DAVOS: Le monde est confronté à la crise énergétique la plus importante de l'histoire, et cette dernière s'est aggravée avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie, selon Fatih Birol, directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
En marge du Forum économique mondial de Davos, M. Birol souligne que ce bouleversement sans précédent a fortement stimulé le développement des énergies propres. Il précise que les inquiétudes liées à la sécurité ont donné un coup de pouce au secteur des énergies renouvelables.
«Nous sommes confrontés à la première crise énergétique mondiale. Notre monde n'a jamais vécu une crise de cette ampleur. Avant le 24 février, la Russie occupait la première place parmi les exportateurs d'énergie du monde. Elle représentait le premier exportateur de pétrole du monde et jouait un rôle déterminant sur le marché du charbon», explique M. Birol.
«Les énergies propres se limitaient autrefois aux énergies renouvelables, aux voitures électriques, etc. Elles ont connu une croissance considérable, notamment en raison des inquiétudes relatives à l'environnement. Aujourd'hui, la sécurité énergétique apporte un véritable coup de fouet aux énergies renouvelables, qui connaissent une forte poussée», ajoute-t-il.
Par ailleurs, M. Birol fait remarquer que le secteur des énergies propres se développe à un rythme soutenu, puisque la consommation d'énergie renouvelable a augmenté de 25% en 2022 par rapport à 2021.
«En 2019, trois voitures sur cent étaient des voitures électriques. L'année dernière, cette proportion a atteint 13%. En 2030, une voiture sur deux vendue en Europe, aux États-Unis et en Chine sera électrique», précise M. Birol.
Selon lui, il est indispensable d'investir de manière appropriée dans les énergies propres afin d'accélérer leur développement.
«Le monde investit aujourd'hui 1 dollar dans les combustibles fossiles et 1,5 dollar dans les énergies propres [1 dollar = 0,92 euro]. Pour réaliser l'objectif de durabilité, il faudrait que ces chiffres compris entre 1 et 1,5 se situent entre 1 et 9», explique M. Birol.
Pour sa part, Vicki Hollub, présidente et directrice générale de la société Occidental Petroleum, estime que le pétrole, même de nos jours, constitue «l'énergie la plus efficace au prix le plus bas». Elle appelle en outre à agir de manière efficace pour réduire les émissions de CO2 grâce aux technologies de capture du carbone.
Par ailleurs, elle précise que le secteur pétrolier et gazier continue d'être accusé de produire des émissions, alors que plusieurs autres secteurs émettent eux aussi du carbone dans l'atmosphère.
«Il est important de comprendre que l'ennemi est l'émission, et non la source d'énergie. Nous devons opérer une puissante transition au cours de laquelle il faut veiller à ne pas laisser de côté les pays en développement et émergents», conclut M. Hollub.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com