RAMALLAH: Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, aurait été stupéfait par la ferme réaction arabe à la visite de l’esplanade de la mosquée Al-Aqsa faite par son ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir.
L'Arabie saoudite était au cœur de la réprobation après la visite du 3 janvier, soulignant la nécessité de préserver le statu quo du troisième lieu saint de l'islam.
La visite de Netanyahou aux Émirats arabes unis (EAU), prévue pour le 8 janvier, a été annulée, le pays s'étant joint à la Chine pour demander la convocation d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU pour discuter des mesures prises par Israël concernant Al-Aqsa.
Netanyahou attend que les Émiratis annoncent une nouvelle date de visite.
Le Premier ministre a publié une déclaration dans laquelle il a tenté de s’excuser, ajoutant qu'il respectait le statu quo du site de la mosquée et n'avait pas l'intention de le modifier.
Cependant, Ben-Gvir, qui reste hostile envers les Arabes, avait été condamné dans le passé pour terrorisme contre les Palestiniens par un tribunal israélien.
Israël a poursuivi ses efforts pour empêcher une réunion du Conseil de sécurité – initialement prévue pour jeudi – ainsi que la publication d'une déclaration ferme condamnant la politique israélienne envers Al-Aqsa et Jérusalem.
Ronni Shaked, chercheur à l’Institut de recherche Harry S. Truman pour l'avancement de la paix à l'Université hébraïque de Jérusalem, a affirmé à Arab News que Netanyahou n'était pas conscient de la sensibilité d'Al-Aqsa auprès des Arabes et des musulmans.
Il a ajouté que le Premier ministre était stupéfait par la réaction du monde arabe et musulman, de l'Union européenne et des États-Unis, affirmant que toute violation du site pourrait entraîner une profonde colère et une grande instabilité.
«Le problème n'est pas avec Ben-Gvir, qui est connu pour son idéologie extrémiste, mais plutôt avec celui qui lui a accordé la permission de visiter Al-Aqsa, en l’occurrence Netanyahou», a précisé Shaked à Arab News.
«Ben-Gvir travaillera pour raccourcir la durée de vie du gouvernement de Netanyahou.
«Dans deux semaines, il exigera la légalisation de 49 avant-postes illégaux de colonies établis sur des terres palestiniennes en Cisjordanie. Que fera alors Netanyahou?»
Les experts israéliens disent que Netanyahou se concentre actuellement sur le traitement des affaires de corruption à son encontre, ce qui affaiblit sa position.
Cependant, Dana Ben-Shimon, correspondante d'Israel Today, a indiqué à Arab News que Netanyahou et ses ministres avaient été surpris par la condamnation de la visite de Ben-Gvir, ajoutant que le gouvernement devait organiser une réunion pour discuter de l'opportunité d'autoriser le ministre à entrer de nouveau à Al-Aqsa.
«Netanyahou a été Premier ministre pendant dix ans et ne s'est pas rendu à Al-Aqsa parce qu'il s'était rendu compte que sa visite engendrerait une énorme colère», a affirmé Ben-Shimon.
Le Premier ministre sera également attentif à la réaction de la Jordanie à la visite de la mosquée, alors que Netanyahou tente d'améliorer les relations difficiles avec Amman.
Par ailleurs, les autorités ont libéré le prisonnier palestinien Karim Younis, âgé de 66 ans, après quarante ans de détention dans une prison en Israël.
À la demande de Ben-Gvir, les autorités ont mis Younis à la rue pour empêcher toute réception officielle devant l'entrée de sa prison, juste au nord de Tel-Aviv.
Le ministre israélien de l'Intérieur, Aryeh Deri, a déclaré qu'il avait l'intention de retirer la citoyenneté israélienne à Younis. Dans un tel cas, il serait envoyé vivre en Cisjordanie.
Younis s'est rendu sur la tombe de ses parents, décédés alors qu'il était en prison, et a déclaré qu'il était prêt à sacrifier quarante autres années pour la liberté du peuple palestinien.
Entre-temps, l'armée israélienne a informé les responsables palestiniens de leurs projets imminents de déplacer de force plus de 1 000 habitants, dont 500 enfants, dans la région de Masafer Yatta, au sud d'Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, selon des organisations de défense des droits humains.
Les forces israéliennes ont tué jeudi un Palestinien de 16 ans, Amer Abou Zeitoun, lors d'un raid sur Naplouse. Cette tuerie porte à quatre, dont trois enfants, le nombre de Palestiniens tués par les forces israéliennes au cours de la première semaine de janvier.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com