Tunisie: des milliers de manifestants contre le président Saied et les pénuries

Des partisans du Parti libre destourien agitent des pancartes lors d'une manifestation à Carthage contre le président tunisien le 14 janvier 2023 (Photo, AFP).
Des partisans du Parti libre destourien agitent des pancartes lors d'une manifestation à Carthage contre le président tunisien le 14 janvier 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 14 janvier 2023

Tunisie: des milliers de manifestants contre le président Saied et les pénuries

  • Malgré des objectifs similaires, les partis d'opposition ne faisaient pas du tout front commun samedi, avec trois rassemblements séparés dans la capitale
  • Les Tunisiens, qui avaient en grande partie soutenu le coup de force de M. Saied, se montrent de plus en plus mécontents de la détérioration de leurs conditions de vie

TUNIS: Des milliers d'opposants ont manifesté samedi à Tunis contre la concentration des pouvoirs aux mains du président Kais Saied, une grogne amplifiée par des pénuries et une crise économique, 12 ans exactement après la chute du dictateur Ben Ali.

Le mot d'ordre de la principale manifestation, organisée par le Front de salut national (FSN), était la dénonciation d'une "dictature" instaurée par M. Saied après un "coup d'Etat" le 25 juillet 2021.

Mais beaucoup de manifestants sur la très centrale avenue Bourguiba -- estimés à plusieurs milliers par des observateurs, à 1 300 par des sources officielles -- entendaient aussi protester contre la dégradation de la situation économique.

"Le coup d'Etat nous a amené la famine et la pauvreté. Hier, l'épicier m'a donné juste 1 kilo de macaronis et un litre de lait. Comment je peux nourrir ma famille de 13 personnes avec ça", a dénoncé à l'AFP Nouha, 50 ans, femme au foyer, qui manifestait avec le FSN.

"Le peuple veut ce que tu ne veux pas. A bas Saied. Dégage, dégage", scandaient les militants parmi lesquels beaucoup de sympathisants du parti d'inspiration islamiste Ennahdha, qui dominait le Parlement avant que M. Saied ne s'empare de tous les pouvoirs à l'été 2021.

«Il nous a trahis»

Jugeant le pays ingouvernable, M. Saied avait alors limogé son Premier ministre et gelé le Parlement. Depuis, il a nommé un gouvernement mais dirige le pays par décrets.

Il a aussi réformé la Constitution cet été pour renforcer ses pouvoirs au détriment du Parlement. Un scrutin législatif décrié est en cours pour élire une Assemblée qui sera dénuée de vrais pouvoirs.

Malgré des objectifs similaires, les partis d'opposition ne faisaient pas du tout front commun samedi, avec trois rassemblements séparés dans la capitale.

Après avoir forcé des barrières de sécurité et un face à face tendu avec d'imposantes forces policières, les milliers de personnes mobilisées par le FSN se sont dispersées dans le calme en début d'après-midi, selon l'AFP.

Dans la manifestation du FSN, Omar, un chômeur de 27 ans s'est présenté comme un électeur déçu du président Saied, un juriste constitutionnaliste novice en politique, élu à près de 73% en 2019. "Il nous a trahis. Voilà le résultat: une crise économique. Une pénurie insupportable, pas de lait dans notre réfrigérateur", a-t-il dit.

"Ca suffit, on en a marre": Thouraya Chtiba, médecin, demande des comptes à Kais Saied face à la "flambée des prix" et la cherté de la vie: "en un an et demi il a accaparé toutes les instances et institutions et il n'a rien fait".

Les Tunisiens, qui avaient en grande partie soutenu le coup de force de M. Saied, se montrent de plus en plus mécontents de la détérioration de leurs conditions de vie, avec une inflation supérieure à 10%, et la pauvreté qui touche 20% des 12 millions d'habitants.

Comme l'Etat très endetté a dû mal à financer l'importation de produits de base dont il a le monopole, les pénuries de lait, sucre, café et récemment de pâtes sont chroniques.

«Sauver le pays»

Dans une manifestation de partis de gauche au centre-ville, certains militants brandissaient des baguettes tout en dénonçant une "dérive autoritaire" de M. Saied, tandis que d'autres reprenaient l'un des slogans de la Révolution de 2011, réclamant du "travail" face à un taux de chômage supérieur à 15%.

Un troisième cortège a manifesté dans plusieurs quartiers de Tunis à l'appel d'Abir Moussi, la cheffe du Parti destourien libre, un mouvement anti-islamiste qui se revendique des héritages de Ben Ali et du président Bourguiba, le héros de l'indépendance (1956).

