TUNIS: Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie a averti mercredi que l'année 2023 serait "compliquée", dans un contexte de faible croissance et forte inflation, sans un accord rapide avec le Fonds monétaire international (FMI) pour un prêt.
"Il faut arriver le plus vite possible à un accord avec le FMI pour mobiliser les financements extérieurs mis au budget", a indiqué Marouane El Abassi lors d'une conférence de presse.
"2023 va être une année compliquée si on n'a pas d'accord avec le Fonds", a-t-il ajouté.
La Tunisie, endettée à plus de 80% de son PIB, a obtenu un accord de principe du FMI à la mi-octobre pour un nouveau prêt de près de 2 milliards de dollars, qui devrait lui ouvrir d'autres aides.
Alors qu'elle se relevait à peine de la pandémie de Covid-19, la Tunisie a subi un nouveau choc avec la guerre en Ukraine, qui a fait flamber les prix des céréales et du pétrole qu'elle importe massivement.
Interrogé par l'AFP, M. Abassi a donné plusieurs raisons au report du feu vert définitif du Fonds, attendu initialement le 19 décembre. Il a mentionné la loi de finances tunisienne qui "n'était pas prête".
"Maintenant, elle a été faite. Et il y a aussi la loi sur les taux excessifs", a-t-il expliqué, pour réglementer les établissements financiers quand ils pratiquent des taux d'usure.
Autre législation demandée par le FMI: une loi qui permette de restructurer les plus de 100 entreprises publiques tunisiennes, lourdement endettées. La loi a "fait l'objet d'une longue discussion et va passer devant le conseil des ministres", a précisé M. Abassi.
"Une fois qu'elle sera passée, on sera capables d'aller devant le conseil d'administration du FMI", a-t-il dit. "Le plus tôt sera le mieux".
M. Abassi a par ailleurs défendu la récente décision de la Banque centrale de relever son taux directeur à 8% pour combattre l'inflation, même si elle devrait rester élevée en 2023 à 11% selon lui.
Admettant que cette décision va "freiner la croissance", prévue à 2,1% cette année, il a souligné que la Banque centrale, qui entend aussi défendre la monnaie nationale, n'a "pas beaucoup d'autres outils".
M. Abassi a enfin dit s'attendre à voir le prix de certains produits "augmenter de manière importante sur trois/quatre ans" avec "la levée progressive des subventions sur les produits de base, notamment énergétiques".