Parcoursup démarre mercredi, les élèves évoquent «une pression folle»

Une lycéenne regarde les résultats sur le site de «Parcoursup», un site pour les étudiants souhaitant postuler dans une université française, à Lille, dans le nord de la France, le 22 mai 2018 (Photo, AFP).
Une lycéenne regarde les résultats sur le site de «Parcoursup», un site pour les étudiants souhaitant postuler dans une université française, à Lille, dans le nord de la France, le 22 mai 2018 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 14 janvier 2023

Parcoursup démarre mercredi, les élèves évoquent «une pression folle»

  • Eliot, 18 ans, en Terminale à Paris s'angoisse aussi des prochaines semaines
  • Pour accompagner les jeunes et leurs familles, l'organisation «Les lycéens!» lance mardi «PourtonSup», une plateforme «qui a pour ambition d'être le Parcoursup de la réforme de l'orientation en France»

PARIS: A quelques jours du démarrage de l'inscription des voeux post-bac sur Parcoursup, les élèves de Terminale se mettent toujours "une pression folle" face à cet outil devenu le symbole de la fin de scolarité, reléguant le baccalauréat au second plan.

Dès mercredi, les élèves de Terminale et les étudiants en réorientation pourront commencer à s'inscrire et sélectionner sur Parcoursup leurs vœux d'études supérieures, parmi 21 000 formations reconnues par l'État. Ils ont jusqu'au 9 mars pour le faire et jusqu'au 6 avril pour clore leur dossier.

Chaque candidat pourra formuler dix vœux (et renseigner des sous-vœux en fonction des formations). Pour chaque choix, les élèves doivent expliquer leur motivation en quelques lignes. Il est recommandé, pour ne pas se retrouver sur le carreau, d'émettre un maximum de voeux et de ne pas candidater qu'à des filières sélectives (classes prépa, doubles licences etc.).

Pour la première fois cette année, les notes des épreuves de spécialités --passées en mars prochain-- seront prises en compte par la plateforme, source supplémentaire de stress pour les élèves qui appréhendent toujours la sélection engendrée par cet outil.

"Parcoursup, c'est dans moins d'une semaine, je sais qu'il faut que j'aille voir à quoi ça ressemble vraiment sur internet, mais je repousse car ça me stresse", avoue Quentin, 17 ans, en Terminale dans un lycée parisien.

Cet élève, qui a choisi les spécialités maths, physique/chimie, est "encore dans le flou sur son avenir" et ne se dit "pas capable de formuler (s)es voeux dès maintenant". Mais il "se renseigne comme il le peut, à travers les salons et les portes ouvertes des écoles et en espérant que (s)on professeur principal soit d'une aide efficace", pour affiner son choix.

Cinq ans après sa création, la plateforme d'admission post-bac a bénéficié cette année d'un toilettage, pour aider les candidats à mieux comprendre les critères de sélection dans chacune des formations.

"Je ne sais pas si c'est plus transparent que l'année dernière, mais à ce stade, je ne sais pas du tout comment on fait un vœu sur Parcoursup", lance Jeanne, 17 ans, en Terminale dans un lycée des Côtes-d'Armor.

Sur Parcoursup, ou pas, un essor des écoles privées qui appelle à la vigilance

A l'heure où les lycéens doivent s'inscrire sur Parcoursup, une multitude d'écoles privées leur proposent des formations dans l'enseignement supérieur: le résultat d'un développement continu de ce secteur au bénéfice de groupes à but lucratif, qui appelle à la vigilance pour s'y retrouver.

"Il y a beaucoup d'écoles. C'est vaste", résume Iliana, 20 ans, qui s'est orientée dans une école de commerce à Paris en alternance pour étudier le marketing du luxe. "On avait été à des forums et une amie avait trouvé cette école", raconte-t-elle. "Au départ, on se disait +Peut-être qu'ils nous manipulent, on ne sait pas très bien ce qu'ils nous vendent+".

"Quand on va sur Parcoursup, c'est un maquis d'informations", explique la sociologue Annabelle Allouch, auteure de "La société du concours". "Tout un tas d'acteurs privés gravitent autour de la plateforme, dont des formations qui vendent de la sérénité aux usagers".

Pour la sociologue, ces écoles profitent du "marché de l'anxiété" créé par la plateforme d'orientation post-bac.

Art appliqués, cinéma, photo, informatique, communication, marketing ou écoles d'ingénieurs: les formations privées ne cessent de se développer, rendant plus complexe l'offre de formations post-bac.

En 2021, le privé regroupait 736 800 étudiants, soit 24,8% des effectifs du supérieur, selon les chiffres du ministère. C'est plus du double qu'il y a vingt ans.