La société civile, jusqu'à récemment plutôt timide, s'est aussi mobilisée devant le siège du syndicat des journalistes SNJT, qui s'inquiète d'une nouvelle loi réprimant les "fausses nouvelles". Des dizaines de militants d'ONG de défense des droits (humains et économiques) étaient présents.

En marge de ces protestations auxquelles elle ne participait pas, la puissante centrale syndicale UGTT a fait entendre sa voix via son chef Noureddine Taboubi: "l'heure cruciale approche" pour la présentation d'une initiative pour "sauver le pays".


Les Houthis font état de quatre morts dans des frappes attribuées aux Etats-Unis

Les rebelles houthis du Yémen ont fait état mercredi d'un nouveau bilan de quatre morts dans des frappes sur Hodeida (ouest), attribuées aux Etats-Unis, et dit avoir mené une nouvelle attaque contre un porte-avion américain. (AFP)
Les rebelles houthis du Yémen ont fait état mercredi d'un nouveau bilan de quatre morts dans des frappes sur Hodeida (ouest), attribuées aux Etats-Unis, et dit avoir mené une nouvelle attaque contre un porte-avion américain. (AFP)
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  • Selon les médias houthis, des frappes américaines ont visé dans la nuit plusieurs localités sous contrôle des rebelles houthis, soutenus par l'Iran, notamment des infrastructures hydrauliques dans le gouvernorat de Hodeida
  • Trois raids ont également été rapportés dans le gouvernorat de Hajjah (nord-ouest) et trois autres dans le bastion du groupe rebelle, Saada, dans le nord du Yémen

SANAA: Les rebelles houthis du Yémen ont fait état mercredi d'un nouveau bilan de quatre morts dans des frappes sur Hodeida (ouest), attribuées aux Etats-Unis, et dit avoir mené une nouvelle attaque contre un porte-avion américain.

"Le bilan de l'agression américaine qui a visé mardi soir le bâtiment de la gestion de l'eau dans le district d'al-Mansouriyah, dans le gouvernorat de Hodeida, est monté à quatre morts et trois blessés", a déclaré le porte-parole du ministère de la Santé houthi, Anis Alasbahi.

Selon les médias houthis, des frappes américaines ont visé dans la nuit plusieurs localités sous contrôle des rebelles houthis, soutenus par l'Iran, notamment des infrastructures hydrauliques dans le gouvernorat de Hodeida.

Trois raids ont également été rapportés dans le gouvernorat de Hajjah (nord-ouest) et trois autres dans le bastion du groupe rebelle, Saada, dans le nord du Yémen. Les Etats-Unis n'ont pas confirmé avoir mené ces frappes.

Le 15 mars, Washington a annoncé une nouvelle offensive militaire, promettant de recourir à une force écrasante tant que les rebelles continueront de viser des navires circulant sur les routes maritimes clefs de la mer Rouge et du golfe d'Aden.

"Les frappes contre les Houthis ont été incroyablement efficaces", a déclaré mardi la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt, précisant qu'il y avait eu "plus de 200 frappes réussies contre les Houthis".

Les frappes américaines visent à neutraliser les menaces des Houthis en mer Rouge, une zone maritime essentielle pour le commerce mondial, où les rebelles yéménites ont mené de nombreuses attaques depuis fin 2023 affirmant s'en prendre à des navires liés à Israël, en solidarité avec les Palestiniens.

Les Houthis ciblent également les navires de guerre américains au large du Yémen. Ils ont affirmé tôt mercredi avoir mené une attaque contre le porte-avions Harry S. Truman, "la troisième en 24 heures", selon leur porte-parole militaire, Yahya Saree.

De leur côté, les Etats-Unis ont annoncé mardi l'envoi d'un deuxième porte-avions au Moyen-Orient, le Carl Vinson, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région".

Le Pentagone n'a pas précisé de date ni la zone où navigueront les deux groupes aéronavals.

Le président Donald Trump a assuré lundi sur son réseau Truth Social que "le plus dur (était) à venir pour les Houthis et leurs soutiens en Iran". "Nos attaques continueront jusqu'à ce qu'ils ne soient plus une menace pour la liberté de navigation", a encore écrit le président américain.

