total de soldats tués dans de telles attaques depuis août.
Abdel Raham Mouthana, commandant d’une unité militaire de la Brigade al-Hizam, et deux de ses compagnons sont morts. Trois autres ont été blessés lorsque leur véhicule a roulé sur une bombe d’accotement, alors qu’ils effectuaient mercredi dernier une patrouille dans la vallée d’Omaran, située dans la province d’Abyan.
Al-Qaïda a revendiqué l’incident sur les réseaux sociaux et il a menacé de mener d’autres attaques.
Mohammed al-Naqib, porte-parole du Conseil de transition du Sud, pro-indépendant, commande les opérations militaires à Abyan. Il a indiqué à Arab News jeudi que le décès de ces trois soldats a porté à soixante-huit le nombre de morts et à au moins cent soixante-dix celui des blessés parmi ses forces depuis le début de l’assaut militaire qui vise à chasser Al-Qaïda d’Abyan, au mois d’août dernier.
Malgré le nombre croissant de victimes, M. Al-Naqib a écarté tout retrait de la vallée et d’autres régions rurales d’Abyan, comme cela avait été le cas en 2019. Au contraire, il a affirmé que les opérations militaires se poursuivraient jusqu’à ce que les terroristes d’Al-Qaïda soient anéantis.
«La bataille contre le terrorisme est longue et elle exige d’importants sacrifices. Nous sommes confrontés à un ennemi déguisé qui pose des engins explosifs et s’enfuit», a-t-il confié.
Après des agressions violentes ainsi que des enlèvements de résidents et de travailleurs humanitaires, les forces indépendantistes du sud du Yémen ont entamé il y a quelques mois une offensive militaire qui vise à déloger Al-Qaïda de ses bastions historiques dans les provinces méridionales d’Abyan et de Chabwa. Là, les militants cachent des captifs, recrutent, forment des recrues et préparent des attaques contre des cibles gouvernementales.
Les forces militaires et de sécurité yéménites ont pu prendre le contrôle d’une large bande de territoire à Chabwa et elles ont progressé dans les montagnes et les vallées rocheuses et étendues d’Abyan, notamment dans la vallée d’Omaran.
Les membres d’Al-Qaïda se sont réfugiés dans d’autres bastions yéménites ou se sont cachés dans des zones peuplées de civils, utilisant des tactiques de guérilla telles que l’installation de mines terrestres, les attentats à la bombe d’accotement et les attaques éclairs.
Elisabeth Kendall, spécialiste du terrorisme et enseignante au Girton College de l’université de Cambridge, a expliqué à Arab News que les contre-attaques menées depuis septembre par Al-Qaïda contre les forces du Sud avaient été baptisées «Flèches de vérité» et qu’elles comprenaient des dizaines d’opérations insurrectionnelles.
Elle a ensuite déclaré que les militants n’auraient pas pu subir de telles pertes contre les forces du Sud sans l’aide des factions locales. «Des dizaines d’opérations de guérilla ont été menées par Al-Qaïda au cours des quatre derniers mois. Selon le groupe, ces opérations ont fait plus de deux cents morts et blessés parmi les membres des forces du Sud, dont dix commandants.»
«Il est probable qu’Al-Qaïda ait réussi à collaborer avec certaines factions belligérantes sur le terrain pour maintenir son activité», a-t-elle poursuivi. Mme Kendall a fait remarquer qu’il serait difficile pour l’armée régulière des séparatistes de combattre une organisation insurgée telle qu’Al-Qaïda, qui connaît bien la population et utilise sa haine contre l’administration locale.
«Il est très difficile pour les forces militaires traditionnelles de combattre les forces de la guérilla, en particulier lorsque ces dernières ont trouvé des moyens d’exploiter les revendications locales et disposent de plus d’expérience et de longévité dans les communautés», a-t-elle conclu.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com