En dix ans, les inscriptions y ont augmenté de 60% (contre 16% dans le public), profitant de "la massification des effectifs étudiants" qui "n'a pas été accompagnée par un soutien des universités publiques", explique Aurélien Casta, économiste et sociologue à l'université de Lille.

Certaines de ces écoles sont sur Parcoursup --40% des formations recensées en 2022 sont privées, selon un rapport parlementaire--, d'autres non, mettant en avant cet argument pour vendre du rêve sans stress.

Cette croissance tous azimuts profite à des acteurs à but non lucratif (instituts catholiques et écoles d'ingénieurs ou de commerce), mais surtout à des groupes privés, parfois contrôlés par des fonds d'investissement.

«Parcoursup regarde tout»

Malgré cela, la jeune fille sait qu'elle souhaite s'orienter vers la voie PASS et LASS (études de santé). "Mais ça me stresse énormément d'imaginer que je puisse ne pas être prise", dit-elle.

Pour tenter d'en savoir plus, elle "surfe sur Tik Tok": "J'ai trouvé une ou deux vidéos qui me permettent d'avoir une première approche de l'outil, et le lycée organise une première réunion d'information avec les parents".

"On sait tous qu'il ne faut pas se rater tout au long de cette année car Parcoursup regarde tout, toutes nos notes notamment, et ça met une pression folle", conclut-elle.

Eliot, 18 ans, en Terminale à Paris s'angoisse aussi des prochaines semaines: "Entre l'ouverture de Parcoursup et la préparation des épreuves de spécialités qui vont compter pour la première fois dans la plateforme, ça fait pas mal de stress à gérer", confie-t-il à l'AFP.

Et parce que les heures dédiées à l'orientation dans son établissement ne "remplissaient pas leur mission", il a décidé, avec l'aide de ses parents, de voir une conseillère d'orientation privée. "J'ai conscience de ma chance, car cela coûte 650 euros pour un accompagnement toutes les deux semaines de décembre à juin mais ça m'aide énormément", assure-t-il.

L'adolescent ignore encore ce qu'il va inscrire. "Je regarde les taux d'accès dans les différentes licences de science politique, mais certaines, avec seulement 2%, font froid dans le dos, ça m'angoisse", dit-il.

Pour accompagner les jeunes et leurs familles, l'organisation "Les lycéens!" lance mardi "PourtonSup", une plateforme "qui a pour ambition d'être le Parcoursup de la réforme de l'orientation en France, où les élèves, parents, professeurs, peuvent émettre des vœux et des remarques sur Parcoursup et le sujet plus large de l'orientation".


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
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  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.


Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
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  • "Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure"
  • Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget

PARIS: Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n'hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si "le pouvoir d'achat des Français est amputé" dans le projet de budget 2025.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé mercredi la cheffe de file des députés du Rassemblement national sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l'Etat.

Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion alors la coalition Barnier, fragile attelage entre LR et la macronie, serait renversée et le projet de budget rejeté.

Si elle n'a pas détaillé la liste précise de ses revendications, Marine Le Pen a en particulier jugé "inadmissible" la hausse envisagée par le gouvernement pour dégager trois milliards d'euros des taxes sur l'électricité, une mesure toutefois supprimée par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Taper sur les retraités, c'est inadmissible", a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Si elles étaient suivies, celles-ci pourraient empêcher Mme Le Pen de participer à une quatrième élection présidentielle.

Face à cette menace de censure, Michel Barnier va recevoir en début de semaine prochaine, un par un, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.

Ce premier tête à tête, depuis son entrée à Matignon, suffira-t-il ?

"Et-ce que M. Barnier va respecter l’engagement qu’il a pris, que les groupes d’opposition puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ?", s'est interrogée la cheffe de file des députés RN.

Les demandes de notre parti étaient "de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat", a-t-elle récapitulé. "Or nous n'avons pas été entendus, nous n'avons même pas été écoutés".

Poker menteur 

Alors qu'il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marge de manoeuvres.

"L'objectif est d'arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur" budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024 contre 4,4% prévu initialement.

L'exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur CNews.

"Le pire pour le pouvoir d'achat des Français, ce serait une crise financière", a alerté de son côté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail).

Une question demeure: le RN bluffe-t-il ?

"Si le gouvernement tombe, il faudra attendre juin pour qu'il y ait des élections législatives parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution pour le moment!", a semblé nuancer le porte-parole du RN Julien Audoul.

Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l'Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l'Etat.

Le RN n'entend, en effet, pas déposer ou voter de motion de censure sur les deux autres textes (fin de gestion de 2024 et projet de budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par 49.3 avant.