Covid: l'UE propose «des dons de vaccins» à la Chine

Un agent de santé prend un prélèvement nasal d'un voyageur en provenance de Chine dans un centre de test Covid-19 à l'aéroport international d'Incheon, à l'ouest de Séoul, le 3 janvier 2023 (Photo, AFP).
Un agent de santé prend un prélèvement nasal d'un voyageur en provenance de Chine dans un centre de test Covid-19 à l'aéroport international d'Incheon, à l'ouest de Séoul, le 3 janvier 2023 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mardi 03 janvier 2023

Covid: l'UE propose «des dons de vaccins» à la Chine

  • L'exécutif européen avait déjà indiqué mi-décembre que l'UE était prête à «approvisionner la Chine en vaccins», mais sans parler de dons
  • La Commission n'a pas détaillé le nombre de doses que l'UE pourrait offrir, ni dans quels stocks ils seraient puisés

BRUXELLES: L'UE a proposé à la Chine, confrontée à une explosion des contaminations, de lui offrir des vaccins anti-Covid et de lui apporter son "expertise", a annoncé la Commission européenne mardi, avant une nouvelle réunion d'experts sanitaires des Vingt-Sept.

La commissaire à la Santé, Stella Kyriakides, "a pris contact avec ses homologues chinois pour leur proposer la solidarité et le soutien de l'UE, ce qui inclut notre expertise en santé publique et des dons de vaccins européens adaptés aux variants", a indiqué un porte-parole de la Commission, ajoutant que Bruxelles attendait la réponse de Pékin.

L'exécutif européen avait déjà indiqué mi-décembre que l'UE était prête à "approvisionner la Chine en vaccins", mais sans parler de dons.

La Commission n'a pas détaillé le nombre de doses que l'UE pourrait offrir, ni dans quels stocks ils seraient puisés, mais souligné que la nature exacte de l'aide européenne dépendrait de la réponse chinoise.

Pékin a mis fin début décembre à sa politique draconienne du "zéro Covid", entraînant l'explosion des contaminations dans le pays, et lèvera dimanche ses obligations de quarantaine pour les voyageurs arrivant de l'étranger.

Inquiets du manque de transparence sur les chiffres chinois et redoutant l'apparition de nouveaux variants, une douzaine d'Etats, dont plusieurs dans l'UE (France, Italie, Espagne), imposent désormais des tests Covid aux passagers en provenance de Chine.

Bruxelles, soucieuse d'éviter des restrictions nationales sans concertation comme en 2020, appelle à une "coordination" étroite des Vingt-Sept.

Pourquoi la vague de Covid en Chine inquiète

Données peu fiables, estimations parcellaires et doutes sur l'apparition de nouveaux variants: la Chine affronte actuellement la plus forte vague de Covid au monde, après la levée de ses restrictions, suscitant l'inquiétude de nombreux pays.

Données peu fiables

Pékin l'a reconnu: depuis l'abandon le mois dernier des dépistages à grande échelle de la population par des tests PCR, quantifier les contagions sur son territoire est devenu "impossible".

La Commission nationale de santé (NHC), qui a valeur de ministère, a arrêté de publier les chiffres quotidiens de cas et décès. Désormais, c'est le Centre chinois pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) qui s'en charge, mais à partir de la semaine prochaine, il ne le fera qu'une fois par mois.

Les autorités ont récemment modifié les critères permettant d'attribuer un décès dû à la Covid. Ainsi, seules 15 morts de ce type ont été rapportées dans le pays de 1,4 milliard d'habitants depuis la levée des restrictions le 7 décembre.

De quoi susciter des doutes sur la capacité des chiffres officiels chinois à refléter la réalité, alors qu'hôpitaux et crématoriums sont débordés par un afflux de patients et victimes de la Covid.

Les autorités ont reconnu la semaine dernière recueillir "beaucoup moins" de données par rapport à la période durant laquelle des tests à grande échelle étaient menés.

Pour "combler les lacunes" des statistiques, les autorités se fondent sur des sondages en ligne, les visites à l'hôpital, les demandes de médicaments contre la fièvre et les appels d'urgence, selon un responsable du contrôle des maladies, Yin Wenwu.

De nombreux pays dont les Etats-Unis, l'Australie et le Canada citent le manque de transparence des données chinoises pour justifier leur décision d'imposer des tests PCR aux voyageurs en provenance de Chine.

