PARIS: Réunis par Reporters sans frontières (RSF), 16 patrons de presse de divers pays, dont le prix Nobel de la paix Dmitri Mouratov, appellent mardi à la libération de leur confrère algérien Ihsane El Kadi, détenu depuis fin décembre, et à lever les entraves "inadmissibles" visant ses médias.
"Nous considérons que l'incarcération d'Ihsane El Kadi, directeur de Radio M et de Maghreb Émergent, sur des fondements manifestement aberrants, constitue une attaque intolérable contre la liberté de la presse en Algérie", écrivent les signataires.
Outre le rédacteur en chef du journal Novaïa Gazeta Dmitri Mouratov (Russie), la liste des signataires compte le directeur du quotidien Le Monde Jérôme Fenoglio (France), le directeur exécutif du webzine Inkyfada Malek Khadhraoui (Tunisie) ou encore le rédacteur en chef adjoint du quotidien Gazeta Wyborcza Jaroslaw Kurski (Pologne).
Appelant l'Algérie "à montrer son attachement au droit et aux valeurs démocratiques", ils demandent aux "autorités" du pays de "faire libérer sans attendre" leur confrère, d'"abandonner toutes les charges" le visant et de rendre à ses médias -- dont les bureaux ont été mis sous scellés et le matériel saisi -- "leurs outils de travail".
M. El Kadi a été placé en détention provisoire le 29 décembre dans le cadre d'une enquête pour collecte illégale de fonds et atteinte présumée à la sûreté de l'Etat, après quatre jours de garde à vue.
Il est soupçonné "d'avoir reçu des sommes d'argent et des privilèges de la part de personnes et d'organisations dans le pays et à l'étranger afin de se livrer à des activités susceptibles de porter atteinte à la sûreté de l'Etat et sa stabilité", avait alors indiqué la Cour d'Alger.
Selon RSF, son arrestation, "intervenue quelques jours seulement après la publication d'articles critiques envers les autorités", a une "motivation politique".
L'appel de mardi survient une semaine avant "l'examen du recours intenté contre l'ordonnance de son placement en détention, le 18 janvier".
La semaine dernière, l'ONG avait dénoncé auprès de l'ONU un "acharnement judiciaire", illustré notamment par la précédente condamnation de M. El Kadi "à 6 mois de prison en juin 2022".
L'Algérie se classe à la 134e place sur 180 pays au classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2022.