DAVOS, Suisse : Alors que les chefs de gouvernement, les cadres supérieurs et les gourous de la technologie du monde entier se rendent à la réunion annuelle du Forum économique mondial dans la ville alpine suisse de Davos, recouverte de neige, une chose est sûre : tout le monde a les yeux rivés sur l'Arabie saoudite.
« Sans aucun doute, l'Arabie saoudite a démontré qu'elle était le moteur de la croissance mondiale et, au cours des sept dernières années, nous avons été témoins non seulement d'un engagement en faveur de cette transformation, mais aussi de la concrétisation de cette transformation », a déclaré Faisal Al-Ibrahim, ministre de l'Économie et de la Planification du Royaume, dans l'émission « Frankly Speaking » d'Arab News qui reprend son créneau d'hiver avant le sommet.
Il a déclaré lors de ce talk-show phare de l'actualité : « Il y a beaucoup plus de preuves qui montrent que l'Arabie saoudite est un lieu d'investissement attractif non seulement pour les partenaires actuels, mais aussi pour ceux à venir. »
Outre Al-Ibrahim, la délégation saoudienne de haut niveau comprend la princesse Reema bint Bandar Al-Saud, ambassadrice aux États-Unis, le prince Faisal ben Farhane, ministre des Affaires étrangères, Adel Al-Jubeir, ministre d’État aux Affaires Étrangères , Khalid Al-Falih, ministre de l'Investissement, Mohammed Al-Jadaan, ministre des Finances, Abdallah Al-Swaha, ministre de la Communication et des Technologies de l'information, Bandar Al-Khorayef, ministre de l'Industrie et des Ressources minérales, et Fahd Al-Rasheed, PDG de la commission royale pour la ville de Riyad.
C’est important de partager notre histoire et ce que nous avons appris », a déclaré Al-Ibrahim à la présentatrice de « Frankly Speaking », Katie Jensen, ajoutant que « l'engagement a beaucoup de valeur. Nous nous concentrons non seulement sur l'engagement, mais aussi sur les mesures concrètes qui en découlent. »
« Nous pouvons contribuer à beaucoup de choses, mais nous pouvons aussi gagner beaucoup et bénéficier de notre présence, en nous tenant au courant de toutes les questions mondiales susceptibles d'avoir un impact sur notre transformation ou sur celles auxquelles notre transformation peut contribuer. »
Une table ronde axée sur le Royaume et intitulée « La transformation de l'Arabie saoudite dans un contexte mondial en mutation » se tiendra sur l'une des scènes principales du forum, tandis que la session principale d'Al-Ibrahim, « Between Liquidity and Fragility : Reforming in MENA », aura lieu le 19 janvier.
Al-Ibrahim, âgé de 41 ans, a pris ses fonctions ministérielles en 2021 sous le règne du roi Salmane, avec un large éventail de mégaprojets ambitieux qui relèvent de sa compétence et de celle de ses collègues.
Il y a six ans, celui qui était alors prince héritier adjoint, Mohammed ben Salmane, a dévoilé la Vision 2030, un plan stratégique conçu pour transformer l'Arabie saoudite d'un royaume conservateur et dépendant du pétrole en un méga pôle technologique, d'investissement et de divertissement jeune et attrayant pour les touristes.
Al-Ibrahim a rejeté les critiques selon lesquelles certains de ces plans sont trop ambitieux, en déclarant : « Bien sûr, il y aura des critiques, mais en fin de compte, les gens doivent garder à l'esprit que c'est un projet qui n'a jamais été tenté auparavant. Nous sommes très confiants quant à sa réussite. »
Il a ajouté : « La plupart de ces projets sont là pour ancrer la croissance des secteurs ou pour y attirer davantage d'investissements du secteur privé. Ils sont calculés et ambitieux, mais c'est une stratégie très prudente. »
« Naturellement, lorsque les projets entrent en phase de développement, il y a un progrès et une évaluation continus des choses qui doivent changer. Malgré cela, nous sommes sûrs à 100 % que ces échéances sont réalisables. Certains de ces projets sont plus ambitieux que d'autres, et nous sommes très optimistes quant à leur exécution. »
Selon Al-Ibrahim, les projets ne contribueront pas seulement à la productivité économique du Royaume, mais impacteront également « les défis mondiaux et les possibilités d'innovation à l'échelle mondiale. »
Il voit donc une multitude de penseurs, de chercheurs et de développeurs de haut niveau s'installer dans le Royaume. Toutefois, Al-Ibrahim a fait remarquer que de tels projets et plans s'accompagnent également d'une panoplie d'obstacles.
« Les principaux défis auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui sont ceux liés à la diversification économique. Nous devons diversifier nos sources de croissance », a-t-il dit.
« Nous avons beaucoup accompli en termes d'augmentation du rythme de croissance de nos activités non pétrolières, mais il y a encore de la marge à cet égard, notamment se doter d’un portefeuille d'exportations plus diversifié et plus complexe qui soit compétitif au niveau régional et mondial. »
Le deuxième défi, a-t-il dit, est aussi une opportunité.
« Nous ne sommes pas une société vieillissante - 60 % de notre population a moins de 30 ans. À un moment donné, elle va croître, et nous devrons nous assurer qu'avec cette croissance, nous saisissions ce que les experts appellent le « dividende démographique «, c'est-à-dire la valeur qui sera créée par les Saoudiens et les résidents de l’Arabie saoudite lorsqu'ils seront en âge de travailler et qu'ils entreront sur le marché du travail. »
Enfin, le troisième défi concerne les capacités de l'État et des institutions, a déclaré Al-Ibrahim.
Il a ajouté : « Nous nous sommes beaucoup développés au cours des sept dernières années, mais nous sommes catégoriques sur le fait qu'au cours des huit à dix prochaines années - avant 2030 - les capacités institutionnelles de notre gouvernement, notamment en matière d'économie et de développement, doivent atteindre un point où elles sont compétitives et correspondent à la norme mondiale, notamment parce que cela a un impact énorme sur la qualité de nos politiques et sur la rapidité et l'intelligence avec lesquelles nous répondons aux changements qui nous entourent. »
L'une des façons dont l'Arabie saoudite se consolide en tant qu'acteur mondial est de faire venir la réunion régionale du Forum économique mondial dans le Royaume cette année - un « Davos dans le désert. »
Al-Ibrahim a déclaré: « Nous avons un programme clair de possibilités de partenariat (avec le WEF) et l'une d'entre elles est l'exploration d'un forum très ciblé dans le Royaume, qui sera basé dans le Royaume et qui abordera certains des défis mondiaux. Nous commençons par un forum à titre expérimental à Davos, et nous poursuivrons sur cette lancée. »
« En outre, nous nous sommes engagés davantage dans les diverses initiatives soutenues par le Forum économique mondial et nous discutons du lancement de nouvelles autres, que vous pourriez connaître dans un avenir proche. »
Le dernier rassemblement hivernal de Davos physique a eu lieu en 2020, quelques jours seulement avant que l'épidémie de Covid-19 ne soit déclarée urgence sanitaire mondiale. L'événement de 2021 s'est tenu virtuellement et le sommet de l'année dernière a été déplacé de janvier à mai après un pic d'infections.
Un nombre record de visiteurs et de dirigeants mondiaux sont attendus au sommet de cette année, placé sous le signe de la « coopération dans un monde fragmenté. »
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com