Estimations parcellaires

Quelques autorités locales ont commencé à publier des chiffres: c'est le cas de la province du Zhejiang (est), limitrophe de Shanghai, qui a évalué la semaine dernière qu'un million de nouveaux cas apparaissaient chaque jour.

La ville de Qingdao (est) a fait état de 500 000 nouvelles infections quotidiennes, celle de Dongguan (sud) en évoque 300 000.

Dans l'île-province de Hainan (sud), les autorités ont estimé vendredi le taux de contagion des habitants à plus de 50%, tandis que les villes de Quzhou et Zhoushan (est) ont calculé qu'au moins 30% de leur population a attrapé la Covid.

L'un des principaux épidémiologistes du pays, Wu Zunyou, a déclaré jeudi que le pic était passé dans les villes de Pékin, Chengdu (sud-ouest) et Tianjin (nord).

A Shanghai, l'épidémie "pourrait avoir touché 70% de la population, soit 20 à 30 fois plus" que lors de la flambée précédente au printemps 2022, a déclaré Chen Erzhen, vice-président de l'hôpital Ruijin, à un blog affilié au Quotidien du peuple.

Difficile d'assembler toutes ces données partielles pour parvenir à une image complète de la situation nationale. Des chiffres qui ont fuité d'une réunion des autorités sanitaires le mois dernier évoquaient 250 millions de contagions sur les 20 premiers jours de décembre.

Les projections indépendantes sont pessimistes. Les chercheurs de l'université de Hong Kong prédisent que près d'un million de Chinois pourraient mourir du virus cet hiver.

La société britannique d'analyses médicales Airfinity, qui estime en Chine le nombre de décès quotidiens à 11 000 et les contagions à 1,8 million par jour, s'attend à 1,7 million de morts d'ici fin avril.

Nouveaux variants ?

De nombreux pays s'inquiètent de possibles nouveaux variants et imposent des tests aux voyageurs venant de Chine.

Aucune nouvelle souche de la Covid-19 n'a cependant été détectée.

Selon Xu Wenbo, un responsable du CDC, une nouvelle base de données nationale à partir de la collecte d'échantillons des hôpitaux est en préparation.

Les sous-lignages du variant Omicron BA.5.2 et BF.7 restent dominants à Pékin, a-t-il indiqué, en réponse aux craintes que le variant Delta, plus dangereux, circule encore. Omicron l'est à Shanghai.

Dans de nombreux pays occidentaux, les sous-variants XBB et BQ, plus transmissibles mais pas encore majoritaires en Chine, ont pris le dessus.

Le mois dernier, la Chine a soumis 384 échantillons d'Omicron à la base de données mondiale Gisaid, selon son site internet. Mais le nombre total d'échantillons de Pékin depuis le début de l'épidémie (1 308) reste cependant bien inférieur à ceux d'autres pays comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Cambodge ou le Sénégal.

Les récents échantillons apportés par Pékin "ressemblent tous fortement aux variants connus et circulant dans le monde entre juillet et décembre", selon Gisaid.

Le virologue Jin Don-yan, de l'université de Hong Kong, a estimé récemment dans un podcast que la possibilité qu'un variant plus mortel émerge en Chine reste "très faible".

Un comité réunissant les experts des ministères de la Santé des Etats membres et les agences sanitaires de l'UE se réunit mardi après-midi pour faire le point et esquisser "les prochaines étapes", après une première réunion le 29 décembre.

Se tiendra ensuite mercredi une réunion de l'IPCR, constitué d'un panel d'experts des Vingt-Sept et de la Commission et visant à organiser une réaction rapide de l'UE dans les situations de crise en soumettant aux Etats des recommandations.

"Il est essentiel (....) de baser les décisions sur la science et le respect de données objectives", a insisté mardi l'exécutif européen.

Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), l'une des agences sanitaires de l'UE, avait jugé jeudi "injustifié" un dépistage systématique des voyageurs, au vu du niveau d'immunité collective en Europe et de la présence en Europe des mêmes variants qu'en Chine.

Stella Kyriakides avait, elle, appelé jeudi les Etats membres à renforcer la surveillance des eaux usées et les séquençages génomiques, afin d'être en mesure d'identifier rapidement d'éventuels nouveaux variants, selon un courrier consulté par l'AFP.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Short Url

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Short Url
  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
Short Url
  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »