Birmanie: démonstration de force de la junte pour les 75 ans de l'indépendance

Sur cette photo d'archive prise le 13 mars 2021, un manifestant tient une affiche avec une image de la dirigeante civile détenue Aung San Suu Kyi lors d'une veillée aux chandelles pour honorer ceux qui sont morts lors de manifestations contre le coup d'État militaire à Yangon. (AFP)
Sur cette photo d'archive prise le 13 mars 2021, un manifestant tient une affiche avec une image de la dirigeante civile détenue Aung San Suu Kyi lors d'une veillée aux chandelles pour honorer ceux qui sont morts lors de manifestations contre le coup d'État militaire à Yangon. (AFP)
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Publié le Mercredi 04 janvier 2023

Birmanie: démonstration de force de la junte pour les 75 ans de l'indépendance

  • Le chef de la junte Min Aung Hlaing a accusé des pays, sans les nommer, d'«intervenir dans les affaires intérieures de la Birmanie» depuis le coup d'Etat de février 2021
  • Il a également expliqué que l'armée rencontrait en ce moment des partis politiques pour discuter de «l'organisation des élections avec le système de représentation proportionnelle»

NAYPYIDAW: Les troupes birmanes ont défilé mercredi dans les rues de Naypyidaw, la capitale établie par les militaires, pour célébrer le 75e anniversaire de l'indépendance de cette ancienne colonie britannique, quelques jours après que la dirigeante déchue Aung San Suu Kyi a été condamnée à un total de 33 ans de prison.

A l'aube, des chars d'assaut, des lance-missiles et autres véhicules blindés ont parcouru les rues de la capitale, ont constaté des correspondants de l'AFP, donnant le coup d'envoi d'une parade militaire.

Des fonctionnaires et des lycéens ont suivi les troupes, accompagnés par une fanfare militaire, tandis que 750 colombes de la "paix" ont été lâchées pour marquer l'occasion, selon les médias d'Etat.

Dans un discours adressé aux troupes, le chef de la junte Min Aung Hlaing a accusé des pays, sans les nommer, d'"intervenir dans les affaires intérieures de la Birmanie" depuis le coup d'Etat de février 2021.

Il a également expliqué que l'armée rencontrait en ce moment des partis politiques pour discuter de "l'organisation des élections avec le système de représentation proportionnelle", sans donner davantage de précisions.

La junte birmane, qui a récemment conclu une série de procès à huis clos contre Aung San Suu Kyi, se prépare à de nouvelles élections qui se tiendront plus tard dans l'année, et qui ont déjà été qualifiées d'"imposture" par les Etats-Unis.

Selon des experts, la junte pourrait abandonner le système uninominal majoritaire à un tour par lequel le parti d'Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), avait remporté d'écrasantes majorités en 2015 et 2020.

Le président russe Vladimir Poutine, proche allié et fournisseur d'armes de la junte militaire birmane, a adressé ses "salutations sincères" et prédit le "développement futur" de leurs relations.

Isolée du reste du monde, la junte birmane avait jugé "justifiée" l'invasion de l'Ukraine par Moscou.

Birmanie: la junte libère plus de 7 000 prisonniers pour marquer l'anniversaire de l'indépendance

En Birmanie, la junte va libérer plus de 7.000 prisonniers pour marquer le 75e anniversaire de l'indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne, a déclaré mercredi le porte-parole de la junte.

"Au total, 7 012 prisonniers seront graciés pour marquer le 75e anniversaire du jour de l'indépendance", a déclaré Zaw Min Tun à l'AFP, sans préciser si l'amnistie inclurait des personnes emprisonnées dans le cadre de la répression contre la dissidence.

Protestation 

Une grande partie de ce pays d'Asie du Sud-Est est en proie depuis le putsch à des affrontements entre la junte et des milices locales qui ont pris les armes contre les militaires.

Auparavant, la fête nationale birmane était marquée par de nombreux rassemblements festifs dans les parcs et les espaces publics du pays.

Mais depuis le coup d'Etat militaire de 2021, les célébrations à l'occasion de jours fériés ont été largement réduites, des habitants restant à leur domicile en signe de protestation contre la junte.

Des correspondants de l'AFP ont constaté un renforcement de la sécurité dans le coeur commercial du pays, la ville de Rangoun, qui a été frappée par une série d'attentats à la bombe ces derniers mois.

L'ambassade des Etats-Unis a mis en garde mercredi contre une "augmentation potentielle des attaques, des tirs ciblés ou des explosions".

En amont du 75e anniversaire de l'indépendance de la Birmanie, la junte a décerné des centaines de prix et de médailles à ses soutiens, notamment à un moine extrémiste connu pour son rôle dans l'incitation à la haine religieuse dans le pays, en particulier envers les Rohingyas.

