AL-MUKALLA: Les bureaux de change dans les zones contrôlées par le gouvernement ont suspendu le commerce du dollar et des autres devises étrangères après que le riyal yéménite a chuté à un niveau record, ont déclaré des responsables locaux et des employés des bureaux de change.
Le riyal yéménite est tombé à 855 contre le dollar américain mercredi, battant un précédent record de 850 en septembre. Dans la ville d'Al-Mukalla, la capitale de la province du sud-est de Hadramout, les bureaux de change ont refusé les personnes qui voulaient échanger le riyal saoudien ou le dollar, invoquant les instructions de leurs patrons de cesser d'acheter ou de vendre des devises étrangères.
En septembre, la Banque centrale du Yémen (BCY) a lancé des mesures répressives contre les bureaux de change non autorisées, et a interdit le réseau de transfert interne – connu sous le nom de «hawala». Il a aussi fourni des dollars aux importateurs de pétrole dans le but de freiner la chute du riyal yéménite. Ces mesures ont aidé la monnaie à se redresser brièvement à 800 par rapport au dollar, avant de reculer de nouveau cette semaine.
Lorsque les Houthis ont pris d'assaut Sanaa à la fin de 2014, le dollar s'échangeait vers 215 et a commencé à chuter brutalement en 2016 lorsque le gouvernement internationalement reconnu a transféré la banque centrale de Sanaa à Aden. La semaine dernière, les économistes ont averti que l’économie du pays était au bord de l’effondrement total en raison de la concurrence entre la banque centrale contrôlée par le gouvernement à Aden et la banque contrôlée par les Houthis à Sanaa et l’ingérence des rebelles dans les banques commerciales de leurs territoires.
L'avertissement survient après que des agents secrets houthis ont pris d'assaut une grande banque privée à Sanaa, la forçant à suspendre ses opérations à travers le pays.
Les économistes du gouvernement affirment que les principales raisons de la baisse successive du riyal yéménite sont le coup d’État des Houthis, l’arrêt des exportations de pétrole et de gaz, et le refus de la banque centrale de Sanaa de respecter les consignes de la banque centrale d’Aden.
Jamal Al-Kamel, directeur de la succursale de la banque centrale de la ville centrale de Marib, a déclaré mardi à la télévision d’État que les Houthis ont pillé les réserves de change de la banque centrale lors de la prise d’assaut.
«Le coup d'État (Houthi) a été la dernière goutte qui a fait déborder ce qui restait de l'économie», a déclaré Al-Kamel, ajoutant que les hostilités entre le gouvernement et les séparatistes à Aden jouent également un rôle dans la remise en cause de la reprise économique du Yémen.
Les responsables du gouvernement yéménite et du Conseil de transition du Sud (CTS) séparatiste ont échangé des accusations par rapport aux retards dans l'annonce d'un nouveau gouvernement.
Un membre haut placé du gouvernement à Riyad a déclaré mercredi à Arab News que le CTS n’est pas en mesure de mettre en place des arrangements sécuritaires et militaires dans le cadre de l'accord de Riyad avant la formation d’un cabinet. Il a ajouté que les choix ont été soumis pour le nouveau conseil des ministres.
Un responsable du CTS, actuellement à Riyad, assure que les responsables du gouvernement internationalement reconnu font obstacle à la formation du nouveau cabinet en réclamant des arrangements préalables. Il insisté sur le fait que l’application des arrangements sécuritaires et militaires arriverait après la formation. «Nous avons convenu que cet aspect sécuritaire et militaire serait mis en œuvre après la formation du nouveau gouvernement», a-t-il ajouté.
Les deux responsables se sont exprimés sous couvert d'anonymat car ils ne sont pas autorisés à parler aux journalistes.
En vertu de l'accord de partage du pouvoir signé à Riyad il y a un an, le gouvernement yéménite et le CTS ont convenu de retirer leurs forces militaires des zones contestées du sud du Yémen et de les déplacer vers les champs de bataille. Les forces politiques yéménites ont manqué de nombreuses occasions pour former un nouveau gouvernement et mettre en place tous les termes de l'accord. Le mois dernier, deux responsables yéménites à Riyad ont affirmé que Maeen Abdul Malik Saeed, Premier ministre désigné, était sur le point d'annoncer la formation d'un nouveau gouvernement et que les partis politiques collaboraient avec lui.
Les disputes politiques concernant la formation du gouvernement se reflètent concrètement dans les zones contestées de la province méridionale d'Abyan. Des dizaines de personnes ont été tuées dans de violents combats entre le gouvernement et le CTS depuis la semaine dernière. Les deux parties se sont mutuellement accusées de violer une trêve décidée dans l'accord de Riyad. Un commandant de l'armée a déclaré que leurs forces avaient obtenu des gains «limités» sur les champs de bataille et que 10 soldats du gouvernement avaient été tués lors des combats. Mohammed Al-Naqeeb, un porte-parole des forces du CTS à Abyan, a déclaré sur Facebook que leurs troupes avaient repoussé une offensive du gouvernement en tuant plus de 50 soldats.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com