RAMALLAH: Selon des sources israéliennes, des responsables des forces armées israéliennes ont planifié le déplacement forcé d'environ 1 000 Palestiniens des villages de Masafer Yatta, près du sud d'Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, à l'insu du gouvernement israélien.
Le commandement du district central de l'armée a commencé à préparer le déplacement des résidents en novembre afin que l'armée puisse effectuer des exercices d'entraînement réguliers dans la région, ont indiqué ces sources.
Le plan n'aurait été présenté pour la première fois au gouvernement que la semaine dernière, après l'arrivée du nouveau gouvernement, et le déplacement des résidents devrait avoir lieu cette année. La décision a été communiquée par des responsables de l'administration civile israélienne, qui supervise les affaires civiles dans les territoires occupés, à l'Autorité palestinienne lors d'une réunion la semaine dernière en Cisjordanie.
Le déplacement forcé de civils à partir ou à l'intérieur des Territoires palestiniens est interdit par le droit international humanitaire.
Des représentants de l'Autorité palestinienne ont affirmé aux habitants de Masafer Yatta que des responsables de l'administration civile les avaient informés de plans visant à déplacer les résidents de 12 villages, soit une augmentation par rapport aux huit qui étaient inclus dans la dernière pétition sur la question, qui a échoué, et présentée par les résidents à la Cour suprême. Les responsables des forces armées israéliennes proposent que les résidents des villages soient déplacés vers deux nouveaux sites dans la région et qu'ils puissent choisir l'emplacement de l'un d'eux.
Des sources politiques et sécuritaires israéliennes auraient exprimé leur inquiétude quant au comportement des responsables militaires dans cette affaire, avertissant qu'il s'agit d'un «signal d'alarme» concernant les futurs plans affectant les Palestiniens et la capacité de l'armée à tenir tête aux politiciens, à l'extrême droite et aux colons qui «font pression sur les officiers supérieurs et attendent d'eux qu'ils prennent des décisions conformes à leurs idées en fonction de considérations politiques et non professionnelles».
Nidal Younes, chef du Conseil des villages de Masafer Yatta, a déclaré à Arab News que les attaques de l'armée, de la police et des colons israéliens contre les Palestiniens ont considérablement augmenté depuis que la Cour suprême israélienne a décidé, en mai, de déplacer huit communautés, de restreindre la circulation des résidents d'autres villages, d'empêcher les non-résidents d'entrer dans certains villages et de confisquer les machines agricoles et les véhicules. Les colons ont d'après lui attaqué les résidents de Masafer Yatta, leurs pâturages pour le bétail, et les ont empêchés de labourer leurs terres et de cultiver les plantes utilisées pour nourrir leur bétail.
«L'objectif de l'escalade des attaques contre nous est de rendre nos vies difficiles et impossibles, et donc de nous obliger et de nous pousser à quitter nos villages et à laisser nos terres pour qu'ils les contrôlent», a affirmé Younes.
Les villages de Masafer Yatta occupent une superficie d'environ 35 km carrés et comprennent cinq écoles et cinq centres médicaux. Environ 1 150 Palestiniens de 215 ménages y vivent, dont 569 enfants.
Les habitants dépendent de l'aide humanitaire en raison du régime de planification restrictif et discriminatoire auquel ils sont confrontés. Les autorités israéliennes ont émis des ordres de démolition ou d'arrêt des travaux contre la plupart des maisons, des abris pour animaux et des infrastructures communautaires dans les villages, au motif qu'ils ont été construits sans les permis de construire requis, qu'il est presque impossible pour les Palestiniens d'obtenir. Cela a entravé le développement de logements, d'infrastructures et de moyens de subsistance adéquats.
Outre la menace de démolition de leurs maisons, les communautés palestiniennes sont également confrontées à la violence des colons d'un avant-poste voisin qui ont bloqué les routes de la région, attaqué des agriculteurs et incendié des meules de foin et des zones de pâturage. Cette situation a mis en péril la sécurité physique des villageois, a eu des répercussions négatives sur leur santé mentale et psychosociale, a abaissé leur niveau de vie et a accru leur dépendance vis-à-vis de l'aide humanitaire.
L'élevage de bétail constitue la principale source de revenus de la communauté, mais l'accès aux pâturages a été réduit par l'armée et les activités de colonisation.
Younes Arar, chef de l'unité des relations internationales à la Commission de résistance aux colonies et au mur, a déclaré à Arab News que l'inquiétude grandit au sein des villageois restants, étant donné que les autorités israéliennes ont retiré huit des douze communautés des villages de Masafer Yatta à la suite de la décision de la Cour suprême l'année dernière – et surtout depuis que le nouveau gouvernement israélien d'extrême droite est arrivé au pouvoir fin décembre.
Arar a signalé que les démolitions de bâtiments et la destruction de terres à Masafer Yatta par les autorités israéliennes ont augmenté ces deux dernières semaines, et que les Palestiniens prévoient des manifestations pour tenter de résister au déplacement forcé des résidents.
Les responsables palestiniens se sont dits déçus des efforts déployés par la communauté internationale pour empêcher les autorités israéliennes de mettre en œuvre leurs plans de déplacement forcé, en particulier de la faiblesse des déclarations publiées par l'UE et l'ONU, qui n'ont pas dépassé le stade de l'expression de leur inquiétude et n'ont inclus aucune mesure afin d’essayer de contraindre les autorités israéliennes à faire marche arrière.
Les organisations humanitaires et les donateurs ont apporté leur aide pour répondre aux besoins des communautés restantes de Masafer Yatta, notamment en matière d'eau et d'électricité, et pour prévenir les déplacements forcés. Cependant, les autorités israéliennes entraveraient ces efforts en émettant des ordres de démolition ou d'arrêt des travaux, en confisquant les véhicules et les équipements, en limitant l'accès aux terres et en empêchant les travailleurs humanitaires d'entrer dans la zone.
Les écoles de la zone, construites avec le soutien de donateurs internationaux, font l'objet d'ordres de démolition en attente, tout comme les centres médicaux. Les activistes préviennent que les expulsions forcées créent de nombreux besoins humanitaires qui doivent être pris en compte afin de garantir que les personnes soient protégées et aient accès aux services essentiels.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com