Ashin Wirathu, que l'hebdomadaire américain Time avait surnommé "le Ben Laden bouddhiste" à la suite d'émeutes communautaires meurtrières, s'est vu décerner mardi le titre de "Thiri Pyanchi" en vertu de son "travail exceptionnel pour le bien de l'Union de Birmanie".

Après avoir été emprisonné par le gouvernement d'Aung San Suu Kyi pour "discours séditieux", Ashin Wirathu a été libéré par la junte militaire, qui a retiré toutes les charges retenues contre lui.

A l'époque, l'armée avait justifié son coup d'Etat de 2021 en assurant avoir découvert des millions de bulletins irréguliers lors du dernier vote, considéré comme globalement libre par des observateurs internationaux.

Ancienne colonie britannique, la Birmanie a déclaré son indépendance le 4 janvier 1948 au terme d'une longue lutte conduite par le général Aung San, le père d'Aung San Suu Kyi.


L'Otan en plein doute sur son avenir face à la tempête Trump

Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
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  • Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer.
  • les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

BRUXELLES : Les tirs de barrage américains contre les pays européens de l'Otan ébranlent jusqu'aux fondements de l'Alliance atlantique, qui a cependant toutes les peines du monde à imaginer un avenir sans les États-Unis.

Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer. Un diplomate interrogé sous couvert d'anonymat décrit l'agressivité de la nouvelle administration américaine comme un « traumatisme ».

Ce changement se fera-t-il avec ou sans les États-Unis ? La question agite les couloirs du siège de l'Alliance à Bruxelles.

« On connaît la direction : moins d'États-Unis et plus d'Europe », résume un diplomate sous couvert d'anonymat. Cependant, de nombreuses questions restent en suspens.

En deux mois, Donald Trump s'en est pris au Canada qu'il entend voir devenir le 51ᵉ État américain, et au Danemark, dont il revendique l'un des territoires, le Groenland. 

Plusieurs responsables américains, dont le vice-président J. D. Vance, n'ont pas caché leur mépris à l'égard des Européens, considérés comme des « profiteurs » et des passagers clandestins d'une alliance où, dénoncent-ils, ils ne paient pas leur dû.

Depuis le 20 janvier, date du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, « l'optimisme est de moins en moins de mise », confie un diplomate. « Les États-Unis n'ont pas encore pris de décisions concrètes, mais on dirait que chaque jour est porteur d'un nouveau coup contre les fondations de l'Alliance. »

- Transition « désordonnée » -

Pour Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l'Otan et chercheur auprès de l'ECFR, trois scénarios sont possibles.

Celui de la transition ordonnée : les Américains se désengagent, mais en bon ordre, à la suite d'une négociation qui donne aux Européens le temps de se préparer. « Cela permet d'éviter les incertitudes », assure-t-il dans un entretien avec l'AFP.

Celui de la transition « désordonnée » : les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

Le retrait se fait « en mode crise », avec des « menaces et des annonces désordonnées ». C'est « le scénario dominant » aujourd'hui, estime l'analyste.

Il y a aussi le scénario cauchemar pour nombre d'Alliés : le retrait « de facto ou de jure ». Les États-Unis se désintéresseront de la défense du continent européen.

Donald Trump exige que les Européens et les Canadiens consacrent au moins 5 % de leur PIB à cette défense, alors qu'ils sont à moins de 2 % pour l'Italie ou l'Espagne. La marche est très haute. Mais tous savent qu'il faudra « annoncer » quelque chose au sommet de l'OTAN en juin, selon un diplomate.

Le Secrétaire général de l'Alliance Mark Rutte a évoqué un chiffre entre 3,5 et 3,7 %. Ce sera difficile, mais c'est une question de priorités dans les dépenses nationales, ajoute-t-il. 

Personne ne sait si ce chiffre sera suffisant pour Donald Trump.

- "Cinq ans" -

En attendant, beaucoup à Bruxelles et dans les autres capitales européennes s'interrogent sur un "après" Etats-Unis.

"Nous avons toujours su que le moment viendrait où l'Amérique se retirerait en quelque sorte et où l'Europe devrait faire davantage", rappelle ainsi Jamie Shea, ancien porte-parole de l'Otan et expert auprès du think tank londonien Chatam House.

Et le calendrier est très serré. Les Européens ont "cinq ans" pour recréer une dissuasion face à la menace russe, juge ainsi Camille Grand. Un calcul basé sur le temps jugé nécessaire, selon plusieurs services de renseignement, pour que la Russie reconstitue son armée et soit en mesure de menacer un pays de l'Otan, explique-t-il. 

Selon cet expert français, les Européens en sont capables, même si un investissement substantiel sera nécessaire pour combler l'apport américain en termes de renseignement, de satellites ou de logistique. « Il n'y a pas de raison que 500 millions d'Européens ne puissent pas dissuader 140 millions de Russes », assure-t-il.

