RIYAD: Après avoir ouvert les tribunes aux femmes, l'Arabie saoudite les encourage maintenant à franchir la ligne de touche et à participer au premier tournoi de la Ligue de football féminin du Royaume.
La compétition, historique, débutera mardi matin prochain, avec 24 équipes de Djeddah, de Riyad et de Dammam en compétition pour une coupe du championnat et un prix en espèces de 133 000 dollars.
Le Royaume a ouvert ses stades aux femmes supportrices de football en janvier 2018, mais c'est la première fois qu'elles seront autorisées à participer à un tournoi.
La compétition a été saluée comme une étape importante pour le monde du sport saoudien, de nombreux joueurs apportant leur soutien à l'événement.
Pour Abdallah Alyami, entraîneur de football et journaliste sportif saoudien, l’organisation de cette compétition est une étape positive, et il s'attend à ce que beaucoup plus de femmes participent aux futurs tournois.
«C'est une journée très heureuse pour tous les athlètes, hommes ou femmes. Et sur la base de ce que nous avons pu observer et quand on sait à quel point le football est aimé dans tout le Royaume, je pense que nous verrons beaucoup plus de nos sœurs s’impliquer dans le sport professionnel», explique-t-il.
Le journaliste sportif saoudien Riyan al-Jidani a tweeté son soutien. «À toutes mes chères sœurs qui participent à la Ligue de football féminin, je veux dire: “Votre succès dans le tournoi est un pas de plus dans la bonne direction, vers notre rêve d’universalité et de représentation de notre pays dans le monde. Arborer le drapeau sur le terrain est une gloire et une fierté», poursuit-il.
Le tournoi devait commencer en mars dernier – mais la pandémie de coronavirus en a stoppé l’organisation. Pour certaines, cela a offert la possibilité d'améliorer leur jeu. «Nous avons commencé les préparatifs tôt, et le retard dû à la pandémie a joué en notre faveur. Nous avons pu prendre plus de deux mois pour préparer le tournoi», explique Maram al-Butairi, directrice générale et entraîneuse en chef de l'Eastern Flames FC basée à Dammam.
Amal Gimie, 26 ans, milieu de terrain érythréenne des Kings United de Djeddah, a précédemment déclaré à Arab News qu’elle pratique ce beau jeu depuis l’âge de huit ans. «Il y avait un match chaque week-end. Au début, les garçons nous faisaient jouer comme gardiennes de but. En 2002, lorsque j’ai vu la Coupe du monde féminine pour la première fois, cela a déclenché ma passion et suscité mon envie d’en apprendre davantage sur ce sport», raconte Amal Gimie, également diplômée en systèmes d’information de gestion. Elle a rejoint sa première équipe féminine de football, Challenge, à Riyad en 2014.
«C'était la première fois que je rejoignais un groupe organisé. J'étais heureuse de jouer, mais, en même temps, j'avais l'impression que devenir une athlète professionnelle ou rejoindre une ligue officielle était des objectifs inaccessibles. J'avais l'impression de vieillir sans avoir rien accompli», ajoute-t-elle.
Les matchs ne seront pas diffusés, mais la multitude de fans de football saoudiens restent enthousiasmés par le tournoi.
Wejdan al-Shammary, qui a grandi en pratiquant du sport à l'école, explique que, si elle avait eu quelques années de moins, elle aurait essayé d’intégrer une équipe sur le champ.
«J'ai joué au basket et au football au lycée. J'étais une passionnée de sport, et cela me rend heureuse de savoir que, même s'il est trop tard pour moi, il y a maintenant une chance pour les jeunes Saoudiennes de réaliser ce rêve», ajoute-t-elle.
Najla Ahmed, une jeune fille de 16 ans qui vit à Riyad et joue dans l'équipe de football de son école, raconte qu'elle essaiera d’intégrer une équipe locale en 2021.
«J'aurai 17 ans, je serai donc éligible, et j'aimerais bien voir qui pourra m’en empêcher!», ajoute-t-elle.
Wejdan al-Shammary et Najla Ahmed espèrent que ce n’est que le début et que davantage de sports seront ouverts aux femmes.
«Le football n'est que le début. J'adorerais aussi que l'on se concentre davantage sur d'autres sports. Le basket-ball, le tennis, peut-être même la natation», explique Wejdan Al-Shammary. «Je suis sûre que nous avons parmi nous beaucoup de championnes potentielles qui ont juste besoin de développer leurs talents.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com