Retraites: Opération pédagogie pour Borne et la majorité avant la grève

Elisabeth Borne a défendu son projet de réforme des retraites «porteur de progrès social» lors d'une intervention surprise dans une réunion publique dans le Val-de-Marne (Photo, AFP).
Elisabeth Borne a défendu son projet de réforme des retraites «porteur de progrès social» lors d'une intervention surprise dans une réunion publique dans le Val-de-Marne (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 19 janvier 2023

Retraites: Opération pédagogie pour Borne et la majorité avant la grève

  • À la veille de la première journée de grèves contre la retraite à 64 ans, qui s'annonce très suivie, la majorité se déploie
  • L'équation est d'autant plus compliquée pour le parti présidentiel Renaissance que l'exécutif doit composer avec Les Républicains

NOGENT-SUR-MARNE: Elisabeth Borne a défendu son projet de réforme des retraites "porteur de progrès social" lors d'une intervention surprise dans une réunion publique dans le Val-de-Marne, à l'image de sa majorité qui se prépare à l'épreuve de force à la veille des premières manifestations.

La Première ministre n'était pas annoncée devant la petite centaine de personnes conviées par le député Renaissance Mathieu Lefevre dans cette salle du théâtre Watteau de Nogent-sur-Marne. Mais l'important dispositif sécuritaire autour du site laissait entrevoir un invité plus sensible que le ministre du Travail, Olivier Dussopt.

À la veille de la première journée de grèves contre la retraite à 64 ans, qui s'annonce très suivie, la majorité se déploie. "On n'engage pas une réforme des retraites à la légère. Je suis parfaitement consciente que c'est un sujet très délicat, très sensible, qui pose forcément beaucoup de questions à tous les Français", a entamé Mme Borne.

"N'y avait-il pas d'autres moyens pour que ça soit moins brutal pour nous ?", lui a demandé une salariée, contrainte de travailler "un an de plus" avec le projet de réforme. En guise de réponse, la Première ministre s'est dite "déterminée" à "changer le regard que les entreprises portent sur les seniors".

Un sapeur-pompier à la retraite a demandé "pourquoi il n'a pas été possible" d'inclure "d'autres sources de financement" pour équilibrer le système que le report de l'âge légal et l'accélération de la réforme Touraine, "pour réussir un consensus plus large et faire nation".

"On a un cap qui est de ne pas alourdir le coût du travail", a répondu la Première ministre.

Un aiguilleur du ciel et "Marcheur de la première heure" a dit ne pas comprendre pourquoi demander à certains salariés "de cotiser 44 ans, alors qu'au bout de 43 ans, je pense qu'ils ont fait le job".

"Dans le projet, personne ne devra travailler plus de 44 ans", a répondu Mme Borne. Mais avec sa réforme, a-t-elle assuré, "on n'a jamais eu un système aussi protecteur pour les personnes qui ont commencé à travailler tôt".

L'heure n'est pas aux atermoiements dans la majorité, alors que le président Emmanuel Macron joue sa crédibilité réformatrice. "On s'attarde beaucoup sur la mobilisation sociale et syndicale. Mais on a aussi une partie de nos électeurs attachée à l'équilibre" des comptes, explique un dirigeant de Renaissance.

L'équation est d'autant plus compliquée pour le parti présidentiel Renaissance que l'exécutif doit composer avec Les Républicains, sans oublier de ménager les alliés d'Horizons et du MoDem.

«Faisons bloc»

"J'approuve totalement cette réforme", a appuyé Édouard Philippe, dans un entretien à la Charente libre. Mais l'ancien Premier ministre a également distillé quelques critiques feutrées ces derniers jours sur la politique menée. Quant à François Bayrou (MoDem), il a jugé la réforme "améliorable".

"Quand on a des amis comme ça, on n'a pas besoin d'ennemis", ironise un ministre.

Chez Renaissance, on est donc d'autant plus prié de garder le cap. "Aucune voix ne manquera" dans les rangs des députés du parti présidentiel, a assuré mercredi leur présidente, Aurore Bergé.

Mais plusieurs dissonances se sont faites entendre, telle l'ancienne ministre et députée Barbara Pompili qui a expliqué lundi qu'elle ne "pourrai(t) pas voter pour" la réforme "à ce stade". Son parti, En Commun, a publié mercredi ses propositions sur les carrières longues, les seniors, les jeunes et le volet pénibilité.

Mardi, un autre député Renaissance, Patrick Vignal, a déclaré qu'il "ne votera pas cette loi" si "elle n'évolue pas", plaidant notamment pour des aménagements sur la question de l'emploi des séniors.

"Faisons bloc", a réagi mercredi le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, qui souhaite une majorité "très unie" et "très enthousiaste" au soutien du gouvernement.

Nombre de députés macronistes sont nostalgiques du système universel de retraite abandonné lors du précédent quinquennat, jugé plus conforme à l'ADN présidentiel, et tous ne sont pas à l'aise avec le report de l'âge légal à 64 ans. Mais "la présentation de la réforme" le 10 janvier par Élisabeth Borne "a plutôt rassuré sur son équilibre", relativise l'un d'entre eux.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Short Url
  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

Short Url
  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Short Url
  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.