Plusieurs pays en doutent. « Les États-Unis restent indispensables pour une dissuasion crédible », estime ainsi un diplomate européen auprès de l'Otan.


Le Wisconsin, théâtre d'une première défaite électorale pour Trump et Musk

 Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin,
  • En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias

WASHINGTON : Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin, un scrutin habituellement d'ampleur locale, marqué cette fois-ci par la forte implication d'Elon Musk.

Selon les projections de plusieurs médias américains, Susan Crawford, soutenue par les démocrates, a remporté un siège pour dix ans à la Cour suprême de cet État de la région des Grands Lacs.

Elle faisait face à Brad Schimel, soutenu par Donald Trump et par le multimilliardaire Elon Musk, et dont la victoire aurait fait basculer la haute instance du Wisconsin du côté conservateur.

En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias.

Mardi soir, le président a mis à profit sa plateforme Truth Social pour se féliciter des deux « larges » victoires de son camp en Floride, mettant en avant son « soutien » aux candidats.

Il n'a en revanche pas commenté le résultat pour la Cour suprême du Wisconsin, préférant y retenir l'adoption, par un référendum organisé le même jour, d'une mesure obligeant les électeurs à présenter une pièce d'identité avec photo afin de pouvoir voter.

« C'est une grande victoire pour les républicains, peut-être la plus grande de la soirée », a-t-il écrit.

« Le plus important » 

Elon Musk n'a pas non plus réagi à la défaite de Brad Schimel, et a plutôt salué l'issue du référendum local. « C'était le plus important », a-t-il affirmé sur son réseau social X.

Le patron de Tesla et Space X s'inquiétait d'un potentiel rééquilibrage par la Cour suprême locale dans le découpage des circonscriptions électorales, en faveur des démocrates. État pivot, le Wisconsin avait été remporté par Donald Trump à la présidentielle de novembre.

« C'est l'une de ces situations étranges où une petite élection en apparence pourrait déterminer le destin de la civilisation occidentale », avait lancé Elon Musk mardi.

Le président républicain avait, lui, publié lundi sur Truth Social un message de soutien à Brad Schimel. Il s'en était surtout pris à Susan Crawford, qui serait, selon lui, « un désastre pour le Wisconsin et pour les États-Unis d'Amérique ».

Un peu plus de deux mois après le début de son mandat, les enquêtes d'opinion indiquent une baisse relative de la popularité de Donald Trump. Ces élections dans le Wisconsin et en Floride étaient les premières véritables épreuves auxquelles il faisait face dans les urnes depuis novembre.

Campagne onéreuse 

Mardi, le trumpiste Randy Fine a bien remporté le siège en jeu à la Chambre des représentants face au démocrate Josh Weil, mais avec une avance bien plus mince qu'il y a quelques mois.

Ces résultats ont « de quoi donner des sueurs froides à mes collègues républicains », a déclaré sur la chaîne MSNBC Hakeem Jeffries, responsable de la minorité démocrate à la Chambre des représentants. Cela fait écho à la difficulté de l'opposition à se faire entendre depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Dans le Wisconsin, les deux camps avaient sorti l'artillerie lourde pour une élection qui, d'ordinaire, passe inaperçue dans le reste du pays.

Selon le Centre Brennan de l'université de New York, c'est « le scrutin judiciaire le plus coûteux de l'histoire américaine », avec plus de 98 millions de dollars déversés dans la campagne, dont 53 millions en faveur du candidat conservateur.

Elon Musk n'est pas étranger à cela.

« Il a dépensé plus de 25 millions de dollars pour essayer de m'empêcher de siéger à la Cour suprême du Wisconsin », a lancé dimanche Susan Crawford lors d'un rassemblement.

Son équipe de campagne avait récemment accusé Elon Musk de vouloir « acheter un siège à la Cour suprême du Wisconsin afin d'obtenir une décision favorable » dans des poursuites engagées par Tesla, son entreprise de véhicules électriques, contre les autorités du Wisconsin.


Amnesty International demande à la Hongrie d'arrêter M. Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le Premier ministre israélien doit se rendre cette semaine dans un pays membre de la Cour pénale internationale
  • Cette visite " ne doit pas devenir un indicateur de l'avenir des droits humains en Europe "

LONDRES : Amnesty International a demandé à la Hongrie d'arrêter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à la suite d'informations selon lesquelles il se rendra dans cet État membre de l'UE mercredi à l'invitation de son homologue hongrois Viktor Orban.

M. Netanyahou fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en novembre par la Cour pénale internationale en raison de la conduite d'Israël à Gaza.

M. Orban, proche allié de M. Netanyahu, a déclaré qu'il n'exécuterait pas le mandat. En tant qu'État membre, la Hongrie est tenue d'exécuter tout mandat d'arrêt délivré par la CPI.