MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé vendredi qu'il allait retirer les décorations attribuées à des policiers ayant pris part à la répression sous la dictature de Francisco Franco (1939-1975).
"Le ministre de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, a demandé aux directions générales de la Police nationale et de la Garde civile de lancer les procédures" pour retirer les décorations reçues par des agents membres "de l'appareil de répression de la dictature franquiste", a annoncé le ministère dans un communiqué.
La mesure a été décidée dans le cadre de la loi dite de "Mémoire démocratique", votée début octobre par le parlement, dont l'objectif est de réhabiliter les victimes du franquisme.
Les principales mesures prévues par cette loi sont l'exhumation des fosses communes des dépouilles des victimes de la répression franquiste et le transfert dans de simples cimetières de personnalités franquistes enterrées dans des endroits illustres appartenant au domaine public.
La loi prévoit également le retrait des honneurs aux policiers impliqués dans "des actes incompatibles avec les valeurs démocratiques et les principes de protection des Droits de l'Homme", souligne le communiqué.
Pour ces policiers, ces décorations s'accompagnaient, en outre, du versement d'une retraite plus élevée.
Le communiqué ne précise pas le nombre de personnes concernées, et ni le ministère de l'Intérieur ni la direction de la Police nationale ni celle de la Garde civile n'avaient répondu à l'AFP sur ce sujet vendredi en fin de journée.
Selon la presse espagnole, l'un des policiers affecté par la mesure serait Juan Antonio González Pacheco, surnommé "Billy el Niño" ("Billy the Kid"), considéré par la gauche comme l'un des tortionnaires les plus notoires de cette époque. Mais dans son cas, la mesure ne sera que symbolique, car il est décédé du Covid en 2020.
Les personnes concernées auront la possibilité de présenter "des éléments de défense" avant qu'une décision définitive soit prise, indique le communiqué.
Le ministère a également annoncé la création d'une commission chargée d'établir les conditions pour "un accès libre, gratuit et universel aux archives publiques, ainsi qu'à la consultation de documents sur le coup d'Etat (NDLR: de 1936), la guerre et la dictature franquiste" qui sont conservés par le ministère de l'Intérieur.
Arrivé au pouvoir en 2018, le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez a fait de la réhabilitation des victimes de la Guerre civile (1936/39) et de la dictature l'une de ses priorités.
La mesure la plus retentissante a été l'exhumation en 2019 des restes de Franco d'un mausolée monumental situé près de Madrid et son transfert dans un cimetière de Madrid.