 


Les Etats-Unis envoient un deuxième porte-avions au Moyen-Orient 

Selon le Pentagone, le Harry S. Truman sera rejoint par le Carl Vinson, actuellement dans la zone indopacifique, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région", a déclaré M. Parnell dans un communiqué. (AFP)
Selon le Pentagone, le Harry S. Truman sera rejoint par le Carl Vinson, actuellement dans la zone indopacifique, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région", a déclaré M. Parnell dans un communiqué. (AFP)
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  • Cette annonce survient alors que les Houthis, rebelles yéménites soutenus par l'Iran, ont revendiqué le mois dernier des attaques contre le porte-avions Harry S. Truman en mer Rouge
  • Washington, qui a procédé ces dernières semaines à des frappes au Yémen, n'a pas confirmé ces attaques

WASHINGTON: Les Etats-Unis envoient un deuxième porte-avions au Moyen-Orient, a annoncé mardi le porte-parole du ministère de la Défense Sean Parnell, évoquant la protection des flux commerciaux.

Cette annonce survient alors que les Houthis, rebelles yéménites soutenus par l'Iran, ont revendiqué le mois dernier des attaques contre le porte-avions Harry S. Truman en mer Rouge. Washington, qui a procédé ces dernières semaines à des frappes au Yémen, n'a pas confirmé ces attaques.

Les Houthis visent la navigation commerciale en mer Rouge depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023.

Selon le Pentagone, le Harry S. Truman sera rejoint par le Carl Vinson, actuellement dans la zone indopacifique, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région", a déclaré M. Parnell dans un communiqué.

Le ministère n'a pas précisé où exactement navigueraient les deux groupes aéronavals.

Parallèlement, le secrétaire à la Défense Pete Hegseth a ordonné le déploiement dans la région "d'escadrons additionnels et d'autres actifs aériens qui renforceront nos capacités défensives de soutien aérien", selon M. Parnell.

La marine américaine compte une dizaine de porte-avions.

 


Trump s'entretient avec Sissi des Houthis et de Gaza

L'Egypte a récemment présenté un plan soutenu par les pays arabes qui permettrait de maintenir les habitants de Gaza sur leur terre. Le président américain a lui proposé leur expulsion vers l'Egypte et la Jordanie pour faire du territoire la "Riviera du Moyen-Orient". (AFP)
L'Egypte a récemment présenté un plan soutenu par les pays arabes qui permettrait de maintenir les habitants de Gaza sur leur terre. Le président américain a lui proposé leur expulsion vers l'Egypte et la Jordanie pour faire du territoire la "Riviera du Moyen-Orient". (AFP)
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  • Lundi, Donald Trump avait assuré que "le plus dur (était) à venir pour les Houthis et leurs soutiens en Iran", alors que les Etats-Unis ont déjà mené plusieurs frappes contre les rebelles du Yémen
  • Donald Trump a indiqué mardi s'être entretenu avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, évoquant un appel téléphonique qui s'est "très bien passé"

WASHINGTON: Donald Trump a indiqué mardi s'être entretenu avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, évoquant un appel téléphonique qui s'est "très bien passé".

"Nous avons abordé de nombreux sujets, notamment les progrès militaires considérables que nous avons réalisés contre les Houthis au Yémen qui détruisent les navires", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social.

Il n'a pas précisé quand cet appel a eu lieu.

Lundi, Donald Trump avait assuré que "le plus dur (était) à venir pour les Houthis et leurs soutiens en Iran", alors que les Etats-Unis ont déjà mené plusieurs frappes contre les rebelles du Yémen.

Rapidement après le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023, les rebelles houthis du Yémen, soutenus par l'Iran et affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens, ont mené des dizaines d'attaques de missiles contre Israël et en mer Rouge - zone essentielle pour le commerce mondial - contre des navires auxquels ils reprochent des liens divers avec Israël.

Le président américain a également dit avoir discuté avec le dirigeant égyptien de "Gaza et des solutions possibles, de l'état de préparation militaire, etc".

Israël a repris sa campagne militaire le 18 mars avec d'intenses bombardements et une nouvelle offensive au sol, rompant deux mois de trêve avec le Hamas, entrée en vigueur le 19 janvier.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza a annoncé mardi que 1.042 personnes avaient été tuées depuis la reprise le 18 mars des bombardements israéliens sur ce territoire palestinien.

L'Egypte a récemment présenté un plan soutenu par les pays arabes qui permettrait de maintenir les habitants de Gaza sur leur terre. Le président américain a lui proposé leur expulsion vers l'Egypte et la Jordanie pour faire du territoire la "Riviera du Moyen-Orient".